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Serena Manderly
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![[FB] Blancs et noirs linceuls SCrUE](https://s13.gifyu.com/images/SCrUE.gif)
Âge du Personnage : 28 ans
Messages : 200
Dragons d'Or : 234
Blancs et noirs linceuls
@Amarillys Cerwyn et Serena Manderly
Début de l’année 131
Ils étaient partis.Disparus, emportés par le vent.
Tout en repliant le vêtement, Serena le lissait de la pointe de ses doigts. Ses phalanges glissaient sur les coutures, sur les reliefs. Sur les broderies aussi. Un ours dressé sur ses deux pattes d’un côté, un triton de l’autre. Des vêtements qui ne seraient plus jamais portés, jamais plus admirés. Le dernier vestige d’une robe de mariage, l’une des plus belles qu’elle avait pu voir. Elle n’avait pas pu lui dire au revoir. Ni à elle, ni à Medrick. D’eux, il ne restait plus que ces tissus qu’elle ne pouvait plus voir et qu’elle s’évertuait à ranger elle-même, pourtant. Cette coiffe ornée de pommes de pin, c’était celle que l’Ourse portait alors que Serena s’apprêtait à lui présenter son fiancé, sous prétexte d’obtenir son avis à son sujet. Ces gants en peau d’ours polaire, oh, elle s’en souvenait comme si c’était hier ! Il s’agissait d’un présent que la Sirène lui avait offert, pour célébrer le jour de sa naissance.
Des souvenirs, rien que des souvenirs. Sans oublier ce creux qui se glissait jusque dans ses entrailles. Cette impression étrange que cela aurait pu être elle, sous cette plaque de marbre froide, si froide. Qu’elle n’avait fait que mener sa belle-sœur à la tombe. Que ces vêtements qu’elle rangeait avec tant de soin auraient du être les siens. Elle qui n’avait jamais désiré siéger à la tête de Blancport se retrouvait malgré tout à suivre cette voie. Un port d’eau et de glace, un cœur en miettes, un enfant qui ne serait jamais. Tristes, tristes temps…
« Ma dame, votre mère a été installée comme vous le souhaitiez. Dois-je lui demander de patienter ? »
Serena secoua doucement la tête, rangeant les gants et la coiffe dans le coffre qui se trouvait devant elle avait de le refermer. Elle esquissa un pauvre sourire, tenta de recomposer un masque digne de ce nom. Elle n’était plus une lady parmi d’autres, dans cette demeure désormais bien trop vaste. Elle était la Dame, la Sirène, Celle qui devait guider leur maisonnée de sa voix. A défaut de sceptre, c’était un trident qu’on avait remis entre ses mains. Un trident trop lourd, bien trop lourd, mais qu’elle devait désormais manier. Et tout ça sans même un adieu. Comme si les Anciens avaient voulu remettre les choses à leur juste place de la pire des manières.
« … Tu peux disposer. annonça finalement Serena. Je m’en vais répondre à mes plus stricts devoirs. »
La servante s’inclina plus bas que la née Cerwyn n’aurait pu l’imaginer. Ensuite, elle s’éloigna, la laissant seule une dernière fois avec ses spectres. Alors, Serena souffla. Une fois. Deux fois. Trois fois. Elle avait réclamé la présence de sa mère de tous ses vœux, comme une enfant apeurée. Et à présent qu’elle était là, Serena hésitait. Jamais elle ne pourrait arriver à la hauteur de cette si grande femme. Et pourtant, elle y avait été préparée à plus d’un titre. Le chagrin l’accablait, tant et si bien qu’on aurait dit que son masque aurait pu se fissurer à chaque instant. Un quatrième souffle lui échappa, glissant en dehors de ses lèvres.
Elle ne pouvait pas reculer. L’avait-elle seulement pu un jour ?
« Mère, je suis heureuse de vous savoir ici, bien que les circonstances ne s’y prêtent guère. »
Serena s’avança dans le petit salon, tendant les mains en direction de sa mère, à défaut de se sentir la force de la serrer contre elle. Si elle agissait ainsi, elle se briserait, la Sirène en avait la quasi-certitude. Une fêlure qu’elle cachait tant bien que mal depuis des jours, depuis leur retour. Pour éviter de propager la maladie, leurs défunts avaient été inhumés rapidement. Une messe serait célébrée prochainement, afin de leur rendre un dernier hommage. Officiellement, c’était pour cela que les Cerwyn avaient été invités.
Officieusement…
« Mère… Je... »
Une bile amère lui remontait dans la bouche, lui faisant monter les larmes aux yeux. Ses mains se resserrèrent doucement sur celles de sa mère. Medrick, son Ourse, son beau-père, son enfant, c’était déjà quatre morts de trop. Elle ne parvenait pas à le formuler, les perles qui se glissaient au coin de ses paupières étant la seule preuve du tumulte qui la secouait, qui menaçait de la faire ployer.
« Je suis navrée. »
Désolée de se montrer si indigne de sa nouvelle condition. Désolée de ne pas plus lui ressembler à elle, à cette mère qu’elle aimait tant. Désolée de ressentir tant de choses alors qu’on attendait d’elle qu’elle soit l’ancre de cette nouvelle famille, d’une ville tout entière, d’un fief plus grand encore. Malgré tous les sacrifices qu’elle était prête à faire pour Torrhen, celui-ci pesait si lourd dans la balance.
« Je n’ai jamais eu autant besoin de toi, Mère. souffla la Sirène. Ici, je suis la seule à ne pas être prête. »
En compagnie de Torrhen, tout avait été organisé, de la messe à la nouvelle organisation de leur maisonnée. Mais que dire d’elle ? Elle n’avait pas réellement trouvé le sommeil depuis plusieurs jours, taraudée aussi bien par la situation que par son état. Elle avait mal, si mal. Dans son coeur comme dans ses entrailles. Elle saignait encore, sans que cela puisse être du sang de lune. Tenir debout relevait du calvaire selon les circonstances. Le premier jour, elle s’était même évanouie, prétextant de vives émotions. Quant à la pâleur de son teint, elle l’expliquait de même. Par pudeur ou par respect, personne n’osait poser de questions. Mais une fois de plus, Serena ne parvenait pas à l’énoncer. Elle sondait le regard de sa mère, y cherchant un peu de force.
« Un, c’est entendable. Deux, cela peut encore être un accident. Trois, on peut parler parler de drame. Mais quatre ? C’est une tragédie... »
(c) DΛNDELION
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Mar 10 Sep 2024 - 1:01
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