Ce fut par un crépuscule gris et solennel que s'ouvrit la cérémonie de commémoration de la faction verte des Targaryen à Peyredragon. Les bannières noires et rouges de la maison Targaryen claquaient doucement dans la brise marine, tandis que les premiers rayons du soleil venaient caresser les pierres anciennes de la forteresse ancestrale.

Le Grand Mestre Munkun, dans sa fonction de régent, fit le voyage depuis Port-Réal à dos de navire, accompagné d'une suite de mestres et de dignitaires. Son arrivée dans la baie de Peyredragon fut saluée par le son grave des cors de brume, leur mélodie mélancolique se répercutant contre les falaises escarpées de l'île.

La grande salle du Tambour de Pierre accueillit l'assemblée. Les murs, ornés de tapisseries représentant l'histoire de la maison Targaryen, semblaient observer en silence le rassemblement des nobles venus honorer la mémoire de leurs défunts. Les bougies de cire noire projetaient leurs ombres dansantes sur les visages graves des participants.

Le Grand Mestre Munkun, revêtu de sa chaîne aux multiples métaux, présida la cérémonie avec la dignité que requérait son rang au côté d’Aegon II Targaryen et d’Alicent Hightower. La commémoration rappela la grâce, le courage et la dévotion de Laena envers sa maison, qualités qui avaient fait d'elle une figure respectée du royaume.

Puis vint l'hommage à son fils, Aegor Ier, dont le règne jamais n’advint mais qui avait laissé une empreinte indélébile dans l'histoire des Sept Couronnes. Ce fut finalement lui, dont l’assemblée s'enquérit le plus, mettant en valeur sa défense de Peyredragon et du Royaume malgré son jeune âge. La mention d'Ellyn Baratheon provoqua un murmure dans l'assistance. Son nom fut prononcé avec révérence, sa loyauté envers la couronne et son sacrifice ultime furent célébrés comme il se devait.

Durant toute la cérémonie, les dragons de pierre qui gardaient la forteresse semblèrent veiller sur l'assemblée. Aucune ombre menaçante ne vint troubler ce moment de recueillement, comme si les dieux eux-mêmes avaient décidé d'accorder leur bénédiction à cette journée de deuil et de mémoire. Pourtant dans les murmures des banquets, de premières fragrances de réponses furent recueillies par les oreilles les plus attentives.

Finalement, la dignité avait été au firmament durant ces célébrations et pour la première fois peut-être, Aegon II gagnait une réelle stature en tant qu’héritier des Sept Couronnes. Sera-t-il cependant conserver cet atout ?

L’interrogation ne tarderait pas à trouver réponse.

Dans les tours de Port-Réal, où les étendards rouges des Targaryen flottaient fièrement, Jaegar Targaryen orchestra une initiative qui marqua les esprits de tous. Les plumes grattèrent le parchemin jour et nuit dans la tour du Grand Mestre, tandis que les serviteurs de la faction rouge préparaient ce qui allait devenir l'une des plus grandes convocations de l'histoire des Sept Couronnes.

Les missives, rédigées avec une encre sombre et scellées du dragon tricéphale des Targaryen, furent envoyées aux quatre coins du monde connu. Des rivages glacés du Nord aux confins des marches orangeoises, des côtes tempétueuses des îles de Fer au palais de Sang-Dragon, aucune maison noble ne fut oubliée.

Le message était clair et solennel : Port-Réal ouvrait ses portes pour les funérailles de la reine Laena Targaryen et des victimes de l'attentat de Sombreval.  La volière royale connut une activité sans précédent. Des centaines de corbeaux s'envolèrent dans le ciel de Port-Réal, leurs ailes noires portant le message de deuil aux confins des terres connues. Les maîtres des corbeaux travaillèrent sans relâche, veillant à ce que chaque oiseau atteigne sa destination.

Dans les rues de la capitale, les préparatifs commencèrent aussitôt. Les artisans furent réquisitionnés pour préparer le Septuaire principale, où devait se tenir la cérémonie. Des draperies noires et rouges furent suspendues aux murs de la ville, transformant Port-Réal en un monument de deuil. Les auberges reçurent l'ordre de se préparer à accueillir la plus grande assemblée de nobles que la capitale ait vue depuis longtemps. Les marchands de tissus furent submergés de commandes pour des vêtements de deuil, tandis que les forgerons travaillaient jour et nuit pour créer des ornements commémoratifs.

Le conseil de régence, depuis le Donjon Rouge, supervisait personnellement les préparatifs. Le couronnement de Jaegar Targaryen ne tarderait probablement plus également.  

Port-Réal se préparait à devenir le théâtre d'un moment historique, où les divisions du passé devraient s'effacer devant l'ampleur du deuil commun. Du moins était-ce le songe auquel les plus pacifistes voulaient croire alors même que les zéphyrs d’autres épreuves ne tarderaient pas à se faire entendre.