Hemys Celtigar
-
Âge du Personnage : 25 ans
Messages : 258
Dragons d'Or : 1708
Danse macabre
@Gerold Dondarrion et Hemys Celtigar
An 132, lune 2
« Elle est vivante. »
Toujours ces trois mêmes mots murmurés à sa vue. Des mots chuchotés avec une pointe d’espoir, un soupçon de crainte aussi. Une poignée de syllabes qui lui donnait presque la nausée. A moins que cela ne soit les remèdes dont elle était abreuvée qui pesaient sur son estomac ? Vivante pour ce qui était de son corps uniquement, voilà la triste vérité. Gisante sur une couche de fortune, puis dans ce lit, comme une poupée désarticulée, brisée, durant des jours et des nuits. Comme une statue de marbre oubliée par son créateur à son triste sort. Son âme voletait à droite, à gauche, comme restée emprisonnée à Sombreval. Si ses yeux étaient ouverts, elle ne voyait pas, ne regardait pas. Et quant à sa voix, la Celtigar préférait encore la garder prisonnière au fond de sa gorge, tant elle la savait rêche de sanglots.
Ils n’étaient plus mais elle, elle vivait.
Cruel coup du sort car rien, pas même son intervention, n’avait pu les sauver. N’avait pu la sauver elle. Maegelle était partie. Maegelle était morte. Hemys ne voulait même pas imaginer dans quelles circonstances. Dans son malheur, elle avait eu la chance de sombrer dans les abysses de son propre esprit avant de pouvoir en avoir connaissance, lui semblait-il. Elle se souvenait pourtant. Elle se souvenait de cette odeur étrange. Des rires qu’ils échangeaient encore quelques instants auparavant. Puis, tout s’était embrassé dans un sifflement furieux. L’espace d’un instant, la jeune femme avait même pensé qu’un dragon s’était courroucé.
Peut-être aurait-elle préféré.
Elle toussa plus qu’elle ne respira, son regard quittant la fenêtre qu’elle faisait mine de regarder pour se tourner vers la porte. Quelques personnes prenaient la peine de lui rendre visite et avaient la bonté d’âme de lui offrir toujours le même regard. Son Altesse Baela, sa Majesté Jaegar… Sa Majesté. Le pauvre petit portait encore une couronne bien trop lourde pour lui. Comme Hemys aurait aimé avoir ses sœurs à ses côtés. Un jour prochain, peut-être. La nouvelle de son réveil était encore récente et son état avait été tellement instable que le Mestre avait enjoint les siens à ne pas entreprendre de déplacements hâtifs.
« Car j’aurais dû mourir... » souffla la dame aux cheveux d’argent.
Son corps la faisait encore bien souffrir. Son bras, cassé en deux endroits et encore incandescent, ne lui laissait pas de répit. Ses poumons étaient encore douloureux, aussi bien du choc, que des fumées qu’elle avait pu respirer. Tout son corps tremblait encore de ce souffle, de ces flammes, qui avaient tout emporté sur leur passage. Le moindre pas lui donnait l’impression de voir le sol s’évader de sous ses pieds. Aussi restait-elle tantôt couchée, tantôt assise.
Mais pas aujourd’hui. Un autre visage familier lui avait rendu visite, portant avec elle un plateau de modestes victuailles emprunté au Mestre ou à une servante. Jocelyn. Elle lui avait souri en déposant le plateau à côté d’elle, lui intimant de manger. Il y a peu, la Celtigar avait appris que son père avait été nommé à la tête des Manteaux d’Or. Aussi, sa camarade d’enfance faisait ses premiers pas à la cour dans un climat des plus agités. La laissant parler pour deux, Hemys avait fait en sorte de se sustenter, ne s’arrêtant que lorsque le nom de Lord Gerold fut prononcé.
« Me… Me voir ? » chuchota Hemys.
L’Orageoise avait acquiescé avant de reprendre comme si de rien n’était. La jeune femme aux cheveux d’argent aurait du s’en douter. De nombreuses questions restaient sans réponses à la suite de la tragédie. Les survivants devaient se compter sur les doigts des deux mains, une seule peut-être. Elle devait s’y plier. Peut-être que cela lui permettrait de renouer avec ce qui lui restait de mémoire. Aussi, Hemys s’était levée et avait esquissé quelques pas, comme s’il s’agissait des premiers de son existence. Le monde tanguait autour d’elle. Même le navire de Phemyr ne bougeait pas tant ! Quitter sa robe de chambre, plus encore avec un bras cassé, était une réelle épreuve. Deux servantes durent offrir leur concours pour rendre la tâche possible. C’était donc avec un soulagement des plus visibles qu’Hemys avait trouvé refuge sur la chaise devant sa coiffeuse.
Sa chevelure arrangée, ses joues rougies d’un soupçon de vie des plus artificiels, Jocelyn lui laissa encore quelques minutes pour souffler. Puis, elles se mirent en route pour l’un des salons du palais, où la rencontre avait été arrangée. Hemys se laissait guider, manipuler comme un pantin dont les ficelles étaient décidément bien mal accrochées. On l’installa avec douceur dans un fauteuil bourré de coussins pour seul soutien avant de la laisser seule. Hemys mit à profit ces quelques instants de solitude pour rassembler ses pensées. Elle ne releva la tête que lorsque la porte s’ouvrit à nouveau.
« Se-Ser Don-Don-Dondar-Dondarrion. salua Hemys, avec la meilleure volonté du monde. J’au-J’aurais pré-préféré vous-vous-vous re-re-revoir en-en de-de-de mei-meilleures cir-cir-circonstances. »
La Celtigar esquissa un sourire presque fantomatique. Elle aurait aimé pouvoir le féliciter pour son nouveau poste, pour cette confiance que la famille royale avait placé en lui. Mais les mots persistaient à rester coincés dans sa gorge. Rien n’y faisait, elle ne pouvait que l’observer, attendant les questions qui ne manqueraient pas de fleurir.
Toujours ces trois mêmes mots murmurés à sa vue. Des mots chuchotés avec une pointe d’espoir, un soupçon de crainte aussi. Une poignée de syllabes qui lui donnait presque la nausée. A moins que cela ne soit les remèdes dont elle était abreuvée qui pesaient sur son estomac ? Vivante pour ce qui était de son corps uniquement, voilà la triste vérité. Gisante sur une couche de fortune, puis dans ce lit, comme une poupée désarticulée, brisée, durant des jours et des nuits. Comme une statue de marbre oubliée par son créateur à son triste sort. Son âme voletait à droite, à gauche, comme restée emprisonnée à Sombreval. Si ses yeux étaient ouverts, elle ne voyait pas, ne regardait pas. Et quant à sa voix, la Celtigar préférait encore la garder prisonnière au fond de sa gorge, tant elle la savait rêche de sanglots.
Ils n’étaient plus mais elle, elle vivait.
Cruel coup du sort car rien, pas même son intervention, n’avait pu les sauver. N’avait pu la sauver elle. Maegelle était partie. Maegelle était morte. Hemys ne voulait même pas imaginer dans quelles circonstances. Dans son malheur, elle avait eu la chance de sombrer dans les abysses de son propre esprit avant de pouvoir en avoir connaissance, lui semblait-il. Elle se souvenait pourtant. Elle se souvenait de cette odeur étrange. Des rires qu’ils échangeaient encore quelques instants auparavant. Puis, tout s’était embrassé dans un sifflement furieux. L’espace d’un instant, la jeune femme avait même pensé qu’un dragon s’était courroucé.
Peut-être aurait-elle préféré.
