Aelix Tagaros
L'Architecte des courants
Âge du Personnage : 36 ans
Messages : 2817
Dragons d'Or : 4745
The Flame Conundrum
An 130, lune 4
« The past is never dead. It's not even past. »
Quinze jours s'étaient écoulés depuis qu'Aelix Tagaros avait été sauvé par cet étrange dragonnier, Rhaenar Qhaegon. L'événement avait profondément marqué le patricien de Volantis, non seulement en raison de sa dette de vie, mais aussi à cause de la troublante ressemblance entre les deux hommes. Cette similitude frappante et la réaction de Rhaenar au nom d'Ellya Tagaros n'avaient cessé de faire tiquer l'esprit vif d'Aelix. Pas suffisamment pour l’empêcher de retomber dans certaines magouilles, mais cela le suivait comme un spectre qui venait hanter ses nuits. Rhaenar n’était pas vraiment le genre de prince honorable venant vous sauver et le cou du négociant en garder un certain souvenir. Dès le lendemain de sa rencontre avec Rhaenar, Aelix s'était lancé dans une quête presque obsessionnelle d'informations sur les Qhaegon. Il avait mobilisé ses contacts, les espions familiaux et même soudoyé quelques scribes de la bibliothèque de Volantis pour fouiller de lui-même dans les archives les plus anciennes. Et par pour tenter d’emprunter un document pour mieux le rendre plus tard. Non. Pour savoir à quoi le protagoniste devait faire face et surtout s’il s’agissait d’une opportunité… autre. Mais rien de bien intéressant. Comme si toute trace avait été effacée. Même chez les siens, et autant dire que le sujet était un véritable anathème. Toutefois, à l’instar des reconnaissances de dettes, le passé ne saurait totalement être effacé.
Chaque jour, il recevait des rapports, des rumeurs, des bribes d'histoires sur cette famille mystérieuse, avec sempiternellement plus de contradictions rendant paradoxale l’affaire. Les Qhaegon semblaient être une lignée ancienne, liée de près ou de loin aux Targaryen, mais dont l'histoire s'était perdue dans les méandres. Et de cela, rien n’était moins sûr. D’autres arcs narratifs racontaient qu’ils revenaient de l’ancienne Valyria, que c’était à l’origine des habitants de Mantarys… ou encore une famille descendant d’une tribu des terres draconiques encore enterrées sous les cendres. Rien ne faisait sens, tout était improbable, et cela excitait autant le Tagaros qu’un pari risqué et dangereux. Pourtant son instinct qui l’avait rarement trompé, mais tout de même conduit dans une cale d’une boutre fer-né, lui intimait de ne rien lâcher. Aelix ne s'était pas contenté de recherches passives. Il avait discrètement engagé des hommes pour surveiller Rhaenar et ses proches. Ces espions, choisis parmi les plus habiles de Volantis, suivaient chaque mouvement du dragonnier, notaient ses habitudes, ses fréquentations. L’habitant de la vieille cité recevait des rapports détaillés chaque soir, les dévorant avec une avidité mêlée de frustration. Car malgré tous ses efforts, le mystère entourant Rhaenar demeurait entier.
Pendant ce temps, la partie ouest de Volantis bourdonnait d'activité. La reconstruction après l'assaut des Fer-nés battait son plein, offrant un spectacle de chaos organisé. Échafaudages, charpentiers, maçons et architectes s'affairaient du matin au soir, rebâtissant les quartiers dévastés. Cette effervescence aurait dû accaparer toute l'attention d'Aelix, mais son esprit était ailleurs, focalisé sur l'énigme Qhaegon. Au fil des jours, Aelix avait fini par comprendre, ou du moins à accepter, ce que son cœur lui soufflait depuis leur première rencontre : Rhaenar était son frère. Leurs yeux et la couleur de leurs cheveux différaient, mais tout le reste - les traits du visage, la stature, même certains gestes - criait leur parenté. Cette révélation, loin d'apaiser Aelix, n'avait fait qu'attiser sa curiosité et son besoin de comprendre. Parallèlement à sa quête personnelle, Aelix avait observé avec inquiétude la montée en puissance des germes d’une nouvelle faction à Volantis. Ni Tigres, ni Éléphants, ce groupe semblait cristalliser les frustrations et les espoirs d'une partie de la population lassée des querelles ancestrales. Les dragons. Rien que ça. Leur popularité grandissante représentait une menace pour l'équilibre politique de la cité, un équilibre dont Aelix et sa famille avaient toujours su tirer profit. Et que son frère ? Jumeaux ? Ennemi ? en était bien évidemment à la tête. Ironie cruelle, piquante, détestable.
Les siens ont commencé à appuyer le Tagaros pour courtiser le dragon. Rien que ça. Alors, comme à son habitude, le marchand avait alors manœuvré pour suivre son propre chemin. Il avait proposé d'installer ces nouveaux venus dans la vieille cité, derrière le Mur Noir. Son argumentation, un chef-d'œuvre de subtilité et de manipulation, avait convaincu les autres patriciens que c'était le meilleur moyen de les surveiller tout en coupant court à leur influence grandissante sur la partie ouest, offrant les coudées libres aux éléphants pour reconstruire la cité occidentale. En réalité, cela les arrangeait bien et en cas de problème, le bouc-émissaire était tout choisi. C’était un jeu complexe et périlleux dans lequel l’homme s’était lancé. En rapprochant cette nouvelle faction du cœur historique de Volantis, il espérait non seulement que les siens puissent mieux les contrôler, mais aussi créer un contrepoids aux factions traditionnelles. C'était un pari risqué, mais Aelix avait toujours excellé dans l'art de transformer les menaces en opportunités, quitte à s’en brûler les ailes.
Le quinzième jour après son sauvetage, le négociant avait finalement décidé qu'il était temps d'agir. Il avait convié Rhaenar derrière le Mur Noir, dans l'enceinte de la vieille Volantis. Le lieu n'avait pas été choisi au hasard : c'était le cœur battant de la cité, là où l'histoire et le pouvoir se mêlaient intimement. Aelix attendait son invité dans les jardins d'une somptueuse villa, un cadeau qu'il avait préparé pour remercier son sauveur. Les jardins étaient un véritable paradis terrestre, un havre de paix au cœur de la tumultueuse Volantis. Des allées pavées de marbre blanc serpentaient entre des parterres de fleurs exotiques aux couleurs éclatantes. Des fontaines murmuraient doucement, leurs eaux cristallines reflétant le ciel d'un bleu intense. Des arbres centenaires offraient une ombre bienfaisante, leurs branches chargées de fruits mûrs et odorants. Au centre du jardin, un kiosque en bois précieux s'élevait, ses colonnes sculptées évoquant des dragons entrelacés. C'est là qu'Aelix avait choisi d'attendre, assis sur un banc de marbre observant l'entrée des jardins d'un œil à la fois anxieux et déterminé. Il avait à côté de lui quelques documents précieux. Il vit son visage portant encore les traces de ses pérégrinations datant d’il y a quinze jours. Heureusement que rien ne s’était infecté.
Lorsque Rhaenar apparut enfin, entourée de gardes éléphantines Aelix sentit son cœur s'accélérer. La ressemblance entre eux deux était encore plus frappante dans la lumière dorée du soleil à son zénith. Il observa son frère s'avancer, notant chaque détail, chaque geste qui confirmait sa conviction. Quand Rhaenar fut suffisamment proche, Aelix se leva, un sourire énigmatique aux lèvres. Il prit une profonde inspiration, rassemblant tout son courage pour les mots qu'il s'apprêtait à prononcer.« Bienvenue, Rhaenar Qhaegon », dit-il d'une voix posée, un peu agaçante. Il congédia les gardes bien rapidement.
« J’espère que tu vas pour le mieux. Je te présente ta nouvelle demeure, si tu l’acceptes. Cadeau de remerciement pour avoir sauvé ma pauvre vie. » L’ironie était une langue dont savait parfaitement faire usage Aelix. Mais la suite s’annonçait bien plus grave. Ce dernier tendu un premier document à son frère. « Ton acte de propriété. Bienvenue chez toi. » Large sourire évident. « Il va falloir lui trouver un nom. Et que je sache comment te nommer. Seigneur dragon, sire Qhaegon, tribun des dragons. Ou bien frère ? » Le mot "frère" avait été prononcé sur un ton légèrement provocateur, presque racoleur, et pourtant si grave. C’était comme une invitation à la confidence ou à la confrontation. Aelix scrutait le visage de Rhaenar, guettant la moindre réaction qui confirmerait ou infirmerait ses soupçons.
