Le Père et la Mère
Dans leurs racines, les enfants puisent leur force.
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Avis de tempête
Annale n°2 - An 132 / Lune 3
La tempête ne s'incline pas devant le chêne
La cité de Braavos
Les eaux sombres de la lagune de Braavos s'agitaient doucement, reflétant un ciel gris et menaçant. Depuis plusieurs jours, les habitants de la cité libre avaient remarqué des signes inquiétants. Les pêcheurs, habitués à lire les humeurs de la mer, avaient observé des vagues inhabituellement hautes au large. Les oiseaux marins, d'ordinaire si nombreux à survoler les canaux, s'étaient faits rares, comme s'ils avaient fui un danger imminent. Dans les tavernes et sur les places de marché, les rumeurs allaient bon train. On murmurait que les vents chauds du sud, porteurs de l'humidité de la mer d'Été, s'apprêtaient à rencontrer les bourrasques glaciales descendues des terres gelées du nord d'Essos. Cette collision des éléments promettait un déchaînement de fureur rarement vu dans la cité des brumes. Malgré ces avertissements, peu nombreux furent ceux qui prirent réellement la mesure de la catastrophe à venir. La vie continuait son cours dans les rues et les canaux de Braavos. Les marchands vantaient leurs marchandises, les courtisanes attiraient les regards, et les bateliers transportaient leurs passagers d'une île à l'autre.Ce fut au crépuscule que tout bascula. Le vent se leva brusquement, mugissant entre les bâtiments de pierre et de bois. Les premières bourrasques balayèrent les rues, faisant claquer les volets et renversant les étals des marchands. En quelques instants, le ciel s'assombrit davantage, comme si la nuit était tombée en plein jour. La mer se déchaîna, poussée par des vents d'une violence inouïe. Les vagues s'écrasaient contre les quais, projetant des gerbes d'écume qui s'élevaient plus haut que les toits des maisons. Les navires amarrés dans le port étaient secoués comme des jouets, leurs cordages gémissant sous la tension. La pluie se mit à tomber, d'abord en fines gouttelettes, puis en trombes d'eau qui noyaient les rues et les places. Les canaux débordèrent rapidement, inondant les rez-de-chaussée des maisons et des boutiques. Les habitants, pris au dépourvu par la soudaineté et la violence de la tempête, se précipitèrent pour trouver refuge.
Le Titan de Braavos, cette immense statue qui gardait l'entrée du port, semblait lui-même vaciller sous les assauts du vent. Ses yeux de feu, habituellement si rassurants pour les marins, clignotaient de manière erratique, comme si la tempête menaçait d'éteindre leur flamme.
Dans les quartiers populaires, proches du port, la situation devint rapidement critique. Les maisons de bois, moins solides que les palais de pierre des riches marchands, tremblaient sur leurs fondations. Certaines s'effondrèrent, emportées par les flots déchaînés qui envahissaient les ruelles étroites.
Les gardes de la cité, vêtus de leurs armures caractéristiques, luttaient pour maintenir l'ordre et porter secours aux plus vulnérables. Ils formaient des chaînes humaines pour évacuer les zones les plus menacées, guidant les habitants terrorisés vers des refuges en hauteur.
Au cœur de la cité, le palais du Seigneur de la Mer résistait vaillamment à la fureur des éléments. Ses murs épais et ses contreforts massifs avaient été conçus pour supporter les pires tempêtes. À l'intérieur, le conseil des magistrats s'était réuni en urgence, tentant de coordonner les efforts pour faire face à la catastrophe.
Les prêtreses Chantelunes avaient ouvert les portes de leur sanctuaire, accueillant ceux qui cherchaient refuge et réconfort. Leurs prières s'élevaient, à peine audibles au milieu du vacarme de la tempête, implorant la clémence des dieux. Dans la Maison du Noir et du Blanc, les Sans-Visage observaient silencieusement le chaos qui régnait dehors. Leur demeure, comme toujours, restait un havre de paix et de silence au milieu de la tourmente.
À mesure que la nuit avançait, la tempête ne montrait aucun signe d'apaisement. Au contraire, elle semblait gagner en intensité. Les vents hurlants charriaient des débris arrachés aux toits et aux façades, transformant les rues en véritables champs de bataille.
L'eau montait inexorablement dans les parties basses de la ville. Des barques et des radeaux de fortune naviguaient là où, quelques heures plus tôt, on marchait encore. Les habitants des étages supérieurs regardaient, impuissants, leur cité bien-aimée disparaître peu à peu sous les flots.
Les ponts qui reliaient les îles de Braavos gémissaient sous la pression de l'eau et du vent. Certains cédèrent, emportés par la furie des éléments, isolant des quartiers entiers. La cité aux cent îles se fragmentait, chaque morceau de terre devenant un îlot de survie au milieu du chaos.
Dans le port, la situation était apocalyptique. Les navires, même imposants, étaient jetés les uns contre les autres comme des bouchons de liège. Les coques se brisaient, les mâts se fracassaient, et les cargaisons précieuses sombraient dans les eaux tumultueuses. Des marins désespérés luttaient pour leur vie, s'accrochant à tout ce qui pouvait flotter. Les canaux, jadis artères vitales de la cité, étaient devenus des torrents furieux. Les célèbres gondoles de Braavos, habituellement si gracieuses, avaient disparu, emportées par le courant ou coulées par la violence des flots.
Au-dessus de la ville, le ciel était zébré d'éclairs qui illuminaient brièvement la scène de désolation. Le tonnerre grondait, ajoutant sa voix au concert assourdissant de la tempête. Malgré l'obscurité et le chaos, des actes de bravoure et de solidarité émergeaient. Des voisins s'entraidaient pour consolider leurs demeures, des inconnus se tendaient la main pour se hisser hors des eaux en furie. L'esprit de survie des Braavosi, forgé par des siècles d'adversité, se manifestait dans toute sa force.
Les heures passaient, interminables, et la tempête ne faiblissait pas. À l'aube, lorsque les premières lueurs du jour percèrent timidement les nuages, elles révélèrent l'étendue des dégâts. Braavos avait subi de nombreux dégâts. Les rues étaient jonchées de débris, les canaux obstrués par les épaves des navires et les décombres des bâtiments effondrés.
Le Titan, bien que toujours debout, portait les stigmates de la fureur des éléments.
Alors que la tempête continuait de souffler, montrant des premiers signes d'apaisement, les habitants de Braavos commençaient à prendre la mesure de la catastrophe. La reconstruction serait longue. Mais dans l'adversité, l'esprit indomptable des Braavosi brillait déjà. Ils avaient survécu à la nuit la plus sombre depuis l’assaut des mercenaires, et ensemble, les Braavosiens construiraient leur cité, plus forte et plus résiliente que jamais.
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Mar 1 Oct 2024 - 21:06
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