Elle toussa plus qu’elle ne respira, son regard quittant la fenêtre qu’elle faisait mine de regarder pour se tourner vers la porte. Quelques personnes prenaient la peine de lui rendre visite et avaient la bonté d’âme de lui offrir toujours le même regard. Son Altesse Baela, sa Majesté Jaegar… Sa Majesté. Le pauvre petit portait encore une couronne bien trop lourde pour lui. Comme Hemys aurait aimé avoir ses sœurs à ses côtés. Un jour prochain, peut-être. La nouvelle de son réveil était encore récente et son état avait été tellement instable que le Mestre avait enjoint les siens à ne pas entreprendre de déplacements hâtifs.
« Car j’aurais dû mourir... » souffla la dame aux cheveux d’argent.
Son corps la faisait encore bien souffrir. Son bras, cassé en deux endroits et encore incandescent, ne lui laissait pas de répit. Ses poumons étaient encore douloureux, aussi bien du choc, que des fumées qu’elle avait pu respirer. Tout son corps tremblait encore de ce souffle, de ces flammes, qui avaient tout emporté sur leur passage. Le moindre pas lui donnait l’impression de voir le sol s’évader de sous ses pieds. Aussi restait-elle tantôt couchée, tantôt assise.
Mais pas aujourd’hui. Un autre visage familier lui avait rendu visite, portant avec elle un plateau de modestes victuailles emprunté au Mestre ou à une servante. Jocelyn. Elle lui avait souri en déposant le plateau à côté d’elle, lui intimant de manger. Il y a peu, la Celtigar avait appris que son père avait été nommé à la tête des Manteaux d’Or. Aussi, sa camarade d’enfance faisait ses premiers pas à la cour dans un climat des plus agités. La laissant parler pour deux, Hemys avait fait en sorte de se sustenter, ne s’arrêtant que lorsque le nom de Lord Gerold fut prononcé.
« Me… Me voir ? » chuchota Hemys.
L’Orageoise avait acquiescé avant de reprendre comme si de rien n’était. La jeune femme aux cheveux d’argent aurait du s’en douter. De nombreuses questions restaient sans réponses à la suite de la tragédie. Les survivants devaient se compter sur les doigts des deux mains, une seule peut-être. Elle devait s’y plier. Peut-être que cela lui permettrait de renouer avec ce qui lui restait de mémoire. Aussi, Hemys s’était levée et avait esquissé quelques pas, comme s’il s’agissait des premiers de son existence. Le monde tanguait autour d’elle. Même le navire de Phemyr ne bougeait pas tant ! Quitter sa robe de chambre, plus encore avec un bras cassé, était une réelle épreuve. Deux servantes durent offrir leur concours pour rendre la tâche possible. C’était donc avec un soulagement des plus visibles qu’Hemys avait trouvé refuge sur la chaise devant sa coiffeuse.
Sa chevelure arrangée, ses joues rougies d’un soupçon de vie des plus artificiels, Jocelyn lui laissa encore quelques minutes pour souffler. Puis, elles se mirent en route pour l’un des salons du palais, où la rencontre avait été arrangée. Hemys se laissait guider, manipuler comme un pantin dont les ficelles étaient décidément bien mal accrochées. On l’installa avec douceur dans un fauteuil bourré de coussins pour seul soutien avant de la laisser seule. Hemys mit à profit ces quelques instants de solitude pour rassembler ses pensées. Elle ne releva la tête que lorsque la porte s’ouvrit à nouveau.
« Se-Ser Don-Don-Dondar-Dondarrion. salua Hemys, avec la meilleure volonté du monde. J’au-J’aurais pré-préféré vous-vous-vous re-re-revoir en-en de-de-de mei-meilleures cir-cir-circonstances. »
La Celtigar esquissa un sourire presque fantomatique. Elle aurait aimé pouvoir le féliciter pour son nouveau poste, pour cette confiance que la famille royale avait placé en lui. Mais les mots persistaient à rester coincés dans sa gorge. Rien n’y faisait, elle ne pouvait que l’observer, attendant les questions qui ne manqueraient pas de fleurir.
(c) DΛNDELION
Lun 30 Sep 2024 - 21:34
Gerold Dondarrion
-
Âge du Personnage : 56 ans
Messages : 162
Dragons d'Or : 880
Danse macabre
Oh petite chose fragile et friable. Je regardais passé un couple de charmantes colombes à travers les fenêtres du Donjon Rouge, je m’arrêtais un instant espérant apercevoir les deux oiseaux à nouveau mais seul le vent me répondit. Je décidais alors de reprendre ma marche. Tout habillé d’or, ma grande cape dans le dos, mon casque sous le bras et mon épée à la ceinture je faisais claquer mon armure à chaque marche que j’empruntais. Un escalier, deux escaliers, trois escaliers, quelques couloirs, encore des escaliers, une grande pièce, un couloir fin, un petit escalier et enfin un salon charmant et une odeur de fleurs. Dans un fauteuil rembourré de toutes sortes de coussins aux couleurs hétéroclites, la jeune Hemys Celtigar essayait, semblait-il de trouver quelque moment de paix à son malheur. Jocelyn et elle avait repris le contact depuis peu et elles s’étaient un peu connu durant l’enfance. Je regrettais de l’avoir fait ainsi déplacer, elle paraissait tellement fatigué, tellement détruite.
Je posais mon casque sur un meuble et avec toute la douceur dont un père est capable, je prenais un fauteuil en face de cette charmante enfant, avec toute la tendresse du monde dans mon regard. Pauvre enfant ! Nous aurions très bien pu faire cela dans ses appartements ! “Oh chère petite ! Par les Sept qui a choisi cet endroit pour notre rencontre ! J’aurais aisément pu venir à votre chevet. Allons, allons, ne vous excusez pas, les circonstances sont ce qu’elles sont, nous ne pouvons rien y faire.” Elle avait l’air si épuisée. Je me rappelais de son bégaiement, à l’époque ça ne m’avait pas autant interpelé que ça, surement encore habitué aux tares de l’enfance capricieuse et difficile de Borros Baratheon, j’avais quasiment oublié que cette jeune femme connaissais elle aussi un fardeau quotidien. Mais le destin lui avait souri plus récemment. “Sachez que nous sommes tous très heureux que vous soyez encore parmis nous aujourd’hui ! Vos sœurs doivent être si soulagées, votre frère, lord Celtigar aussi ! Vous avez toute la sympathie de la maison Dondarrion avec vous.” J’y repensais, comme une idée fixe, j’aurais aimé lui transmettre l’amitié et la solidarité de l’Orage au nom de Lord Baratheon, mais cet idiot en m’interdisant de parler en son nom ne me bloquait pas qu’auprès du Roi mais aussi auprès de cette jeune femme qui pourtant avait partagé le quotidien de la famille royale et certainement de sa propre fille. Voilà, un sacré coup du sort, imbécile ! J’étais incapable de transmettre ton soutiens à l’une des rares survivantes de cette terrible tragédie. Je me rassurais avec un sourire et une idée pire encore, aussi égoïste qu’il était Borros n’en n’avait surement rien à faire de cette jeune femme. Il n’y avait que lui et son deuil.