Chaque jour, il recevait des rapports, des rumeurs, des bribes d'histoires sur cette famille mystérieuse, avec sempiternellement plus de contradictions rendant paradoxale l’affaire. Les Qhaegon semblaient être une lignée ancienne, liée de près ou de loin aux Targaryen, mais dont l'histoire s'était perdue dans les méandres. Et de cela, rien n’était moins sûr. D’autres arcs narratifs racontaient qu’ils revenaient de l’ancienne Valyria, que c’était à l’origine des habitants de Mantarys… ou encore une famille descendant d’une tribu des terres draconiques encore enterrées sous les cendres. Rien ne faisait sens, tout était improbable, et cela excitait autant le Tagaros qu’un pari risqué et dangereux. Pourtant son instinct qui l’avait rarement trompé, mais tout de même conduit dans une cale d’une boutre fer-né, lui intimait de ne rien lâcher. Aelix ne s'était pas contenté de recherches passives. Il avait discrètement engagé des hommes pour surveiller Rhaenar et ses proches. Ces espions, choisis parmi les plus habiles de Volantis, suivaient chaque mouvement du dragonnier, notaient ses habitudes, ses fréquentations. L’habitant de la vieille cité recevait des rapports détaillés chaque soir, les dévorant avec une avidité mêlée de frustration. Car malgré tous ses efforts, le mystère entourant Rhaenar demeurait entier.
Pendant ce temps, la partie ouest de Volantis bourdonnait d'activité. La reconstruction après l'assaut des Fer-nés battait son plein, offrant un spectacle de chaos organisé. Échafaudages, charpentiers, maçons et architectes s'affairaient du matin au soir, rebâtissant les quartiers dévastés. Cette effervescence aurait dû accaparer toute l'attention d'Aelix, mais son esprit était ailleurs, focalisé sur l'énigme Qhaegon. Au fil des jours, Aelix avait fini par comprendre, ou du moins à accepter, ce que son cœur lui soufflait depuis leur première rencontre : Rhaenar était son frère. Leurs yeux et la couleur de leurs cheveux différaient, mais tout le reste - les traits du visage, la stature, même certains gestes - criait leur parenté. Cette révélation, loin d'apaiser Aelix, n'avait fait qu'attiser sa curiosité et son besoin de comprendre. Parallèlement à sa quête personnelle, Aelix avait observé avec inquiétude la montée en puissance des germes d’une nouvelle faction à Volantis. Ni Tigres, ni Éléphants, ce groupe semblait cristalliser les frustrations et les espoirs d'une partie de la population lassée des querelles ancestrales. Les dragons. Rien que ça. Leur popularité grandissante représentait une menace pour l'équilibre politique de la cité, un équilibre dont Aelix et sa famille avaient toujours su tirer profit. Et que son frère ? Jumeaux ? Ennemi ? en était bien évidemment à la tête. Ironie cruelle, piquante, détestable.
Les siens ont commencé à appuyer le Tagaros pour courtiser le dragon. Rien que ça. Alors, comme à son habitude, le marchand avait alors manœuvré pour suivre son propre chemin. Il avait proposé d'installer ces nouveaux venus dans la vieille cité, derrière le Mur Noir. Son argumentation, un chef-d'œuvre de subtilité et de manipulation, avait convaincu les autres patriciens que c'était le meilleur moyen de les surveiller tout en coupant court à leur influence grandissante sur la partie ouest, offrant les coudées libres aux éléphants pour reconstruire la cité occidentale. En réalité, cela les arrangeait bien et en cas de problème, le bouc-émissaire était tout choisi. C’était un jeu complexe et périlleux dans lequel l’homme s’était lancé. En rapprochant cette nouvelle faction du cœur historique de Volantis, il espérait non seulement que les siens puissent mieux les contrôler, mais aussi créer un contrepoids aux factions traditionnelles. C'était un pari risqué, mais Aelix avait toujours excellé dans l'art de transformer les menaces en opportunités, quitte à s’en brûler les ailes.
Le quinzième jour après son sauvetage, le négociant avait finalement décidé qu'il était temps d'agir. Il avait convié Rhaenar derrière le Mur Noir, dans l'enceinte de la vieille Volantis. Le lieu n'avait pas été choisi au hasard : c'était le cœur battant de la cité, là où l'histoire et le pouvoir se mêlaient intimement. Aelix attendait son invité dans les jardins d'une somptueuse villa, un cadeau qu'il avait préparé pour remercier son sauveur. Les jardins étaient un véritable paradis terrestre, un havre de paix au cœur de la tumultueuse Volantis. Des allées pavées de marbre blanc serpentaient entre des parterres de fleurs exotiques aux couleurs éclatantes. Des fontaines murmuraient doucement, leurs eaux cristallines reflétant le ciel d'un bleu intense. Des arbres centenaires offraient une ombre bienfaisante, leurs branches chargées de fruits mûrs et odorants. Au centre du jardin, un kiosque en bois précieux s'élevait, ses colonnes sculptées évoquant des dragons entrelacés. C'est là qu'Aelix avait choisi d'attendre, assis sur un banc de marbre observant l'entrée des jardins d'un œil à la fois anxieux et déterminé. Il avait à côté de lui quelques documents précieux. Il vit son visage portant encore les traces de ses pérégrinations datant d’il y a quinze jours. Heureusement que rien ne s’était infecté.
Lorsque Rhaenar apparut enfin, entourée de gardes éléphantines Aelix sentit son cœur s'accélérer. La ressemblance entre eux deux était encore plus frappante dans la lumière dorée du soleil à son zénith. Il observa son frère s'avancer, notant chaque détail, chaque geste qui confirmait sa conviction. Quand Rhaenar fut suffisamment proche, Aelix se leva, un sourire énigmatique aux lèvres. Il prit une profonde inspiration, rassemblant tout son courage pour les mots qu'il s'apprêtait à prononcer.« Bienvenue, Rhaenar Qhaegon », dit-il d'une voix posée, un peu agaçante. Il congédia les gardes bien rapidement.
« J’espère que tu vas pour le mieux. Je te présente ta nouvelle demeure, si tu l’acceptes. Cadeau de remerciement pour avoir sauvé ma pauvre vie. » L’ironie était une langue dont savait parfaitement faire usage Aelix. Mais la suite s’annonçait bien plus grave. Ce dernier tendu un premier document à son frère. « Ton acte de propriété. Bienvenue chez toi. » Large sourire évident. « Il va falloir lui trouver un nom. Et que je sache comment te nommer. Seigneur dragon, sire Qhaegon, tribun des dragons. Ou bien frère ? » Le mot "frère" avait été prononcé sur un ton légèrement provocateur, presque racoleur, et pourtant si grave. C’était comme une invitation à la confidence ou à la confrontation. Aelix scrutait le visage de Rhaenar, guettant la moindre réaction qui confirmerait ou infirmerait ses soupçons.
(c) DΛNDELION
Mar 27 Aoû 2024 - 21:27
Rhaenar Qhaegon
Seigneur des Cendres
Âge du Personnage : 36
Messages : 332
Dragons d'Or : 1301
The Flame Conundrum
Volantis - Vieille cité
An 130 - lune 4
Qu’il était étrange d’être de retour chez soi, dans leur modeste habitation qui ferait envier les esclaves et rire les plus grands nobles de Volantis. Si certains de ses frères et sœurs étaient nostalgiques entre ces murs, il n’en était rien pour Rhaenar, qui n’y avait jamais porté une quelconque attache. Les biens lui importaient peu. Il était certes agréable d’avoir un peu de confort en comparaison des années d’exils qu’ils avaient endurés, mais aucun sentiment n’en ressortait. Il n’était pas homme à penser au passé, à se rappeler les souvenirs d’enfance ou autres futilités qui lui encombrerait l’esprit. Certains le croient insensible, et ils n’auraient pas complètement tort. Seulement, ce sont les épreuves du passé qui l’ont rendu ainsi, acceptant ce que la vie pouvait bien lui offrir, occultant volontairement ses propres sentiments ou ressentiments. Puisqu’il est connu que le cœur des hommes les rend faibles.
Cependant, tout n’était pas resté tel quel. Le quartier où ils vivaient avait été saccagé, certains voisins étaient morts quand d’autres furent terrorisés par le passage des fer-nés. Mais le plus gros changement était ce qui importait l’ainé Qhaegon. Leurs actions pour sauver Volantis avait payé. Comme prévu leur prestige s’en était retrouvé grandi. Nombre de nobles étaient venus à leur porte, ou les conviant dans leur domaine afin de les récompenser en richesse. D’autres se sont intéressés à leur histoire, avant de poser leur soutien lorsque Rhaenar proposait sa vision d’une Nouvelle Volantis. La vie était bien comique, ils n’avaient pas grand chose, jusqu’à ce que le pouvoir des dieux viennent à eux. Alors, les portes de la réussite leur tendent les bras et les Qhaegons s’y engouffrent tout entier. Il ne restait plus qu’à atteindre les sommets pour changer les choses.
Alors qu’il s’apprêtait à rejoindre la demeure de son ancien mentor, Rhaenar fut stoppé à l’entrée de la sienne. Un messager s’annonça à lui, l’informant qu’il était invité à l’intérieur du Mur Noir par un membre de la maison Tagaros. Nul doute sur l’identité de la personne .. Le Qhaegon ne sut comment apprécier la nouvelle. D’un côté cela le rapprochait des hautes sphères, d’un autre pouvait-il faire confiance en cet homme qu’il trouvait si soupçonneux à leur précédente rencontre ? Précautionneux, Rhaenar intima à son cadet de rejoindre avec la famille son mentor, seul être en qui il avait réellement confiance en ces lieux. Laissant Fureur de Valyr à ses proches, il suivit le messager qui l’amenait aux portes du Mur Noir.
