Alors que l'assassinat de la défunte reine Laena Targaryen et de ses héritiers était encore gravé dans toutes les mémoires, Port-Réal connut une période de transformation significative. La faction légitimiste, surnommée Rouge en référence à la couleur du dragon emblématique de la dynastie, décida de faire avancer ses premiers pions sur l'échiquier politique de la capitale des Sept Couronnes.

Les règnes de Jaehaerys I et de Rhaenys Ier avaient apporté une paix durable, entraînant une prospérité sans précédent pour Port-Réal. Cette ère de stabilité avait cependant eu pour conséquence une extension majeure de la cité, accompagnée d'une surpopulation croissante. Si l'éradication totale de la corruption semblait être un objectif utopique, il devint rapidement évident qu'il était crucial de chercher à l'endiguer.

C'est dans ce contexte tumultueux que Gerold Dondarrion fut nommé capitaine du Guet. Soutenu par le conseil restreint et le maître des chuchoteurs, il entreprit une restructuration ambitieuse de ses hommes, gardiens de la sécurité de la capitale. La tâche s'annonçait ardue, car œuvrer dans un milieu aussi complexe qu’un nid de vipères ne fut jamais chose aisée. Dondarrion commença par une purge en douceur, éliminant d'abord les éléments manifestement corrompus. Il s'attaqua ensuite aux individus suspects et aux personnalités soupçonnées de félonie. Cette approche graduelle lui permit de consolider son autorité tout en évitant de créer trop de remous au sein de l'institution.

Les actions menées par le nouveau capitaine du Guet se caractérisèrent par leur rapidité et leur précision largement soutenus par les oisillons du maître des chuchoteurs. Cette efficacité permit une réforme en profondeur qui rendit le Guet nettement plus performant. La réputation des manteaux d'or s'en trouva renforcée, ce qui contribua à consolider l'autorité royale dans une capitale extrêmement divisée. Au fil des jours, les habitants de Port-Réal commencèrent à ressentir les effets de ces changements. Les rues devinrent plus sûres, les marchés plus ordonnés, et même les quartiers les plus mal famés semblèrent connaître une accalmie. Cette amélioration, bien que temporaire, fut accueillie avec soulagement par une population longtemps habituée à vivre dans la crainte.

Cependant, nul n'était dupe. Si la capitale paraissait et était effectivement plus sûre pour un temps, chacun savait que les ennemis de la couronne ne tarderaient pas à trouver de nouvelles failles à exploiter. La nature même de Port-Réal, avec ses intrigues incessantes et ses jeux de pouvoir, rendait toute paix fragile et éphémère. Mais, et non des moindres, dans un monde où l'Étranger pouvait frapper de manière inopinée, cette période de répit représentait un signe important pour Jaegar Targaryen, premier du nom. Le jeune roi, confronté à de nombreux défis dès son accession au trône, pouvait enfin respirer un peu plus librement.

Au sein même de Port-Réal, les différentes factions politiques se trouvèrent contraintes de s'adapter à cette nouvelle donne. Les espions et les informateurs, si cruciaux dans le jeu des trônes, durent redoubler de prudence. Les tavernes et les bordels, longtemps considérés comme des havres sûrs pour les conspirateurs, virent leur fréquentation commençaient à diminuer alors que la peur des raids du Guet se répandait.

Le petit peuple, quant à lui, accueillit ces changements avec un mélange de soulagement et de méfiance. Si beaucoup se réjouissaient de pouvoir enfin dormir plus tranquillement la nuit, d'autres craignaient que cette nouvelle ère de contrôle ne soit qu'un prélude à une répression plus large. Dans les tavernes et sur les marchés, on murmurait que le véritable objectif de cette réforme n'était pas tant d'assurer la sécurité des citoyens que de renforcer l'emprise du pouvoir royal sur chaque aspect de la vie quotidienne. Certains allèrent même jusqu'à suggérer que Gerold Dondarrion n'était qu'un pion dans un jeu bien plus vaste, orchestré par des forces obscures au sein même de la cour. Les guildes, elles aussi, durent s'adapter à ce nouvel environnement. Certaines, longtemps habituées à opérer dans une zone grise entre légalité et criminalité, se trouvèrent soudain sous le feu des torches. Les plus habiles parvinrent à se réinventer, trouvant de nouvelles façons de prospérer dans ce contexte plus strict. D'autres, moins flexibles, virent leur influence commencer à décliner... voir s'effrondrer.

Le conseil restreint, réuni plus fréquemment qu'à l'accoutumée, débattait des prochaines étapes à suivre. Certains conseillers plaidaient pour une extension des réformes à d'autres institutions de la capitale, tandis que d'autres mettaient en garde contre le risque de provoquer une réaction violente de la part des factions mécontentes. Au milieu de ces débats, la figure du maître des chuchoteurs se détachait.

Pour Jaegar Targaryen, ces premiers mois de règne sous régence constituaient une expérimentation cruciale. La manière dont il naviguerait dans ces eaux troubles déterminerait non seulement son avenir personnel, mais aussi celui de sa dynastie et du royaume tout entier.

Ainsi, alors que le Printemps s'installait sur Westeros, Port-Réal se préparait à affronter les défis à venir, forte d'une sécurité renforcée mais consciente que dans le jeu des trônes, rien n'était jamais acquis. L'ombre de l'assassinat de la reine Laena planait toujours, rappelant à tous que même dans les périodes les plus calmes, le danger n'était jamais loin.