Je cherchais à comprendre, à percer les expressions de la convalescente. Je voyais le rouge sur ses joues, maquillage bien fade qui ne cachait pas la pâleur de sa peau, ses cernes, sa fatigue et ce sourire en coin était incapable de dissimuler la lassitude. “Vous vous remettez rapidement ? Les mestres sont bon ? Je n’ai pas encore pu avoir affaire à ceux de Port-Réal, fort heureusement pour moi.” Je notais une pause gênée pendant quelques instants, n’osant pas aller au coeur du sujet que je souhaitais aborder. Hemys Celtigar avait survécu à l’attentat de Sombreval et je voulais à travers de bribes de mémoire m’essayer à trouver n’importe quel élément que nous aurions pu rapporter au Conseil Restreint, où même au Maître des Chuchoteurs si la chose était importante. Mais j’avais assez peu d’espoir. Il est vrai que normalement cette tâche ne me serait pas revenue, interroger cette enfant sur les événements qui avaient coûté la vie à notre Reine, ce n’était pas dans les prérogatives du Lord Commandant du Guet, je devais questionner les brigands et les rebelles là dessus. Mais comme Hemys s’entendait si bien avec Jocelyn… Je ne souhaitais pas l’accabler d’un long questionnaire avec quelque inconnu un peu rude.
Si je pouvais aider un peu cette pauvre enfant, je ferais tout mon possible. “Bon, j’aurais peut-être des petites questions, si ça te va ?” Le tutoiement était venu assez naturellement, comme si elle était resté la petite fille que Jocelyn m'avait présenté, toute fière. J’avais l’air d’être l’homme le plus embarrassé de Port-Réal, mes doigts se tortillaient entre eux et j’avais du mal à poser mon regard quelque part.
Je posais mon casque sur un meuble et avec toute la douceur dont un père est capable, je prenais un fauteuil en face de cette charmante enfant, avec toute la tendresse du monde dans mon regard. Pauvre enfant ! Nous aurions très bien pu faire cela dans ses appartements ! “Oh chère petite ! Par les Sept qui a choisi cet endroit pour notre rencontre ! J’aurais aisément pu venir à votre chevet. Allons, allons, ne vous excusez pas, les circonstances sont ce qu’elles sont, nous ne pouvons rien y faire.” Elle avait l’air si épuisée. Je me rappelais de son bégaiement, à l’époque ça ne m’avait pas autant interpelé que ça, surement encore habitué aux tares de l’enfance capricieuse et difficile de Borros Baratheon, j’avais quasiment oublié que cette jeune femme connaissais elle aussi un fardeau quotidien. Mais le destin lui avait souri plus récemment. “Sachez que nous sommes tous très heureux que vous soyez encore parmis nous aujourd’hui ! Vos sœurs doivent être si soulagées, votre frère, lord Celtigar aussi ! Vous avez toute la sympathie de la maison Dondarrion avec vous.” J’y repensais, comme une idée fixe, j’aurais aimé lui transmettre l’amitié et la solidarité de l’Orage au nom de Lord Baratheon, mais cet idiot en m’interdisant de parler en son nom ne me bloquait pas qu’auprès du Roi mais aussi auprès de cette jeune femme qui pourtant avait partagé le quotidien de la famille royale et certainement de sa propre fille. Voilà, un sacré coup du sort, imbécile ! J’étais incapable de transmettre ton soutiens à l’une des rares survivantes de cette terrible tragédie. Je me rassurais avec un sourire et une idée pire encore, aussi égoïste qu’il était Borros n’en n’avait surement rien à faire de cette jeune femme. Il n’y avait que lui et son deuil.
Je cherchais à comprendre, à percer les expressions de la convalescente. Je voyais le rouge sur ses joues, maquillage bien fade qui ne cachait pas la pâleur de sa peau, ses cernes, sa fatigue et ce sourire en coin était incapable de dissimuler la lassitude. “Vous vous remettez rapidement ? Les mestres sont bon ? Je n’ai pas encore pu avoir affaire à ceux de Port-Réal, fort heureusement pour moi.” Je notais une pause gênée pendant quelques instants, n’osant pas aller au coeur du sujet que je souhaitais aborder. Hemys Celtigar avait survécu à l’attentat de Sombreval et je voulais à travers de bribes de mémoire m’essayer à trouver n’importe quel élément que nous aurions pu rapporter au Conseil Restreint, où même au Maître des Chuchoteurs si la chose était importante. Mais j’avais assez peu d’espoir. Il est vrai que normalement cette tâche ne me serait pas revenue, interroger cette enfant sur les événements qui avaient coûté la vie à notre Reine, ce n’était pas dans les prérogatives du Lord Commandant du Guet, je devais questionner les brigands et les rebelles là dessus. Mais comme Hemys s’entendait si bien avec Jocelyn… Je ne souhaitais pas l’accabler d’un long questionnaire avec quelque inconnu un peu rude.
Si je pouvais aider un peu cette pauvre enfant, je ferais tout mon possible. “Bon, j’aurais peut-être des petites questions, si ça te va ?” Le tutoiement était venu assez naturellement, comme si elle était resté la petite fille que Jocelyn m'avait présenté, toute fière. J’avais l’air d’être l’homme le plus embarrassé de Port-Réal, mes doigts se tortillaient entre eux et j’avais du mal à poser mon regard quelque part.
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Jeu 10 Oct 2024 - 22:50
Hemys Celtigar
-
Âge du Personnage : 25 ans
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Danse macabre
@Gerold Dondarrion et Hemys Celtigar
An 132, lune 2
Le Mestre voulait qu’elle marche, qu’elle sorte, qu’elle reprenne de vraies couleurs. Comme si elle avait la tête à tout ça. Les seules teintes dont elle se souvenait, c’était le jaune et le vert qui avaient embrasé Sombreval ou la couleur rougeâtre que son bras avait pris. C’était sans doute pour la contraindre à quelques mouvements qu’il avait été décidé de venir jusqu’ici. Ce Mestre aurait sa peau, à moins que cela ne soit le contraire... A moins qu’il n’ait pas été acceptable qu’un homme rende visite à une femme célibataire dans son boudoir, dans son mouroir plutôt ? Cette pensée suffit à rendre acide jusqu’à la salive dans sa bouche.
Ce goût des plus désagréables se dissipa en partie, alors que la sympathie et la douceur de Lord Dondarrion lui parvenait. Les larmes lui montèrent aux yeux, insidieuses, elle qui n’avait eu que le silence pour lui tenir compagnie des jours durant. Qui n’avait eu droit qu’à d’immenses précautions lorsqu’on prenait la peine de s’adresser à elle. Fragile, Hemys l’était au moins autant qu’une statue de sel. Pour la première fois depuis longtemps, elle ne le feignait même pas. Fragile, perméable à ces mots qui l’atteignaient réellement jusqu’au cœur. Elle qui n’avait point de famille vers qui se tourner pour le moment, son âme ne pouvait que s’abreuver de ces sentiments qu’elle avait tant recherché. Oui, elle espérait que de bonnes nouvelles avaient été transmises à son frère et ses sœurs. Elle ne rêvait que d’une chose, rentrer chez elle et ne plus jamais quitter Pince-Isle, tant la crainte qu’on cherche à finir le travail sur elle et les autres survivants était forte.
« Mer-mer-merci… » bredouilla Hemys, aussi bien pour ces mots que pour ces bons sentiments.
Les Mestres étaient sans aucun doute surpris de sa résistance. Pour cela, la Celtigar ne pouvait guère leur en vouloir. Elle-même se demandait par quel miracle elle avait pu retrouver conscience. En ouvrant les yeux, elle avait déjà comblé toutes leurs espérances sans doute, qu’importe que son existence se soit prolongée de quelques heures plutôt que de plusieurs jours. Ils semblaient ne pas savoir par quelle extrémité prendre le problème, l’anomalie, qu’elle représentait. Il fallait dire que les survivants des dégâts du feu grégeois, capable de ronger aussi bien le bois que de courir sur l’eau, se comptaient sur les doigts d’une main sans doute. Ils se contentaient de l’ausculter, de vérifier qu’elle se nourrissait bien et que son bras se remettait. Que pouvaient-ils faire d’autre ?