Lorsque les battants de celles-ci le laissèrent entrer dans la zone interdite aux basses naissances, après une fouille poussée des gardes, Rhaenar eut un sourire moqueur. Partout où son regard passait lui indiquait que chaque centimètre ici appartenait aux riches. Des sculptures majestueuses, aux motifs de la pierre sur le sol, des édifices colossaux et brillants de leur beauté, aux vêtements sophistiqués des esclaves, tout ne respirait que la suffisance. Tant d’argent et de ressources utilisés pour d’aussi médiocres raisons. Suivant toujours le messager, entouré cette fois-ci de gardes, il entra dans un espace verdoyant, un jardin colorés chaudement, surmontée d’un kiosque en bois suivit d’une splendide villa dont Rhaenar ne pouvait critiquer la beauté malgré l’exubérance.
Se rapprochant du kiosque, le son caractéristique de l’eau le berça avant que la fontaine ne se dessine sous ses yeux. Il détailla un instant les lieux, fronçant brièvement les sourcils à la vision de dragons entrelacés sur les colonnes. Il se croirait presque mort, au paradis des Quatorzes Flammes. Ce qui le retient dans sa rêverie fut ce visage qui le ramena instantanément sur Terre. Un frisson le gagna malgré lui alors qu’il avançait avec détermination dans sa gestuelle comme dans son regard. Lorsque son hôte se leva, ce sourire désagréable sur les lèvres, Rhaenar se stoppa dans sa lancée, gardant une distance correcte.
- Je vous remercie, Sir Tagaros.
Dit-il en acquiesçant de la tête, respectueusement. Il ne serait guère aussi imprudent que la fois dernière, où il avait perdu son sang-froid habituel. Mais qui aurait pu prédire que les frères se retrouveraient ? Alors que l’un aurait dû mourir bien plus tôt dans la vie. D’autant qu’avoir le même visage était des plus .. particuliers. Les gardes s’éclipsèrent à la demande du Tagaros, les laissant seuls. Le traquenard se fit sentir alors que son double lui présentait sa nouvelle demeure. Alors qu’il regardait avec perplexité les lieux, les dernières paroles du Tagaros l’atteignirent.
- Pauvre vie ..?
Eut-il le temps de ricaner en l’observant de haut en bas, légèrement soufflé par le décalage de cet homme. Avant que celui-ci ne continu son baratin, lui tendant un rouleau de parchemin qu’il prend avec précaution. Il l’ouvrit pour en vérifier le contenu tandis qu’Aelix continuait ses paroles. Mais ses yeux violets remontèrent dans ceux de son frère perdu, le foudroyant du regard à mention de leur lien de sang. Il savait donc. Rhaenar l’avait sous-estimé, il en avait conscience. En deux semaines, il avait appris ce que lui avait voulu taire. Refermant l’acte de propriété soigneusement, il rétorqua un brin agacé :
- Vous êtes d’abord bien trop familier à mon goût. Nous avons beau être de la même mère, nous ne sommes que des inconnus pour l’instant. Notre dernière entrevue n’était qu’une exception, basée sur l’urgence et l’étonnement. Par ailleurs, pardonnez-moi si je fus brusque.
Il reconnaissait être allé un peu trop loin. Et il ne valait visiblement pas se mettre à dos cet homme qui possédait des relations bien poussées.
- Revenons à l’essentiel, Sir. Comme votre .. enquête vous l’a appris, je me prénomme Rhaenar Qhaegon, seigneur dragon et l’ainé de ma maison, aussi modeste soit-elle.
Se présenta t-il d’une manière solennelle afin de convenir du respect qu’ils se devaient mutuellement. Cela tranchait étrangement avec leur première rencontre. Il en avait lui-même conscience, ne s’étant point reconnu à agir de la sorte avec impulsivité et idiotie. Lui qui repoussait ses émotions, elles ont débordées du socle. L’air tranquille, il contourna son hôte pour s’installer sur le banc en pierre, son regard se perdant dans la féerie du jardin.
- En toute sincérité .. J’ai fait quelques recherches à votre sujet également. Les rumeurs vont bon train .. Capitaine de l’Aurore, grand marchand opportuniste, blasphèmes envers R’Hllor, moultes primes sur votre tête, et pourtant .. vous êtes encore en vie. Son regard pivota avec curiosité vers le brun, tentant d’analyser l’homme qui aurait dû grandir avec lui. Impressionnant, dois-je dire. Serait-ce votre bonne étoile ou un talent se cache-t-il en vous ?
Ou le destin attendaient-ils qu’ils se recroisent ..? Tout était possible, et rien ne pourrait étonner le blanc après toutes les péripéties qu’il a enjambé. Après un temps de silence, un bras appuyé sur sa cuisse, la tête tournée vers son interlocuteur et sa main libre montrant le parchemin qu’il lui avait donné.
- Qu’est-ce que cela signifie au juste ..? Je ne suis pas de ceux qui croient en la générosité. Même pour vous avoir sauvé votre humble personne, il me semble disproportionné de m’offrir une place derrière le Mur Noir. Qu’en penseraient la faction du Tigre et de l’Elephant ? Ou encore d'autres nobles, votre famille ..? Quel est donc votre but, “mon frère” ? Appuya-t-il ces derniers mots avec sarcasme, le miroir scindant deux êtres qui se ressemblaient autant qu’ils s’opposaient.
Mer 4 Sep 2024 - 19:36
Aelix Tagaros
L'Architecte des courants
Âge du Personnage : 36 ans
Messages : 2817
Dragons d'Or : 4745
The Flame Conundrum
An 130, lune 4
« The past is never dead. It's not even past. »
Les jeux de pouvoir étaient sempiternels à Volantis ; les rivalités concurrentielles entre les deux factions, éléphants et tigres, offraient un schéma assez binaire. L’avènement des dragons était en cela un élément positif pour Aelix, qui appréciait la remise en question de l’ordre. C’était assez peu étonnant au vu de la nature provocatrice du personnage. Toutefois, par son sang, il était lié à deux factions, et de cela, l’homme ne savait pas vraiment quel ton donner à la partition qu’il jouerait dans les lunes à venir. Une certaine forme de pression était née, indirecte, inconsciente même, mais ultimement bien présente. Les zéphyrs du changement hurlaient, et l’homme savait déjà que sa place ne serait bientôt plus ici, car la situation pourrait bien devenir rapidement éruptive. Or, l’envie de se retrouver coincé dans des jeux de pouvoir locaux n’était pas vraiment l’envie première du Tagaros, qui préférait la liberté de se mouvoir. Déjà des regards inquisiteurs se posaient sur lui en raison d’une question d’apparat de visage. Quelle bande de cons. Pourtant, impossible de nier ce fait, et le fait qu’Aelix se trouvait le pied dans deux factions sans même qu’on lui ait demandé son avis. Alors, ce dernier comptait bien tenter de tirer profit de cette situation pour ensuite s’en aller loin, au cas où les choses dégénèrent. Une stratégie déjà ficelée qu’il savait être efficiente. Volantis n’avait de toute façon jamais eu grand attachement dans son cœur. Mais si le patricien parvenait à capitaliser sur les circonstances des derniers événements, alors la mise serait probablement la plus fantastique qu’un homme puisse rêver. Alors l’heure était venue de jouer et de prendre les premières mises… Perdantes dans un premier temps… mais il fallait savoir prendre des risques pour décrocher les étoiles.
Première réussite, le Qhaegon pénétrait dans les lieux et n’avait pas dénié l’invitation. Quel plaisir limité que de le voir. Mais il incarnait peut-être l’avenir, et pas le plus moche, fallait-il reconnaître, alors le Tagaros n’aurait d’autre choix que de faire avec, et de charmer comme le marchand avait si bien appris à le faire, à la différence que cette fois-ci, un affect bien curieux rentrait en jeu, ce qui n’était pas très accommodant. Il ne manquerait plus qu’Aelix se mette à avoir des scrupules, ce serait bien là la pire des choses. « Face à la mort, qu’importe que notre sang soit bleu ou rouge, nous sommes tous égaux. » répondit promptement le généreux homme, non sans un brin de sarcasme ancré dans une réalité bien… réelle ? Réponse pour réponse. Aelix était un être cruellement entier. D’ordinaire, lui qui était si mouvant pour plaire, cherchait bien plus à provoquer alors qu’il ne devrait pas. Ce dernier avait toujours agi ainsi à l’égard des membres de sa famille, mais c’était autre chose dans le cas présent.
