A la Princesse

Baela Targaryen,

De Sang-Dragon vers Port-Réal, par bateau puis par messager via le Guet,

Mes chères filles,

Je vous écris ces mots le cœur lourd, après avoir été de nouveau contraint de fuir Port-Réal pour des raisons que je ne peux expliquer en détail dans cette missive. Si je m’y suis rendu, voilà quelques semaines, c’était justement pour vous dire ce que cette lettre ne fera ici qu’effleurer.

Sachez, en premier lieu, que je suis innocent des accusations portées contre moi, concernant la tragédie qui a frappé la reine Laena et sa famille. Jamais je n’aurais attenté à la vie de Laena, et vous comprendrez rapidement pourquoi. Que les Sept m’en soient témoins : je ne suis pas coupable d’un tel assassinat.

Il y a tant de choses que je souhaite vous dire, tant de vérités qui vous ont été cachées pendant bien trop longtemps. La couronne, sous l'influence de feu la reine Rhaenys, vous a menti sur vos origines et sur mon rôle dans vos vies. Jamais je n’ai désiré être séparé de vous. Rhaenys m'a écarté de vous au lendemain même de votre naissance, m'empêchant de vous connaître et de vous élever comme j'aurais dû le faire. Je sais que vous avez grandi en croyant que je vous avais abandonnées, que je n'étais qu'un père indigne. Rien n'est plus éloigné de la vérité.

Certainement vous demandez-vous pourquoi, si je dis vrai, je n’ai pas entrepris de vous écrire plus tôt. C’est que, les années passant, et la distance se creusant entre vous et moi, revenir frapper à la porte de vos destins, vous qui êtes désormais devenues des femmes, exigeait un courage d’une autre nature que celle qui conduit un homme à la guerre ; et qui me fit jusqu’alors cruellement défaut.

Vous êtes mes filles, nées de l'amour sincère que je portais à votre mère, et non les enfants d'une femme quelconque originaire d’Essos, comme on a pu vous le faire croire jusqu’à présent. Je vous en conjure, venez me retrouver sur l'île de Sang-Dragon. Là, je pourrai vous révéler toute la vérité sur votre naissance, sur les raisons de notre séparation, et sur l’odieux complot dont vous êtes encore les victimes. Vous méritez de connaître votre véritable héritage et la place qui est la vôtre dans notre famille. Le sang du dragon coule puissamment en vous.

Je sais que ces mots peuvent être difficiles à croire, mais je vous demande de me faire confiance. S’il demeure encore en vous une once d’amour pour ce père que, malgré moi, je n’ai jamais été pour vous : écoutez mon message et acceptez que l’on se voie. J'ai tant attendu ce moment ; celui où je pourrais enfin vous serrer dans mes bras et vous dire combien vous m'avez manqué toutes ces années. Venez à moi, mes filles. Laissez-moi vous raconter enfin notre histoire, celle que l'on a tenté d'effacer, en vain. Ensemble, nous pourrons enfin être la famille que nous aurions toujours dû être.

Avec mon amour et mon espoir,

Votre père,

Daemon Targaryen
Feu et Sang.