« Je-je-je cra-crains de-de le-le-leur av-avoir fa-fait un-une bel-belle fray-fray-frayeur. Mo-mon ré-ré-ré-réveil fu-fu-fut un-une sur-sur-surprise. avoua la jeune femme, les épaules basses. Com-comment leur en-en-en vou-vou-vouloir ? Je-je dev-devrais pou-pou-pouvoir mou-mou-mouvoir mon-br-br-bras da-dans quel-quel-quelques lu-lu-lunes. »
Hemys coula un regard en direction de son bras gauche. Elle ne le reconnaissait pas, douloureux comme il était, emballé dans des couches de bandes et tenu droit par des tuteurs en bois. Une plante malade, voilà ce à quoi elle était rendue. Un renard qui aurait peut-être mieux fait de ronger son membre pour s’en défaire et s’enfuir. Un crabe dont l’une des pinces n’était guère plus utile qu’un moignon. Pourrait-elle seulement recouvrer des forces à cet endroit ? Les Mestres se montraient bien évasifs à ce propos. Le bouger, oui, sans aucun doute. Effectuer des tâches complexes relevait d’un autre type d’exploit.
La jeune femme ne redressa la tête qu’au moment où Gerold s’adressa à nouveau à elle. Le vouvoiement s’était envolé. A dire vrai, la Celtigar n’y voyait aucun inconvénient. Au contraire, moins de syllabes il y avait, mieux elle se portait. Son embarras était manifeste, bien qu’Hemys ne souhaitait pas le relever. Tout cela n’était que le signe de l’attention qu’il portait à ne pas la blesser ou l’éprouver plus qu’elle ne l’était déjà. Ayant perdu son propre père il y a de cela deux années, cela faisait un moment que personne ne s’était adressée à elle de la sorte.
Car Lord Bartimos avait été un père attentif, quoiqu’on dise au sujet de ses épouses successives. Il avait aimé chacun de ses enfants, qu’ils soient issus de son premier comme de second mariage. Sa perte avait été douloureuse, bien qu’attendue. Rares étaient les hommes qui pouvaient atteindre un âge aussi vénérable et de mourir aussi paisiblement que lui. Il était partit avant que la tourmente ne s’abatte sur eux tous et Hemys ne pouvait que se rendre compte qu’elle aurait eu grand besoin de lui, de sa stature, de cette capacité qu’il avait à régler tous leurs problèmes. Clément avait été à bonne école, elle savait qu’elle serait en sécurité à ses côtés. En leur absence à tous les deux, le timbre et la voix de Ser Gerold avaient quelque chose de profondément réconfortant.
« Bien sûr. murmura Hemys, qui s’attendait à cela depuis le commencement. Veuillez m’excuser de parler si bas, je pense que cela sera toujours plus intelligible qu’à voix haute et vive voix. Je ne souhaite que la justice pour notre Reine, ses héritiers et toutes les personnes qui n’ont pas eu autant de chance que moi. »
Ce goût des plus désagréables se dissipa en partie, alors que la sympathie et la douceur de Lord Dondarrion lui parvenait. Les larmes lui montèrent aux yeux, insidieuses, elle qui n’avait eu que le silence pour lui tenir compagnie des jours durant. Qui n’avait eu droit qu’à d’immenses précautions lorsqu’on prenait la peine de s’adresser à elle. Fragile, Hemys l’était au moins autant qu’une statue de sel. Pour la première fois depuis longtemps, elle ne le feignait même pas. Fragile, perméable à ces mots qui l’atteignaient réellement jusqu’au cœur. Elle qui n’avait point de famille vers qui se tourner pour le moment, son âme ne pouvait que s’abreuver de ces sentiments qu’elle avait tant recherché. Oui, elle espérait que de bonnes nouvelles avaient été transmises à son frère et ses sœurs. Elle ne rêvait que d’une chose, rentrer chez elle et ne plus jamais quitter Pince-Isle, tant la crainte qu’on cherche à finir le travail sur elle et les autres survivants était forte.
« Mer-mer-merci… » bredouilla Hemys, aussi bien pour ces mots que pour ces bons sentiments.
Les Mestres étaient sans aucun doute surpris de sa résistance. Pour cela, la Celtigar ne pouvait guère leur en vouloir. Elle-même se demandait par quel miracle elle avait pu retrouver conscience. En ouvrant les yeux, elle avait déjà comblé toutes leurs espérances sans doute, qu’importe que son existence se soit prolongée de quelques heures plutôt que de plusieurs jours. Ils semblaient ne pas savoir par quelle extrémité prendre le problème, l’anomalie, qu’elle représentait. Il fallait dire que les survivants des dégâts du feu grégeois, capable de ronger aussi bien le bois que de courir sur l’eau, se comptaient sur les doigts d’une main sans doute. Ils se contentaient de l’ausculter, de vérifier qu’elle se nourrissait bien et que son bras se remettait. Que pouvaient-ils faire d’autre ?
« Je-je-je cra-crains de-de le-le-leur av-avoir fa-fait un-une bel-belle fray-fray-frayeur. Mo-mon ré-ré-ré-réveil fu-fu-fut un-une sur-sur-surprise. avoua la jeune femme, les épaules basses. Com-comment leur en-en-en vou-vou-vouloir ? Je-je dev-devrais pou-pou-pouvoir mou-mou-mouvoir mon-br-br-bras da-dans quel-quel-quelques lu-lu-lunes. »
Hemys coula un regard en direction de son bras gauche. Elle ne le reconnaissait pas, douloureux comme il était, emballé dans des couches de bandes et tenu droit par des tuteurs en bois. Une plante malade, voilà ce à quoi elle était rendue. Un renard qui aurait peut-être mieux fait de ronger son membre pour s’en défaire et s’enfuir. Un crabe dont l’une des pinces n’était guère plus utile qu’un moignon. Pourrait-elle seulement recouvrer des forces à cet endroit ? Les Mestres se montraient bien évasifs à ce propos. Le bouger, oui, sans aucun doute. Effectuer des tâches complexes relevait d’un autre type d’exploit.
La jeune femme ne redressa la tête qu’au moment où Gerold s’adressa à nouveau à elle. Le vouvoiement s’était envolé. A dire vrai, la Celtigar n’y voyait aucun inconvénient. Au contraire, moins de syllabes il y avait, mieux elle se portait. Son embarras était manifeste, bien qu’Hemys ne souhaitait pas le relever. Tout cela n’était que le signe de l’attention qu’il portait à ne pas la blesser ou l’éprouver plus qu’elle ne l’était déjà. Ayant perdu son propre père il y a de cela deux années, cela faisait un moment que personne ne s’était adressée à elle de la sorte.
Car Lord Bartimos avait été un père attentif, quoiqu’on dise au sujet de ses épouses successives. Il avait aimé chacun de ses enfants, qu’ils soient issus de son premier comme de second mariage. Sa perte avait été douloureuse, bien qu’attendue. Rares étaient les hommes qui pouvaient atteindre un âge aussi vénérable et de mourir aussi paisiblement que lui. Il était partit avant que la tourmente ne s’abatte sur eux tous et Hemys ne pouvait que se rendre compte qu’elle aurait eu grand besoin de lui, de sa stature, de cette capacité qu’il avait à régler tous leurs problèmes. Clément avait été à bonne école, elle savait qu’elle serait en sécurité à ses côtés. En leur absence à tous les deux, le timbre et la voix de Ser Gerold avaient quelque chose de profondément réconfortant.