L’homme fut surpris des excuses prononcés par Rhaenar. « L’épée n’était pas le signe d’hospitalité attendue, mais j’accepte vos excuses. » Alors Aelix commença à se modérer un peu, légèrement. « Je me montre aussi familier envers vous que je ne le serais avec n’importe quel autre volantain. N'y voyez ni privilège ni sacrilège. » Ce qui n’était pas totalement faux, et pas forcément le propos le plus apaisant qui soit. Bien rapidement le sérieux revint et la discussion aborda des sujets bien plus épineux. L’homme aux cheveux blanc se présenta de manière humble, trop pour être réaliste. Seigneur dragon n’était pas vraiment synonyme de modestie. Et soit son interlocuteur était aveugle à ce que son arrivée, de lui et des siens, avait provoqué ou bien était-il aussi bonimenteur que son frère… ce qui n’était pas pour déplaire à l’intéressé. « Je sais. » se contenta de dire le brun au blond lorsque ce dernier évoqua ses recherches. Pas parce que le premier avait surpris son frère en train d’enquêter mais simplement car son instinct lui criait et que somme toute c’était logique. « Les rumeurs ont toujours tendance à embellir la réalité, n’est-ce pas ? » Lui aussi savait jouer de vanité faussement dissimulée. « Il y a une forme de fortune dans mes succès. Et j’apprécie donner un coup de pouce au destin parfois pour tirer de meilleurs résultats aux dés. » Aelix dévisagea son interlocuteur. « Mais les gens ont souvent tendance à me considérer comme doué d’une insolente chance. Chacun étant libre d’y voir ce qu’il souhaite. » concluait-il en haussant les sourcils.
Rhaenar ne tarda pas à montrer les crocs sur la supposée générosité de son apparenté. Il n’était pas totalement sot malgré ses manières brusques et ses paroles froides. Cela fit pousser un long soupir au Tagaros. Pourquoi les gens n’étaient pas tous aisément manipulables. Cela rendrait les choses si simples. « Je vous invite à me suivre et à découvrir votre peut-être futur domaine, sauf si vous préférez me rendre l’acte tout de suite. » Aelix récupéra un des documents sur le banc de marbre et se mit en marche, à côté de frère. « Le sauvetage de ma modeste vie vaut bien modeste présent. » dit-il sur un ton cette fois-ci simplement amusé. Les pas résonnaient sur le marbre grisâtre tandis que la végétation alentour laissait son feuillage vibrait au rythme du vent. « Si les éléphants et les tigres n’étaient pas autant divisée par leur rivalité, probablement ne seriez vous déjà plus de ce monde, vous et les vôtres. » Pas une provocation, un constat froid et pragmatique. « Cela n’est qu’une réalité implacable, croyez-moi. Je suis certainement la dernière personne à apprécier jouer les moralisateurs. » Et tant pis si Rhaenar n’était pas capable d’écouter cet avertissement. « Votre popularité auprès du peuple vous protège également. Mais il vous déteste. » Et tuer maladroitement les dragons risquaient de provoquer un soulèvement… le rater… une guerre civile. « Quant à ma famille, ou plutôt notre famille, soyons précis…. » L’homme tendit un second papier à son interlocuteur. « Celle-ci semble ne pas avoir de trace de notre père qui s'avère être un individu ayant pris grand soin d’effacer nombres de ses traces. Entre temps, les anciens Tagaros ont emporté leurs secrets avec eux dans la tombe. » Aelix ricana légèrement. « Et votre faciès m’a mis dans un sacré merdier. »
Il arrivèrent sur le palier de l’entrée. De chaque côté, des colonnes corinthiennes imposantes s'élèvaient, décorées de feuilles d'acanthe finement sculptées, soutenant un fronton triangulaire orné de bas-reliefs représentant des scènes mythologiques draconiques. Le sol du vestibule était pavé de mosaïques colorées, formant des motifs géométriques ou des représentations symboliques, comme des chiens enchaînés pour signifier la protection de la demeure. De part et d'autre, des niches contenaient des statues en marbre de divinités ou d'ancêtres, veillant silencieusement sur les visiteurs. La porte en bois massif, incrustée de métaux précieux, menait directement à l'intérieur de la villa, laissant entrevoir le luxe et le raffinement qui caractérisaient toute la demeure. « Mon but ? » narra le Tagaros d’un ton clair. « Savoir précisément qui vous êtes afin de mieux parier sur l’avenir de Volantis. C’est aussi simple que cela et pourtant paradoxalement totalement fou. » Une nouvelle un léger rire accompagné d’un soupir. « Et vous que recherchez vous ? Votre retour dans cette cité n’a rien d’une anecdote quand vous auriez pu aller n’importe où dans le monde pour chercher la gloire. » Pourtant, il était là, à confronter son inconnu semblable dans une cruelle ironie du sort. « On entre ? »
Première réussite, le Qhaegon pénétrait dans les lieux et n’avait pas dénié l’invitation. Quel plaisir limité que de le voir. Mais il incarnait peut-être l’avenir, et pas le plus moche, fallait-il reconnaître, alors le Tagaros n’aurait d’autre choix que de faire avec, et de charmer comme le marchand avait si bien appris à le faire, à la différence que cette fois-ci, un affect bien curieux rentrait en jeu, ce qui n’était pas très accommodant. Il ne manquerait plus qu’Aelix se mette à avoir des scrupules, ce serait bien là la pire des choses. « Face à la mort, qu’importe que notre sang soit bleu ou rouge, nous sommes tous égaux. » répondit promptement le généreux homme, non sans un brin de sarcasme ancré dans une réalité bien… réelle ? Réponse pour réponse. Aelix était un être cruellement entier. D’ordinaire, lui qui était si mouvant pour plaire, cherchait bien plus à provoquer alors qu’il ne devrait pas. Ce dernier avait toujours agi ainsi à l’égard des membres de sa famille, mais c’était autre chose dans le cas présent.
L’homme fut surpris des excuses prononcés par Rhaenar. « L’épée n’était pas le signe d’hospitalité attendue, mais j’accepte vos excuses. » Alors Aelix commença à se modérer un peu, légèrement. « Je me montre aussi familier envers vous que je ne le serais avec n’importe quel autre volantain. N'y voyez ni privilège ni sacrilège. » Ce qui n’était pas totalement faux, et pas forcément le propos le plus apaisant qui soit. Bien rapidement le sérieux revint et la discussion aborda des sujets bien plus épineux. L’homme aux cheveux blanc se présenta de manière humble, trop pour être réaliste. Seigneur dragon n’était pas vraiment synonyme de modestie. Et soit son interlocuteur était aveugle à ce que son arrivée, de lui et des siens, avait provoqué ou bien était-il aussi bonimenteur que son frère… ce qui n’était pas pour déplaire à l’intéressé. « Je sais. » se contenta de dire le brun au blond lorsque ce dernier évoqua ses recherches. Pas parce que le premier avait surpris son frère en train d’enquêter mais simplement car son instinct lui criait et que somme toute c’était logique. « Les rumeurs ont toujours tendance à embellir la réalité, n’est-ce pas ? » Lui aussi savait jouer de vanité faussement dissimulée. « Il y a une forme de fortune dans mes succès. Et j’apprécie donner un coup de pouce au destin parfois pour tirer de meilleurs résultats aux dés. » Aelix dévisagea son interlocuteur. « Mais les gens ont souvent tendance à me considérer comme doué d’une insolente chance. Chacun étant libre d’y voir ce qu’il souhaite. » concluait-il en haussant les sourcils.