« Bien sûr. murmura Hemys, qui s’attendait à cela depuis le commencement. Veuillez m’excuser de parler si bas, je pense que cela sera toujours plus intelligible qu’à voix haute et vive voix. Je ne souhaite que la justice pour notre Reine, ses héritiers et toutes les personnes qui n’ont pas eu autant de chance que moi. »
(c) DΛNDELION
Mer 16 Oct 2024 - 21:26
Gerold Dondarrion
-
Âge du Personnage : 56 ans
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Dragons d'Or : 880
Danse macabre
Cette jeune femme me faisait de la peine et c’est seulement à son contact que je pouvais imaginer le sort malheureux des victimes de l’attentat de Sombreval. De toute ma longue vie de guerrier j’avais vu toutes sortes de choses horribles, j’avais pu voir avec les guerres de hommes innocents tués. Des braves tombés, des candides devenir des meurtriers, des bêtes n’ayant plus rien d’humains, j’avais découvert l’anatomie humaine via des restes, des ventres, des crânes et des membres ouverts, j’avais vu plus de sang que je n’avais connu d’amour dans ma vie. J’avais connu toutes sortes d’horreurs, des bandits de grands chemins jugés à Havrenoir pour les pires infamies, j’avais vu l’instinct de chasseur des Tarly les transformer de preux en chevaliers en choses instinctives et bestiales. Mais je n’avais jamais vu quelque chose comme Sombreval et l’état particulièrement désastreux d’Hemys Celtigar me vendait un tableau terrifiant.
Dans mon esprit, se bousculait à présent à travers une imagination morbide que je ne pouvais refréner des scènes de chair brûlée, d’explosion. Je pensais à la Reine, l’héritier, au petit prince, à Ellyn Baratheon, que j’avais connu quand elle n’était qu’une enfant. Je ne pouvais retenir un léger rictus de colère. Il était vain de pleurer indéfiniment les morts, il était inutile que je m’emporte pour un événement qui était passé et l’injustice était présent à chaque coin de rue, sous chaque pont, et Sombreval n’était qu’une tâche de tristesse dans un océan de déception. Cependant, je ne pouvais retenir ma colère à l’idée que l’unité du Royaume avait été attaquée à ce prix. Qui aurait voulu risquer une guerre aussi terrible au prix de vies parfois si innocentes ?
Je regardais le visage d’Hemys comme un père. Les événements auraient pu placer Jocelyn comme suivante d’Ellyn, si j’avais été un peu avenant à Accalmie, et aujourd’hui j’aurais été endeuillé moi aussi. C’était-il fallu que je sois assez bougon pour que ma propre fille ne se voit pas proposer cette charge, pour que ma fille ne compte-t-elle pas aussi parmi les victimes ? Je ne préférais pas y penser. Je préférais regarder Hemys comme un père devait le faire, car je savais que lord Bartimos devait bien lui manquer en ce moment.
“Parlez comme vous le souhaitez.” Je me retenais de rajouter “mon enfant”, j’avais encore de la pudeur et de l’éducation, mais il était certain que ma compassion prenait le dessus dans cette discussion. “Vous souhaitez peut-être boire quelque chose ?” Je cherchais une carafe du regard, avant de me reporter sur la jeune femme.
“Bon… Je me permet de commencer. Est-ce que tu auras vu quelque chose… avant le drame, quelque chose qui aura retenu ton attention ?” Je revenais au tutoiement. Incapable de rester défini sur le ton que je voulais emprunter, j’étais surtout peiné de devoir faire un tel exercice, de devoir forcer cette jeune femme, alors que son corps n’était pas encore guéri, à forcer d’ouvrir les paies béantes de son esprit. “Par exemple, un domestique avec un comportement inhabituel, où quelqu’un qui se serait éclipsé au bon moment ? Un Sombrelyn qui, par un mystérieux hasard, aurait quitté les lieux pile au bon moment ? Un Rykker invité à l’événement mais étrangement absent ?” Je n’était pas un enquêteur loin de moi cette prérogative, et j’aurais mieux aimé être autre part à faire autre chose. Seulement je savais que n’importe qui d’autre aurait été bien moins doux avec cette jeune victime. Les hommes qui posent des questions oublient souvent qu’une victime n’est pas un suspect.
Dans mon esprit, se bousculait à présent à travers une imagination morbide que je ne pouvais refréner des scènes de chair brûlée, d’explosion. Je pensais à la Reine, l’héritier, au petit prince, à Ellyn Baratheon, que j’avais connu quand elle n’était qu’une enfant. Je ne pouvais retenir un léger rictus de colère. Il était vain de pleurer indéfiniment les morts, il était inutile que je m’emporte pour un événement qui était passé et l’injustice était présent à chaque coin de rue, sous chaque pont, et Sombreval n’était qu’une tâche de tristesse dans un océan de déception. Cependant, je ne pouvais retenir ma colère à l’idée que l’unité du Royaume avait été attaquée à ce prix. Qui aurait voulu risquer une guerre aussi terrible au prix de vies parfois si innocentes ?
Je regardais le visage d’Hemys comme un père. Les événements auraient pu placer Jocelyn comme suivante d’Ellyn, si j’avais été un peu avenant à Accalmie, et aujourd’hui j’aurais été endeuillé moi aussi. C’était-il fallu que je sois assez bougon pour que ma propre fille ne se voit pas proposer cette charge, pour que ma fille ne compte-t-elle pas aussi parmi les victimes ? Je ne préférais pas y penser. Je préférais regarder Hemys comme un père devait le faire, car je savais que lord Bartimos devait bien lui manquer en ce moment.
“Parlez comme vous le souhaitez.” Je me retenais de rajouter “mon enfant”, j’avais encore de la pudeur et de l’éducation, mais il était certain que ma compassion prenait le dessus dans cette discussion. “Vous souhaitez peut-être boire quelque chose ?” Je cherchais une carafe du regard, avant de me reporter sur la jeune femme.
“Bon… Je me permet de commencer. Est-ce que tu auras vu quelque chose… avant le drame, quelque chose qui aura retenu ton attention ?” Je revenais au tutoiement. Incapable de rester défini sur le ton que je voulais emprunter, j’étais surtout peiné de devoir faire un tel exercice, de devoir forcer cette jeune femme, alors que son corps n’était pas encore guéri, à forcer d’ouvrir les paies béantes de son esprit. “Par exemple, un domestique avec un comportement inhabituel, où quelqu’un qui se serait éclipsé au bon moment ? Un Sombrelyn qui, par un mystérieux hasard, aurait quitté les lieux pile au bon moment ? Un Rykker invité à l’événement mais étrangement absent ?” Je n’était pas un enquêteur loin de moi cette prérogative, et j’aurais mieux aimé être autre part à faire autre chose. Seulement je savais que n’importe qui d’autre aurait été bien moins doux avec cette jeune victime. Les hommes qui posent des questions oublient souvent qu’une victime n’est pas un suspect.
(code) awona (icons) ethereal // avec @Hemys Celtigar
Mar 29 Oct 2024 - 12:42
Hemys Celtigar
-
Âge du Personnage : 25 ans
Messages : 258
Dragons d'Or : 1708
Danse macabre
@Gerold Dondarrion et Hemys Celtigar
An 132, lune 2
Hemys avait lu que certains esprits scellaient à double-tour leurs pires souvenirs dans les tréfonds de leur inconscient. Aussi ressortaient-il, plus réels et tangibles que jamais, dans des cauchemars. Au-delà d’un sommeil des plus agités, il lui arrivait également de sentir encore cette odeur pétrifiante de brûlé. Le feu grégeois avait cette odeur si particulière qui mêlait à la fois celle du pin et celle du soufre. Même en gardant les fenêtres bien ouvertes, tant et si bien qu’il fallait que les Mestres fassent preuve d’autorité afin qu’elle consente à les voir refermées, cette fumée de mort ne faisait que la suivre et la pourchasser. Car au même titre que ses cauchemars, tout cela n’était que le fruit de son imagination, de ces lacunes mentales que le drame avait creusé jusque dans son crâne.
La jeune femme joua un instant avec la bague présente à son annulaire droit. A la demande de Maegelle, qui souhaitait la voir porter une autre parure afin que le tout s’accorde avec le présent qu’elle venait de lui faire, la Celtigar avait consentit à la laisser dans ses appartements. C’était cette action sans grande importance qui avait préservé ce bijou cher entre tous. Si Hemys s’était montrée plus superstitieuse, elle aurait presque pu croire que tout cela était un signe. Que, d’une manière ou d’une autre une Main Invisible avait décidé qu’elle devait retrouver ce petit témoin de l’amour qu’elle portait à ses sœurs. Elle ne pouvait pas quitter ce monde sans elles, semblait-il. Par trois elles s’étaient présenté devant la Mère, par trois elles se présenteraient devant l’Étranger.
Ses sœurs lui manquaient terriblement. Un frisson couru dans son dos à cette simple pensée. Phemyr avait pris la mer avant que tout cela n’arrive. Quant à Seryn, elle en était rendue à la même extrémité que le reste de leur famille, ne pouvant venir lui rendre visite sans l’accord des Mestres. Elle aurait pu mourir sans jamais les revoir. Et cette idée lui était tout simplement insupportable, les frissons se glissant jusque dans ses mains. Comme une enfant perdue, désespérée, elle ne rêvait que de retrouver son foyer, ses sœurs et leur mère sans plus jamais imaginer les quitter. Depuis Sombreval, et bien qu’elle ne puisse être que consciente de tous les efforts advenus et à venir de Ser Gerold, Hemys ne se sentait plus en sécurité nulle part si ce n’était chez elle.
« Cela ira, je vous remercie. Hemys se força à sourire dans ses murmures. Les Mestres tiennent à ce que je ne consomme que des choses choisies par leurs soins. »
Quand elle parvenait ou à boire quelque chose. Les quelques bouchées qu’elle avait accepté d’avaler à la demande de Jocelyn lui restaient encore sur l’estomac. Son corps était passé si près de la mort que même quelque chose d’aussi simple que se nourrir était un comportement bien trop vivant pour être accepté si aisément. Avait-elle vu quelque chose ? Cette question, elle ne cessait de se la poser. En journée, ses cauchemars la laissaient généralement en paix. Hemys ferma les yeux, cherchant à rassembler ses souvenirs, à voir à nouveau cette scène dont elle avait été l’un des personnages. Oui, elle se souvenait. Il faisait froid, alors que Maegelle se posait avec Aile-d’Argent dans les environs de Sombreval. Elle avait ri avant de descendre en première, tendant sa main pour l’aider à descendre du dos de la créature. Tout semblait d’une grande banalité pour une visite royale. Elles avaient déambulé un moment, rejoignant finalement le cortège en bonne place.
Elle lui avait glissé quelque chose alors que leur escorte se resserrait autour d’elles. Hemys ne se souvenait pas de quoi. Une discussion tout aussi normale que celles dont elles avaient l’habitude. La famille Sombrelyn leur avait envoyé l’un de ses fils pour assurer leur protection. Ce n’était pas l’héritier de la famille, la Celtigar en était certaine. Son visage ne lui revenait pas cependant, bien qu’elle savait ses traits lui étaient familiers. Ses parents aussi étaient présents, afin d’accueillir le convoi royal. Puis, le sol avait tremblé. La jeune femme se souvenait de son étonnement. Les terres de la Couronne n’étaient pas connu pour leur séismes, à l’exception peut-être de Montdragon qui restait un volcan endormi.
Elle n’avait pas eu le temps d’aller au bout de cette pensée. Son inconscient, cette part animale qui sommeillait en chacun d’entre eux, avait prit le dessus. Elle avait attrapé le bras de Maegelle, l’attirant vers elle, espérant la tirer de la foule. Un souffle les avait cependant séparées, la Celtigar étant projetée plus loin. Sa chute avait été amortie, sans qu’Hemys ne parvienne à savoir par quel miracle. Elle revoyait ces flammes vertes et jaunes qui dévoraient tout sur leur passage. Elle avait essayé de ramper, sans y parvenir. Plus tard, la jeune femme apprendrait que son bras était déjà cassé. Hemys imaginait qu’elle avait écrasé son bras avec son propre poids.
Les cris, toujours les cris. La douleur cuisante dans tout son corps, de son bras à son crâne. L’odeur de la chair brûlée, les hennissements des chevaux, les rugissements des dragons.
Puis l’abysse.
Hemys rouvrit les yeux, se rendant compte qu’elle s’était remise à pleurer. Des pleurs silencieux, seuls témoins de tout ce qu’elle avait pu retracer dans son esprit. Atterrée, la jeune femme baissa la tête, honteuse. Elle aurait du pouvoir sauver Maegelle. C’était aussi pour veiller sur elle, pour toute la prudence dont elle pouvait faire preuve, qu’elle avait été désignée pour se trouver à ses côtés. Et elle avait échoué.
« Le cortège a été accueilli par Lord et Lady Sombrelyn. débuta Hemys, toujours à voix basse. Je me trouvai non loin de la Reine Laena, en compagnie la princesse Maegelle. Sa Majesté recevait les hommages de la ville, en compagnie de son héritier et de sa douce épouse. Le petit prince était là également, bien que je ne parvienne pas à me souvenir s’il était dans les bras de ses parents ou dans ceux de sa nourrice. »
La jeune femme essuya maladroitement ses joues de sa main libre.
« … Tout se passait pour le mieux. La garde royale semblait paisible, bien qu’aux aguets comme à chaque fois que la famille royale quitte la capitale. Hemys déglutit difficilement. Quand le sol a tremblé, personne n’y a prêté attention dans un premier temps. Tous les regards étaient rivés sur la reine. L’instant d’après, tout n’était que chaos. J’ai voulu sauver ma princesse, je vous le jure sur tout ce que j’ai de plus précieux jusqu’à ma vie. Les chuchots s’enrouèrent. Le souffle nous a séparé. J’ai été projetée plus loin et la princesse a disparu hors de ma vue. Par les abysses, il y avait tant de cris, tant de pleurs, tant de gens qui tentaient de fuir et… et… Cet-ce-cette od-od-odeur ! » acheva-t-elle dans un cri.
Hemys pleurait à nouveau. Des pleurs profonds, qui agitaient toute sa frêle carapace. Un râle étouffé s’échappa de sa gorge. Cette odeur, ce ne pouvait qu’être celle de la chair brûlée. Elle ne voulait plus jamais la sentir à nouveau. Non, non, non ! Ce ne pouvait pas être tout ce qui restait de Maegelle !
La jeune femme joua un instant avec la bague présente à son annulaire droit. A la demande de Maegelle, qui souhaitait la voir porter une autre parure afin que le tout s’accorde avec le présent qu’elle venait de lui faire, la Celtigar avait consentit à la laisser dans ses appartements. C’était cette action sans grande importance qui avait préservé ce bijou cher entre tous. Si Hemys s’était montrée plus superstitieuse, elle aurait presque pu croire que tout cela était un signe. Que, d’une manière ou d’une autre une Main Invisible avait décidé qu’elle devait retrouver ce petit témoin de l’amour qu’elle portait à ses sœurs. Elle ne pouvait pas quitter ce monde sans elles, semblait-il. Par trois elles s’étaient présenté devant la Mère, par trois elles se présenteraient devant l’Étranger.