Rhaenar ne tarda pas à montrer les crocs sur la supposée générosité de son apparenté. Il n’était pas totalement sot malgré ses manières brusques et ses paroles froides. Cela fit pousser un long soupir au Tagaros. Pourquoi les gens n’étaient pas tous aisément manipulables. Cela rendrait les choses si simples. « Je vous invite à me suivre et à découvrir votre peut-être futur domaine, sauf si vous préférez me rendre l’acte tout de suite. » Aelix récupéra un des documents sur le banc de marbre et se mit en marche, à côté de frère. « Le sauvetage de ma modeste vie vaut bien modeste présent. » dit-il sur un ton cette fois-ci simplement amusé. Les pas résonnaient sur le marbre grisâtre tandis que la végétation alentour laissait son feuillage vibrait au rythme du vent. « Si les éléphants et les tigres n’étaient pas autant divisée par leur rivalité, probablement ne seriez vous déjà plus de ce monde, vous et les vôtres. » Pas une provocation, un constat froid et pragmatique. « Cela n’est qu’une réalité implacable, croyez-moi. Je suis certainement la dernière personne à apprécier jouer les moralisateurs. » Et tant pis si Rhaenar n’était pas capable d’écouter cet avertissement. « Votre popularité auprès du peuple vous protège également. Mais il vous déteste. » Et tuer maladroitement les dragons risquaient de provoquer un soulèvement… le rater… une guerre civile. « Quant à ma famille, ou plutôt notre famille, soyons précis…. » L’homme tendit un second papier à son interlocuteur. « Celle-ci semble ne pas avoir de trace de notre père qui s'avère être un individu ayant pris grand soin d’effacer nombres de ses traces. Entre temps, les anciens Tagaros ont emporté leurs secrets avec eux dans la tombe. » Aelix ricana légèrement. « Et votre faciès m’a mis dans un sacré merdier. »
Il arrivèrent sur le palier de l’entrée. De chaque côté, des colonnes corinthiennes imposantes s'élèvaient, décorées de feuilles d'acanthe finement sculptées, soutenant un fronton triangulaire orné de bas-reliefs représentant des scènes mythologiques draconiques. Le sol du vestibule était pavé de mosaïques colorées, formant des motifs géométriques ou des représentations symboliques, comme des chiens enchaînés pour signifier la protection de la demeure. De part et d'autre, des niches contenaient des statues en marbre de divinités ou d'ancêtres, veillant silencieusement sur les visiteurs. La porte en bois massif, incrustée de métaux précieux, menait directement à l'intérieur de la villa, laissant entrevoir le luxe et le raffinement qui caractérisaient toute la demeure. « Mon but ? » narra le Tagaros d’un ton clair. « Savoir précisément qui vous êtes afin de mieux parier sur l’avenir de Volantis. C’est aussi simple que cela et pourtant paradoxalement totalement fou. » Une nouvelle un léger rire accompagné d’un soupir. « Et vous que recherchez vous ? Votre retour dans cette cité n’a rien d’une anecdote quand vous auriez pu aller n’importe où dans le monde pour chercher la gloire. » Pourtant, il était là, à confronter son inconnu semblable dans une cruelle ironie du sort. « On entre ? »
(c) DΛNDELION
Mer 4 Sep 2024 - 22:34
Rhaenar Qhaegon
Seigneur des Cendres
Âge du Personnage : 36
Messages : 332
Dragons d'Or : 1301
The Flame Conundrum
- C’est exact. Mais en comparaison, la mort d’un esclave n’est rien comparé à la mort d’un patricien du Mur Noir.
Répondit le Qhaegon en ramenant ses mains dans son dos, prônant une allure droite face au noble Tagaros. S’ils étaient tous égaux face à la mort, ils ne l’étaient pas face à la vie. Bien plus cruelle, menaçante et hasardeuse. L’importance d’un homme dans sa vie, se reflète bien plus ardemment une fois que sa perte touche le monde. Des génies aux empereurs, des rois aux grands prêtres, des parents aux âmes-soeurs, des amis aux amants. Plus forte est l’influence d’un homme s’élevant dans les Quatorzes Flammes, plus forte est le manque dans l’environnement qu’il a quitté. Quel que soit le rôle d’Aelix au sein de sa famille, sa perte engendrerait un coup brutal aux Tagaros.
Aux paroles de son semblable, Rhaenar se maudit d’avoir ainsi perdu le contrôle et accusa le coup silencieusement. Agir impulsivement ne lui arrivait pas souvent. Mais lorsque cela arrivait, cela pouvait faire des dégâts .. Il se souvenait de ces gosses de campagne ayant passé à tabac son benjamin. Sous le ciel obscur, couvert d’une cape, il avait rejoint le village de ces moins que rien avec deux-trois hommes, et avait brûlé l’intégralité des maisons, bloquant les habitants dans leur tombeaux. Déjà à ce moment-là, il possédait une certaine affinité avec l’arme la plus destructrice du monde : les flammes. Quand son double s’était lié à la mer. Quelle ironie du sort.
S’installant sur le banc, Rhaenar lui compta ce qu’il avait appris à son sujet, à coup de rumeurs de taverne et d’échange avec certains nobles. Un petit sourire s’immisça sur ses lèvres alors qu’il secouait la tête au fait que les rumeurs embellissaient la réalité. Lui dirait plutôt qu’elles exagéraient pour certaines. Après tout, avoir une telle chance était dénuée de toute logique.. Le dragon entendait certains échos des paroles du brun en lui-même, c’était étrange.. Ils ne semblaient pas si différents sur certains côtés.
- Je dois dire que nous nous ressemblons sur ce point. Avoua-t-il en l’observant, plissant ses yeux comme pour comprendre l’homme à ses côtés, cela l’intriguait, sa curiosité piquée. Nous ne pouvons nous reposer seulement sur le destin. Il nous guide vers la voie à suivre, mais c’est à nous d’emprunter les bonnes portes, de provoquer des opportunités. La bonne fortune ne sourit qu’à ceux qui sont assez forts pour avoir l’audace de s’en emparer. Vous savez de quoi je parle, en tant que marchand et parieur ..
Croire en cette force invisible était bien loin d’un homme voué à la logique. Pourtant, y croire l’a aidé à tenir lors des moments les plus compliqués. Là où il n’y avait plus d’espoir, là où la survie n’était que leur quotidien. Cela lui donnait un objectif clair et net pour sa vision d’avenir. Il ne souhaitait plus être de ceux qui paient les pots cassés. Les dragons lui avaient donnés l’assurance nécessaire pour prendre des décisions capables de tout changer.
Le Tagaros l’invitait à le suivre alors qu’il venait de le questionner concernant le but de venue ici et de ce présent démesuré à son sens. Rhaenar ne voulait pas faire confiance facilement, c’était la première erreur à ne pas faire. Malheureusement, il lui fallait des alliés pour survivre, il le savait, et ce n’était guère les petites gens de l’autre côté du Mur Noir qui allaient faire pencher la balance. Il lui fallait un individu plus conséquent pour s’assurer une stabilité politique. Cependant, c’était à double tranchant. Il savait que les plus grands de Volantis étaient manipulateurs, ils n’en étaient pas arrivés là pour rien après tout. Il fallait seulement réussir à décoté la bonne personne. Aelix le serait-il ? En toute honnêteté, le Qhaegon ne le sentait pas, mais il fallait bien faire un effort.
Alors qu’ils s’approchaient de la grande villa, son miroir l’avertit quant à sa position actuelle. Comme s’ils n’étaient guère au courant de toutes ces petites subtilités qui lui torturait l’esprit depuis qu’il avait décidé de revenir à Volantis. La prudence était primordiale, aucune erreur n’était possible. Ils ne devaient en aucun cas se mettre à dos certaines personnes. Bien qu’il n’eut point encore la chance de parler aux grands d’ici, il mesurait ses paroles avec les petites gens. Puisque les rumeurs coulent vite de source. Il n’était pas fou, il avait une famille à protéger avant toute chose.
- Je ne suis pas un homme stupide, Tagaros. Ricana-t-il, loin d’être amusé par les paroles de son interlocuteur. Plus sérieux, il reprit, un air un peu plus grave : Je suis né ici, tout comme vous, je sais au combien la rivalité entre les Tigres et les Éléphants est houleuse. Elle s’est ressentie jusqu’aux ruelles des petits nobles, provoquant moult débats au sein de la noblesse et de l’armée. Je suis revenu ici, en tout état de cause avec ma famille. Je sais quelles sont les limites à ne pas franchir.
Le patricien vient à parler finalement de sa famille, avant de lui tendre un parchemin qu’il saisit sans comprendre où il souhaitait aller. Il l’ouvrit en écoutant les palabres concernant leur père en commun. Il n’y aurait apparemment plus aucune trace d’Ephyrios dans les documents officiels. Surprenant. Le mystère sur leur famille était étrange. Lorsqu’Aelix mentionna leur apparence similaire, le Qhaegon tourna son attention vers lui, arquant un sourcil :
- Je ne doute pas que notre similitude m’apportera un lot d’embarras également .. Aux vues de votre réputation. Il lâcha ensuite un soupire avant de monter le palier encadré par des colonnes finement sculptées, dont les détails attiraient le regard malgré son immatérialisme. Quant à notre père, je ne pense pas qu’il soit encore de ce monde. Il est parti il y a fort longtemps. Et nous l’avons longuement cherché ces dernières années, aucun signe de vie. Cependant .. Ce que je peux dire, c’est qu’avant de partir, il m’a énoncé l’objectif de son excursion. “Restaurer notre héritage”. Je n’y ai pas prêté attention sur le coup. Mais lorsque nous sommes tombés sur les œufs de dragons, cette devise n’a cessé de tourner dans mon esprit. Son regard se fit plus hagard, lointain, moins fixe alors qu’il reprenait d’une voix plus faible, comme empreinte d’un secret : Je me suis alors souvenu … De notre grand-mère qui parlait régulièrement une autre langue lorsqu’elle était seule. Seulement, je ne me souviens guère des détails.
Mensonge. Les rares fois où il voyait sa grand-mère avant son trépas, elle lui contait des histoires de ses terres natales. Une contrée où les seigneurs dragons avaient survécu au Fléau. Une contrée où ils étaient les rois de sept Royaumes. Elle lui avait conté, la conquête du Roi Aegon, puis les nombreuses rébellions y ayant lieu. Leur héritage était forcément là-bas. Malheureusement, elle ne lui a jamais raconté l’histoire la concernant, le laissant aujourd’hui dans le flou complet.