Ses sœurs lui manquaient terriblement. Un frisson couru dans son dos à cette simple pensée. Phemyr avait pris la mer avant que tout cela n’arrive. Quant à Seryn, elle en était rendue à la même extrémité que le reste de leur famille, ne pouvant venir lui rendre visite sans l’accord des Mestres. Elle aurait pu mourir sans jamais les revoir. Et cette idée lui était tout simplement insupportable, les frissons se glissant jusque dans ses mains. Comme une enfant perdue, désespérée, elle ne rêvait que de retrouver son foyer, ses sœurs et leur mère sans plus jamais imaginer les quitter. Depuis Sombreval, et bien qu’elle ne puisse être que consciente de tous les efforts advenus et à venir de Ser Gerold, Hemys ne se sentait plus en sécurité nulle part si ce n’était chez elle.
« Cela ira, je vous remercie. Hemys se força à sourire dans ses murmures. Les Mestres tiennent à ce que je ne consomme que des choses choisies par leurs soins. »
Quand elle parvenait ou à boire quelque chose. Les quelques bouchées qu’elle avait accepté d’avaler à la demande de Jocelyn lui restaient encore sur l’estomac. Son corps était passé si près de la mort que même quelque chose d’aussi simple que se nourrir était un comportement bien trop vivant pour être accepté si aisément. Avait-elle vu quelque chose ? Cette question, elle ne cessait de se la poser. En journée, ses cauchemars la laissaient généralement en paix. Hemys ferma les yeux, cherchant à rassembler ses souvenirs, à voir à nouveau cette scène dont elle avait été l’un des personnages. Oui, elle se souvenait. Il faisait froid, alors que Maegelle se posait avec Aile-d’Argent dans les environs de Sombreval. Elle avait ri avant de descendre en première, tendant sa main pour l’aider à descendre du dos de la créature. Tout semblait d’une grande banalité pour une visite royale. Elles avaient déambulé un moment, rejoignant finalement le cortège en bonne place.
Elle lui avait glissé quelque chose alors que leur escorte se resserrait autour d’elles. Hemys ne se souvenait pas de quoi. Une discussion tout aussi normale que celles dont elles avaient l’habitude. La famille Sombrelyn leur avait envoyé l’un de ses fils pour assurer leur protection. Ce n’était pas l’héritier de la famille, la Celtigar en était certaine. Son visage ne lui revenait pas cependant, bien qu’elle savait ses traits lui étaient familiers. Ses parents aussi étaient présents, afin d’accueillir le convoi royal. Puis, le sol avait tremblé. La jeune femme se souvenait de son étonnement. Les terres de la Couronne n’étaient pas connu pour leur séismes, à l’exception peut-être de Montdragon qui restait un volcan endormi.
Elle n’avait pas eu le temps d’aller au bout de cette pensée. Son inconscient, cette part animale qui sommeillait en chacun d’entre eux, avait prit le dessus. Elle avait attrapé le bras de Maegelle, l’attirant vers elle, espérant la tirer de la foule. Un souffle les avait cependant séparées, la Celtigar étant projetée plus loin. Sa chute avait été amortie, sans qu’Hemys ne parvienne à savoir par quel miracle. Elle revoyait ces flammes vertes et jaunes qui dévoraient tout sur leur passage. Elle avait essayé de ramper, sans y parvenir. Plus tard, la jeune femme apprendrait que son bras était déjà cassé. Hemys imaginait qu’elle avait écrasé son bras avec son propre poids.
Les cris, toujours les cris. La douleur cuisante dans tout son corps, de son bras à son crâne. L’odeur de la chair brûlée, les hennissements des chevaux, les rugissements des dragons.
Puis l’abysse.
Hemys rouvrit les yeux, se rendant compte qu’elle s’était remise à pleurer. Des pleurs silencieux, seuls témoins de tout ce qu’elle avait pu retracer dans son esprit. Atterrée, la jeune femme baissa la tête, honteuse. Elle aurait du pouvoir sauver Maegelle. C’était aussi pour veiller sur elle, pour toute la prudence dont elle pouvait faire preuve, qu’elle avait été désignée pour se trouver à ses côtés. Et elle avait échoué.
« Le cortège a été accueilli par Lord et Lady Sombrelyn. débuta Hemys, toujours à voix basse. Je me trouvai non loin de la Reine Laena, en compagnie la princesse Maegelle. Sa Majesté recevait les hommages de la ville, en compagnie de son héritier et de sa douce épouse. Le petit prince était là également, bien que je ne parvienne pas à me souvenir s’il était dans les bras de ses parents ou dans ceux de sa nourrice. »
La jeune femme essuya maladroitement ses joues de sa main libre.
« … Tout se passait pour le mieux. La garde royale semblait paisible, bien qu’aux aguets comme à chaque fois que la famille royale quitte la capitale. Hemys déglutit difficilement. Quand le sol a tremblé, personne n’y a prêté attention dans un premier temps. Tous les regards étaient rivés sur la reine. L’instant d’après, tout n’était que chaos. J’ai voulu sauver ma princesse, je vous le jure sur tout ce que j’ai de plus précieux jusqu’à ma vie. Les chuchots s’enrouèrent. Le souffle nous a séparé. J’ai été projetée plus loin et la princesse a disparu hors de ma vue. Par les abysses, il y avait tant de cris, tant de pleurs, tant de gens qui tentaient de fuir et… et… Cet-ce-cette od-od-odeur ! » acheva-t-elle dans un cri.
Hemys pleurait à nouveau. Des pleurs profonds, qui agitaient toute sa frêle carapace. Un râle étouffé s’échappa de sa gorge. Cette odeur, ce ne pouvait qu’être celle de la chair brûlée. Elle ne voulait plus jamais la sentir à nouveau. Non, non, non ! Ce ne pouvait pas être tout ce qui restait de Maegelle !
(c) DΛNDELION
Dim 3 Nov 2024 - 18:32
Gerold Dondarrion
-
Âge du Personnage : 56 ans
Messages : 162
Dragons d'Or : 880
Danse macabre
Je connaissais la mort et le deuil, je ne pouvais pas dire que j’étais un expert du sujet mais les deux sujets m’étaient familiers. La mort, en tant qu’homme de guerre je l’avais semé, je l’avais vue, je l’avais donné, j’avais de nombreuses fois failli la recevoir. La guerre est le domaine du Guerrier autant que de l’Etranger et j’avais vu tout ce qu’un chevalier pouvait voir dans ce domaine ; les boyaux répandue sur le sol, les crânes ouverts, le sang poisseux colorant les rivières, tachant le sable et la boue se gorgeant de tous les liquides qu’un homme possède, j’avais marché sur des corps d’hommes portant mes couleurs, écrasant des torses pourris, j’avais égorgé des ennemis, dévoilant des flots écarlates, j’avais vu des pierres propulsés par des trébuchets écraser des hommes comme s’ils n’étaient que des poupées de chiffons, j’avais vu des lames pourfendeurs des corps comme s’ils n’étaient rien que des sacs de sang et de chaires. J’étais coutumier des massacres et des horreurs, et si cela marque les hommes, j’avais vu des vétérans rendus fous par l’expérience d’une guerre de trop, j’avais vu des chevaliers sombrer dans des mélancolies dangereuses, je savais aussi que la mort était un domaine réservé à certains et que la porte, trop grande ouverte sur le monde n’était pas bonne à emprunter pour tous.