Placé près de la porte en bois, aux détails surmontés de pierres précieuses brillant sous la lueur de l’astre. Son but était donc simplement de penser à l’avenir de Volantis ? Plissant les yeux, le blanc fixa son miroir. Avant que ce dernier ne lui demande ce qu’il cherchait en revenant ici. A sa proposition d’entrer, le Qhaegon ne se fit pas prier, après un regard derrière lui sur les grands jardins, il saisit la poignée en forme de dragon longiligne et l’actionna avant de tirer vers lui. La porte était lourde, mais il n’eut aucun souci à l’ouvrir. L’entrée s’habilla alors face à lui, un haut plafond voûté, d’où sortait des trous de lumières pour illuminer des sculptures semblables à celles qu’il avait pu admirer dans les terres Valyriennes en plus modernisées et propres. Il entrait comme dans un temple, ses pas résonnant autour de lui, des ombres se dessinent sous lui grâce aux chandeliers dorés sur pied. Un grand escalier en pierre jaunit lui faisait face alors que deux ouvertures menaient à des salles différentes sur les côtés. Mais ce qui attirait une fois de plus l’attention du blanc, fut la présence de dragons surplombant des plaines sur une tapisserie. Ses paroles se décrochèrent finalement de ses lèvres :
- Ce que je recherche ..? Contrairement aux Tagaros, nous n’avions rien au départ. Ni influences, ni réelles richesses hormis un bordel. C’est à se demander pourquoi nos parents furent liés par ailleurs. Quelque chose nous manque dans l’équation.. Ajouta-t-il un brin décontenancé par leurs origines. Il se décida finalement à conter une partie de son histoire, comme auprès d’autres nobles, sans entrer dans les détails : Après plus d’une dizaine d'années d’absence de notre père, nous avons décidé de partir à sa recherche. Pas que nous l’aimions, seules nos sœurs y étaient attachées. Mais notre famille était notre bien le plus précieux. Durant notre voyage, notre navire s’est échoué dans la Mer Fumante après avoir été attaqué par .. Un frisson le gagna malgré lui à ce souvenir, avant qu’il ne se retourne pour marcher dans l’entrée, observant les détails de la pièce. Passons. Nous avons dû traverser les terres ravagées de l’Ancienne Valyria. Nous y avons vu d’anciens édifices, des ruines sur des kilomètres témoignant de la légendaire cité de Valyria et notre sang de dragon fut ravivé. Le destin nous a mené là-bas pour nous montrer le chemin.
Il fit une brève pause, plantant son regard dans le regard bleuté de son frère jusqu’alors caché. Sans filtre, il continua sans cacher ses intentions :
- Ce que je recherche .. C’est élevé la grandeur de Volantis à celle de l’Ancienne Valyria avant son déclin. Elle possède bien des avantages et des ressources, faut-il encore savoir bien les utiliser, et ne pas s’attarder sur des futilités afin de se concentrer sur l’essentiel. L’armée Volantaine est grande, mais elle n’est suffisamment pas estimée à sa juste valeur. Des patrouilles en cité, sur notre territoire, ou à laisser barboter dans leurs baraquements ? Ce n’est pas suffisant. Les envoyer défendre un ennemi de toujours sans obtenir aucune récompense à la clé ..? Pitoyable. Il est temps que Volantis change, pour son bien et le nôtre. L’appui de nos dragons ne sera qu’un plus pour notre cité, une puissance qui effraye mais dont on ne doit pas abuser.
Tout était bien établi dans sa tête. Ses années de formation auprès d’un vétéran de l’armée ou ses heures à parcourir les ouvrages avaient aiguisé son esprit. Il était temps que Volantis s’active avant que les autres cités ne se réveillent.
- Qu’en pensez-vous ? Que manque-t-il à cette cité pour briller davantage, à votre avis ? Demanda-t-il en exerçant un mouvement de la tête vers lui, espérant que son miroir possédait le même esprit ambitieux que le sien.
Sam 14 Sep 2024 - 21:28
Aelix Tagaros
L'Architecte des courants
Âge du Personnage : 36 ans
Messages : 2817
Dragons d'Or : 4745
The Flame Conundrum
An 130, lune 4
« The past is never dead. It's not even past. »
Aelix Tagaros se tenait face à son frère, un mélange de tension et de curiosité dans l’air. L’offre de la villa, bien que généreuse, n’était qu’un stratagème soigneusement pensé. Loin d’être simplement un geste de gratitude, c’était une manœuvre pour établir une relation plus complexe. Aelix avait toujours su jongler entre les opportunités et les dangers, et face à Rhaenar, il n’allait pas changer de méthode, bien au contraire. Il lui faudrait briller pour manoeuvrer habilement dans ce marasme où le moindre recoin pouvait potentiellement dissimuler un péril mortel. « Personne n’est irremplaçable, pas même le plus riche des hommes, pas même le plus puissant des personnages, pas même le plus exceptionnel des êtres. » Le temps ne prenait pas la peine de s’arrêter, continuant inlassablement de faire tourner la roue, qu’importait les évènements. Une simple vérité qui était aussi bien un avertissement pour l’un que pour l’autre. Si Rhaenar avait un orgueil aussi développé qu'Aelix, cela promettait. Et il fallait que le patricien adoré avoir le dernier mot, ce qui expliquait cette surenchère constante sur un sujet qui n’avait strictement aucune importance sur l’instant.
Aelix ne sut si l'acquiescement de son frère à ses paroles était une bonne chose. Probablement que oui, mais trouvait un semblable et être mit devant le fait accompli de ne pas être unique égratignait l’égo du charmant homme. Mais l’essentiel était ailleurs et refuser de laisser porter par les flots du destin pour favoriser le risque était une chose à laquelle le Qhaegon n’était pas insensible. « C’est une mentalité que j’approuve. Ce ne sont ni les étoiles ni les flammes qui façonnent le destin des audacieux, mais leur propre main. » Le marchand était un incroyant, hormis peut-être en la fortune et le hasard qui étaient ses deux divinités phares. Probablement irait-il en enfer pour cela s’il existait vraiment. La vie serait bien ennuyeuse si tout était déjà écrit. Toutefois, le roublard comprenait qu’il y avait une différence fondamentale entre son jumeau et lui. Le premier semblait en effet croire en la divinité ou en des puissances supérieures en refusant toutefois de croire en une forme de prédestination. Cette nuance était intéressante et peut-être y avait-il quelque chose à exploiter dedans.
Remontant l’allée parée d’un jardin luxuriant, le Tagaros avertit son semblable de la situation de Volantis et de certaines machinations. Le ricanement de Rhaenar ne fit nullement plaisir au probable jumeau ou frère. Aelix haussa un sourcil, un sourire ironique effleurant ses lèvres. Il prit une longue inspiration avant de répondre, son ton imprégné d'un sarcasme calculé. « Dis-moi, ces grandes leçons de prudence, tu les as apprises avant ou après avoir incendié la flotte fer-née ? Juste pour que je sache à quel moment je dois prendre des notes. » Il y avait une différence entre penser savoir connaître et connaître. « Tu n’es plus dans la basse ville ici mais derrière le mur noir. Une arène de prédateur qui a ses propres conventions et règles, bien loin de ce qui peut se jouer du côté de la nouvelle-cité. » Le propos était dur, mais réaliste. Aucun mot n’était mâché. « Peut-être commets-je l’erreur de te sous-estimer, mais prend garde à ne pas te surestimer. Ton dragon ne pourra rien pour te protéger si les partis adverses décident de s’en prendre à toi. » Et ils essayeront, si ce n’était pas déjà effectué. Le Qhaegon avait pour lui le soutien populaire immense. Supprimer un héros serait terrible alors que Volantis avait encore un genou à terre et le risque d’un soulèvement populaire chaotique serait bien la pire des choses actuellement. Si Aelix investissait sur Rhaenar, ce n’était pas pour tout perdre dès les prochaines lunes à cause d’un excès de confiance.
Le duo arriva sur le pas de la splendide villa. « Que tu es taquin. » répondit Aelix amusé par les paroles de son frère sur leur ressemblance et les risques que cela provoquerait en raison de la réputation du marchand. « Nous nous rendons chacun la monnaie de notre pièce. A moins que nous soyons les deux faces opposées d’un même écu. » terminait-il de manière faussement sérieuse. Rhaenar aborda le cas de sa famille. D’abord de son père, probablement leur père. Ce dernier avait parlé de restaurer un héritage, chercher quelque chose dans les ruines encore fumantes de Volantis, malgré l’écoulement de deux siècles depuis le cataclysme. Son miroir le considérait comme mort après ne pas avoir réussi à retrouver sa trace. Le dragonnier aborda ensuite la découverte du bien le plus cher du monde : les œufs de dragons. Enfin, il aborda le cas de sa grand-mère, sans doute paternelle, et de ce qu’elle lui racontait. C’était bien mystérieux.
« Les rumeurs sur votre départ dans les ruines de l'ancien empire étaient donc véridiques. C’est incroyable d’avoir survécu aussi longtemps dans un milieu aussi hostile. » Aelix était assez dubitatif, voilà un pari que jamais il n’aurait osé faire. Aucune raison poussait le marchand à croire que son interlocuteur lui racontait des balivernes sur cette thématique. « Je suis navré que tu n’ais pas réussi à retrouver ton père. Cela n’arrange pas nos affaires. » Le mystère resterait donc opaque encore pour un moment.
Les deux êtres pénétrèrent dans la vaste pièce d’entrée. Et c’est dans ces lieux que résonnèrent le glas des ambitions de Rhaenar. Voilà une très belle réussite pour le Tagaros qui avait obtenu l’information la plus importante pour ses pupilles azurs. Connaître les véritables intentions de l’autre rendait l’exercice du charme et de la conciliation bien plus facile. « Que d’ambitions. Et pourquoi ta famille ferait la différence contrairement aux autres ? » questionnait-il presque naïvement. Rhaenar avait un avis bien tranché sur la cité, et des objectifs de grandeur qui semblaient démesurés. Aelix ne s’était donc pas trompé dessus et cette confirmation était un large soulagement. Restez désormais à évaluer le poids de l’investissement à faire pour potentiellement tirer profit de la situation. Toutefois, le patricien n’eut guère le temps d’aborder la suite de ses idées que son semblable l’interrogea.
Aelix prit un moment pour réfléchir, laissant ses doigts glisser nonchalamment sur le rebord d'une table ornée. Il tourna lentement la tête vers Rhaenar, un sourire léger mais pénétrant sur les lèvres. « Ce qui manque à Volantis ? » commença-t-il, un ton vaguement moqueur dans la voix, non envers son frère mais bien envers les siens. « La cité a la taille, la richesse, et un certain prestige. Mais elle est morcelée, rongée par les querelles internes. Les Tigres et les Éléphants… deux factions qui préfèrent s’entre-déchirer pour des miettes plutôt que d’unir leurs forces pour quelque chose de plus grand » Il haussa les épaules, comme si l'évidence le frappait, mais que personne ne voulait la voir. « Ce qu’il manque, c’est une vision claire. Une ambition qui dépasse les luttes de pouvoir locales. Les patriciens et les nobles ne regardent que leurs petits fiefs, leur richesse immédiate. Mais sans unité, sans but commun, cette cité est condamnée à rester l’ombre de ce qu’elle pourrait être.» Aelix ne croyait pas entièrement à son propre discours, mais il devait bien donner le plus de gage possible à son interlocuteur et la grandiloquence naturelle du personnage lui permettait aisément de dissimuler ses demi-vérités. Ce dernier s’approcha un peu plus de Rhaenar, le regardant droit dans ses yeux pourpres, sa voix devenant plus tranchante, plus sérieuse.« Volantis pourrait connaître le firmament. Mais il faudra écraser les petites querelles, rassembler les forces sous une seule bannière, et avoir l’audace d’imaginer un nouvel empire valyrien. » Et à l’instar d’une pièce de théatre, Aelix laissa le silence planait avant d’aborder le plus essentiel. « Et pour cela il faudra un champion capable de défier à même la destinée… » Le Tagaros fit un sourire franc. « Et c’est précisément la raison de notre rencontre. »
Il invita son frère à poursuivre la visite. « Je n’ai pas d'appétence pour le pouvoir mais la richesse, les bonnes choses et les paris. » Les deux hommes arrivèrent dans une pièce où se tenait un très modeste banquet avec quelques alcools extrêmement rares ainsi que quelques mets. « Tu peux te servir» fit-il avant de rapidement retourner au sujet principal. « J’apprécie les entreprises risquées et évaluer un investissement est péremptoire, autant pour un marchand qu’un joueur. » Aelix s’installa sur une chaise massive avant de récupérer une pomme et de croquer dedans. « Alors, dis-moi, que ferais-tu concrètement pour Volantis ? »
Aelix ne sut si l'acquiescement de son frère à ses paroles était une bonne chose. Probablement que oui, mais trouvait un semblable et être mit devant le fait accompli de ne pas être unique égratignait l’égo du charmant homme. Mais l’essentiel était ailleurs et refuser de laisser porter par les flots du destin pour favoriser le risque était une chose à laquelle le Qhaegon n’était pas insensible. « C’est une mentalité que j’approuve. Ce ne sont ni les étoiles ni les flammes qui façonnent le destin des audacieux, mais leur propre main. » Le marchand était un incroyant, hormis peut-être en la fortune et le hasard qui étaient ses deux divinités phares. Probablement irait-il en enfer pour cela s’il existait vraiment. La vie serait bien ennuyeuse si tout était déjà écrit. Toutefois, le roublard comprenait qu’il y avait une différence fondamentale entre son jumeau et lui. Le premier semblait en effet croire en la divinité ou en des puissances supérieures en refusant toutefois de croire en une forme de prédestination. Cette nuance était intéressante et peut-être y avait-il quelque chose à exploiter dedans.
Remontant l’allée parée d’un jardin luxuriant, le Tagaros avertit son semblable de la situation de Volantis et de certaines machinations. Le ricanement de Rhaenar ne fit nullement plaisir au probable jumeau ou frère. Aelix haussa un sourcil, un sourire ironique effleurant ses lèvres. Il prit une longue inspiration avant de répondre, son ton imprégné d'un sarcasme calculé. « Dis-moi, ces grandes leçons de prudence, tu les as apprises avant ou après avoir incendié la flotte fer-née ? Juste pour que je sache à quel moment je dois prendre des notes. » Il y avait une différence entre penser savoir connaître et connaître. « Tu n’es plus dans la basse ville ici mais derrière le mur noir. Une arène de prédateur qui a ses propres conventions et règles, bien loin de ce qui peut se jouer du côté de la nouvelle-cité. » Le propos était dur, mais réaliste. Aucun mot n’était mâché. « Peut-être commets-je l’erreur de te sous-estimer, mais prend garde à ne pas te surestimer. Ton dragon ne pourra rien pour te protéger si les partis adverses décident de s’en prendre à toi. » Et ils essayeront, si ce n’était pas déjà effectué. Le Qhaegon avait pour lui le soutien populaire immense. Supprimer un héros serait terrible alors que Volantis avait encore un genou à terre et le risque d’un soulèvement populaire chaotique serait bien la pire des choses actuellement. Si Aelix investissait sur Rhaenar, ce n’était pas pour tout perdre dès les prochaines lunes à cause d’un excès de confiance.
Le duo arriva sur le pas de la splendide villa. « Que tu es taquin. » répondit Aelix amusé par les paroles de son frère sur leur ressemblance et les risques que cela provoquerait en raison de la réputation du marchand. « Nous nous rendons chacun la monnaie de notre pièce. A moins que nous soyons les deux faces opposées d’un même écu. » terminait-il de manière faussement sérieuse. Rhaenar aborda le cas de sa famille. D’abord de son père, probablement leur père. Ce dernier avait parlé de restaurer un héritage, chercher quelque chose dans les ruines encore fumantes de Volantis, malgré l’écoulement de deux siècles depuis le cataclysme. Son miroir le considérait comme mort après ne pas avoir réussi à retrouver sa trace. Le dragonnier aborda ensuite la découverte du bien le plus cher du monde : les œufs de dragons. Enfin, il aborda le cas de sa grand-mère, sans doute paternelle, et de ce qu’elle lui racontait. C’était bien mystérieux.
« Les rumeurs sur votre départ dans les ruines de l'ancien empire étaient donc véridiques. C’est incroyable d’avoir survécu aussi longtemps dans un milieu aussi hostile. » Aelix était assez dubitatif, voilà un pari que jamais il n’aurait osé faire. Aucune raison poussait le marchand à croire que son interlocuteur lui racontait des balivernes sur cette thématique. « Je suis navré que tu n’ais pas réussi à retrouver ton père. Cela n’arrange pas nos affaires. » Le mystère resterait donc opaque encore pour un moment.
Les deux êtres pénétrèrent dans la vaste pièce d’entrée. Et c’est dans ces lieux que résonnèrent le glas des ambitions de Rhaenar. Voilà une très belle réussite pour le Tagaros qui avait obtenu l’information la plus importante pour ses pupilles azurs. Connaître les véritables intentions de l’autre rendait l’exercice du charme et de la conciliation bien plus facile. « Que d’ambitions. Et pourquoi ta famille ferait la différence contrairement aux autres ? » questionnait-il presque naïvement. Rhaenar avait un avis bien tranché sur la cité, et des objectifs de grandeur qui semblaient démesurés. Aelix ne s’était donc pas trompé dessus et cette confirmation était un large soulagement. Restez désormais à évaluer le poids de l’investissement à faire pour potentiellement tirer profit de la situation. Toutefois, le patricien n’eut guère le temps d’aborder la suite de ses idées que son semblable l’interrogea.