J’avais une chance ; celle d’avoir été éduqué pour la guerre. J’étais prêt depuis mon berceau pour toutes ses choses, et les ballades des Marches n’ont pas à rougir de leurs descriptions violentes des combats. Enfin, je connaissais aussi le deuil, je le connaissais intimement. J’avais perdu mon frère au champ de bataille, je l'avais vu tomber, j’avais vu son regard s’éteindre, j’avais senti, au fond de mon cœur, le vide, ce vide immense. Je connaissais, cette pensée terrible ; il ne reviendra pas, il n'apparaîtra plus jamais au coin d’une porte et jamais sa voix, son odeur, ses petits gestes quotidiens ne seront plus jamais là. Je savais ce que j’avais perdu, j’avais gagné le vide, un vide terrible et horrifique.
Tout ça, je le connaissais je le savais, je l’avais surmonté. Si mon corps n’était pas bariolé de cicatrice, l'on ne devenait pas Gerold Dondarrion sans avoir l’esprit emputé de toutes sortes de choses. C’est à ce titre que je n’aimais pas la guerre, bien sûr j’aimais la gagner, j’aimais vaincre pour vivre et pour protéger mais je ne trouve aucun personnel à la faire. Mais, Hemys Celtigar, elle avait été projeté dans ce monde, mon monde sans que personne ne l’ait jamais préparé à cette tâche. La faute à Bartimos, son père ? Non, l’accusation aurait été trop simple. Moi-même, je n’avais jamais préparé ma fille à ce genre de choses, mais je crois que la vie dans les Marches lui a toujours permis de comprendre que la réalité de ce monde pouvait frapper à notre porte n’importe quand.
Je regardais Hemys s’effondrer en elle-même, je regardais ses larmes avec toute la compassion qu’un homme est capable, navré de voir ça, navré qu’elle subisse ça. J’avais une certitude, il n’y avait rien que je ne pouvais faire pour elle d’autre que lui montrer à la fois mon soutien et surtout, que moi aussi, je savais ces choses-là. Peut-être même lui expliquer qu’il était possible de surmonter tout ça. Je laissais ses larmes affluer, lui accordant un moment. Les informations n’étaient pas particulièrement utiles pour découvrir des secrets qui nous auraient échappé, mais ça permettait de comprendre une chose ; la rapidité et la fulgurance de l’attaque. Nos ennemis avaient-ils eut peur de rater, qu’ils se soient précipités dans leur attaque ? Pourquoi ne pas avoir attendu ? Pourquoi si rapidement, la famille royale aurait-elle pu se rendre compte de quelque chose si la réception avait duré quelques minutes de plus ? La famille Sombrelyn aurait-elle pu remarquer un détail important si les choses s'étaient déroulées avec plus de lenteur ? La rapidité de cette attaque était déjà un premier indice.
“C’est bon… C’est bon, vous pouvez cessez, vous m’avez déjà bien aidé. Ne souffrez pas plus en vous perdant dans des souvenirs qui vous arracheraient des chagrins qui ne soient pas essentiels.” Je parlais doucement, calmement, ma voix grave prenait alors un aspect plus reposant. Il était rare qu’hormis mes enfants des gens aient accès à cette partie de moi. “Vous savez, moi-même j’ai connu des drames comparables, c’est même le résumé de la vie d’un guerrier, une succession de drames dont le sort nous accorde toujours d’y réchapper. Vous êtes une survivante et… Je vais vous le dire, car personne ne vous le dira, vous êtes une vétérante. Car, c’est ça, en réalité, la terrible réalité de la guerre. Il n’y a rien d’autre que la mort, le sang, les cris, où pire, le silence. Je peux encore sentir l’odeur de l’air lorsque j’ai vu mon frère tomber, je peux encore vous dire la texture du sable, la couleur du ciel et le goût que j’avais dans la bouche à ce moment.”
J’avais une chance ; celle d’avoir été éduqué pour la guerre. J’étais prêt depuis mon berceau pour toutes ses choses, et les ballades des Marches n’ont pas à rougir de leurs descriptions violentes des combats. Enfin, je connaissais aussi le deuil, je le connaissais intimement. J’avais perdu mon frère au champ de bataille, je l'avais vu tomber, j’avais vu son regard s’éteindre, j’avais senti, au fond de mon cœur, le vide, ce vide immense. Je connaissais, cette pensée terrible ; il ne reviendra pas, il n'apparaîtra plus jamais au coin d’une porte et jamais sa voix, son odeur, ses petits gestes quotidiens ne seront plus jamais là. Je savais ce que j’avais perdu, j’avais gagné le vide, un vide terrible et horrifique.
Tout ça, je le connaissais je le savais, je l’avais surmonté. Si mon corps n’était pas bariolé de cicatrice, l'on ne devenait pas Gerold Dondarrion sans avoir l’esprit emputé de toutes sortes de choses. C’est à ce titre que je n’aimais pas la guerre, bien sûr j’aimais la gagner, j’aimais vaincre pour vivre et pour protéger mais je ne trouve aucun personnel à la faire. Mais, Hemys Celtigar, elle avait été projeté dans ce monde, mon monde sans que personne ne l’ait jamais préparé à cette tâche. La faute à Bartimos, son père ? Non, l’accusation aurait été trop simple. Moi-même, je n’avais jamais préparé ma fille à ce genre de choses, mais je crois que la vie dans les Marches lui a toujours permis de comprendre que la réalité de ce monde pouvait frapper à notre porte n’importe quand.
Je regardais Hemys s’effondrer en elle-même, je regardais ses larmes avec toute la compassion qu’un homme est capable, navré de voir ça, navré qu’elle subisse ça. J’avais une certitude, il n’y avait rien que je ne pouvais faire pour elle d’autre que lui montrer à la fois mon soutien et surtout, que moi aussi, je savais ces choses-là. Peut-être même lui expliquer qu’il était possible de surmonter tout ça. Je laissais ses larmes affluer, lui accordant un moment. Les informations n’étaient pas particulièrement utiles pour découvrir des secrets qui nous auraient échappé, mais ça permettait de comprendre une chose ; la rapidité et la fulgurance de l’attaque. Nos ennemis avaient-ils eut peur de rater, qu’ils se soient précipités dans leur attaque ? Pourquoi ne pas avoir attendu ? Pourquoi si rapidement, la famille royale aurait-elle pu se rendre compte de quelque chose si la réception avait duré quelques minutes de plus ? La famille Sombrelyn aurait-elle pu remarquer un détail important si les choses s'étaient déroulées avec plus de lenteur ? La rapidité de cette attaque était déjà un premier indice.
“C’est bon… C’est bon, vous pouvez cessez, vous m’avez déjà bien aidé. Ne souffrez pas plus en vous perdant dans des souvenirs qui vous arracheraient des chagrins qui ne soient pas essentiels.” Je parlais doucement, calmement, ma voix grave prenait alors un aspect plus reposant. Il était rare qu’hormis mes enfants des gens aient accès à cette partie de moi. “Vous savez, moi-même j’ai connu des drames comparables, c’est même le résumé de la vie d’un guerrier, une succession de drames dont le sort nous accorde toujours d’y réchapper. Vous êtes une survivante et… Je vais vous le dire, car personne ne vous le dira, vous êtes une vétérante. Car, c’est ça, en réalité, la terrible réalité de la guerre. Il n’y a rien d’autre que la mort, le sang, les cris, où pire, le silence. Je peux encore sentir l’odeur de l’air lorsque j’ai vu mon frère tomber, je peux encore vous dire la texture du sable, la couleur du ciel et le goût que j’avais dans la bouche à ce moment.”
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