Aelix prit un moment pour réfléchir, laissant ses doigts glisser nonchalamment sur le rebord d'une table ornée. Il tourna lentement la tête vers Rhaenar, un sourire léger mais pénétrant sur les lèvres. « Ce qui manque à Volantis ? » commença-t-il, un ton vaguement moqueur dans la voix, non envers son frère mais bien envers les siens. « La cité a la taille, la richesse, et un certain prestige. Mais elle est morcelée, rongée par les querelles internes. Les Tigres et les Éléphants… deux factions qui préfèrent s’entre-déchirer pour des miettes plutôt que d’unir leurs forces pour quelque chose de plus grand » Il haussa les épaules, comme si l'évidence le frappait, mais que personne ne voulait la voir. « Ce qu’il manque, c’est une vision claire. Une ambition qui dépasse les luttes de pouvoir locales. Les patriciens et les nobles ne regardent que leurs petits fiefs, leur richesse immédiate. Mais sans unité, sans but commun, cette cité est condamnée à rester l’ombre de ce qu’elle pourrait être.» Aelix ne croyait pas entièrement à son propre discours, mais il devait bien donner le plus de gage possible à son interlocuteur et la grandiloquence naturelle du personnage lui permettait aisément de dissimuler ses demi-vérités. Ce dernier s’approcha un peu plus de Rhaenar, le regardant droit dans ses yeux pourpres, sa voix devenant plus tranchante, plus sérieuse.« Volantis pourrait connaître le firmament. Mais il faudra écraser les petites querelles, rassembler les forces sous une seule bannière, et avoir l’audace d’imaginer un nouvel empire valyrien. » Et à l’instar d’une pièce de théatre, Aelix laissa le silence planait avant d’aborder le plus essentiel. « Et pour cela il faudra un champion capable de défier à même la destinée… » Le Tagaros fit un sourire franc. « Et c’est précisément la raison de notre rencontre. »
Il invita son frère à poursuivre la visite. « Je n’ai pas d'appétence pour le pouvoir mais la richesse, les bonnes choses et les paris. » Les deux hommes arrivèrent dans une pièce où se tenait un très modeste banquet avec quelques alcools extrêmement rares ainsi que quelques mets. « Tu peux te servir» fit-il avant de rapidement retourner au sujet principal. « J’apprécie les entreprises risquées et évaluer un investissement est péremptoire, autant pour un marchand qu’un joueur. » Aelix s’installa sur une chaise massive avant de récupérer une pomme et de croquer dedans. « Alors, dis-moi, que ferais-tu concrètement pour Volantis ? »
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Dim 22 Sep 2024 - 12:27
Rhaenar Qhaegon
Seigneur des Cendres
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The Flame Conundrum
Bien des choses semblaient opposer les deux siamois, hormis leur faciès et leur volubilité incontestable. Au-delà de leurs cheveux, leur éducation, leurs valeurs, leurs opinions, leurs vécus différents transparaissait à travers leur paroles. Cela s’entendait notamment sur leur bref débat concernant la vie et la mort. L’un ayant vécut envieux et ambitieux en dehors du Mur Noir, l’autre dans l’oppulence et la sécurité de ce dernier. Dans le fond, Aelix avait raison, la mort touchait tout le monde sans exception. Dans la forme, Rhaenar estimait que la mort d’un esclave serait bien plus aisément remplacé qu’un patricien Volantain. Ce qui était vrai, puisque leur vie avait moins de valeur, ils étaient seulement achetés et utilisés comme des meubles servant leurs maîtres.
Le blanc ne surrenchérit finalement pas, mais il n’en pensait pas moins. Qu’il gagne pour ce tour ci, cela n’arriverait pas à chaque fois .. Il lui laissait cette première satisfaction puérile. A travers leurs échanges, Rhaenar apprenait de son frère disparu. Un homme avec un égo aussi surdimensionné que le sien, couplé à un sceptique de la religion au vu des paroles qu’il tenait. Ce dernier point ne correspondait pas au dragon. Pour lui, les vies de ce monde étaient bâties sur des chemins qui s’entrecroisés, dont les ramifications pouvaient engendrer des rencontres, des catastrophes, des morts, ou .. la vie. S’il croyait au destin, il n’était pas de ceux qui attendaient que ses ambitions arrivent sur un plateau d’argent, c’est lui qui prendrait les rênes pour obtenir ce qu’il pensait lui être destiné. Depuis tout jeune, il sentait qu’il était destiné à de grandes chances. Et cela s’est concrétisé lorsque les Quatorzes Flammes ont rappelé à sa famille le don qu’ils étaient pourvus.
Suivant son miroir dans les allées du jardin, Rhaenar sentit le sarcasme des paroles moralisatrices du patricien Tagaros. Un regard noir lui fut accordé quant à l’attaque des fer-nés. Son tutoiement ne pouvait que s’ajouter à son agacement. Il ne répondit cependant pas tout de suite, sachant garder son calme et écoutant les avertissements de son interlocuteur. Avertissement qu’il n’ignorait pas par ailleurs.
- Mon imprudence d’après vous, vous a pourtant sauvé la mise. Ais-je eu tort, de vouloir agir comme bon citoyen de Volantis en protégeant notre cité de l’envahisseur ?
Peut-être aurait-il dû laisser les fer-nés finirent leur travail et débarquer après la mise à sac ? Peut-être aurait-il pu prendre la ville déjà affaiblie avec ses dragons ? Briser le mur Noir pour faire tomber les patriciens qu’il pensait inutile ? Au lieu de cela, il avait fait le choix du peuple, s’accordant leur affection avec son secours héroïque. Il avait finalement choisi la voie la plus compliquée, mais cela était par attachement envers ses terres natales. D’autant que s’il avait agit ainsi, d’autres problématiques lui seraient tombés dessus, il n’aurait guère eu de soutien en Volantis.
- Soit, je t'accorde que je ne navigue pas en terrain connu, c’est pour cela que je dois m’entourer des meilleurs éléments qui soit. Je savais qu’en revenant avec nos dragons, la situation ne serait pas simple. Nul doute que l’on tentera de nous éliminer. Mais je maintiens que nous pouvons être une force supplémentaire pour cette cité. Et qu’une fois de plus, elle ne devrait pas gâcher ses chances.
Lui répondit-il avec assurance, Volantis avait besoin de ce changement. Avant de sombrer dans les limbes avec l’ancienne Valyria, qui brillait pourtant toujours de sa réputation dorée d’antan. Montant les escaliers du ponton, Rhaenar observait les détails incrustés à l’entrée alors que le Tagaros s’amusait de ses paroles. Ses dernières paroles firent sourire le blanc, les deux faces opposées d’un même écu.. Cela semblait être bel et bien le cas. Alors que le Dragon lui contait vaguement ses péripéties de vie, il sentait l’air circonspect de son interlocuteur, le même qu’il voyait chez beaucoup d’autres. Il n’en n’avait en réalité cure, il s’agissait de sa vérité, et il n’avait rien à prouver à personne à ce sujet là.
- Peut-être te conterais-je les détails de notre aventure, un de ces jours. Mais oui, nous avons été veinards de nous en sortir indemne.
Pour ce qui était de leur père, Rhaenar fit un geste de la main, comme si cela n’était point important. Ce qui était grandement le cas à son sujet. Même si d’un côté, cela soulevait des questions sans réponses quant à son jumeau. Passant les portes, l’opulence sautait aux yeux du dragon qui ne s’attachait qu’à certains détails. Il n’était pas très porté sur le matérialisme, il avait vécu longtemps sans une maison, une telle.. abondance de richesse le laissait de marbre. Venant d’expliquer ses objectifs, en tout cas, ceux qu’il laissait entrevoir, le brun lui demanda pourquoi sa famille ferait une quelconque différence. Un rictus amusé se dessina sur ses lèvres avant qu’il ne réponde par une autre question, un ton grave :
- La question que vous devriez plutôt vous poser, est pourquoi aucune famille n’a jusqu’à lors jamais fait la différence ? Depuis de trop nombreuses années, les factions n’ont eu de cesse de s’affronter indirectement, mettant à mal nos expéditions, nos souhaits d’expansions, nos ressources, nos potentielles évolutions. Si les factions sont ainsi opposées, comment peuvent-ils gouverner comme il se doit ? Comment Volantis peut briller, alors que la guerre se fait à l’intérieur de ses murs ?
Là était tout le gros problème de cette cité. Elle possédait tout ce qu’il fallait pour réussir, mais les hommes sont ce qu’ils sont … Ambitieux pour leur poire, désireux de s’enrichir uniquement eux, pas assez réfléchi pour penser au long terme. Rhaenar finit cependant par répondre franchement à la question :
- Nous venons de loin, nous avons survécu à des épreuves que peu d’autres auraient pu endurer. Nous n’avons pas seulement l’ambition de régner, nous avons également le recul et la force de faire changer les choses en Volantis. Notre famille fera la différence. Puisqu’elle ne fait partie ni des Tigres ni des Éléphants. Puisqu’elle n’est guidée que par la gloire de notre patrie.
En vérité, c’était un peu plus compliqué que cela. Rhaenar souhaitait la gloire de sa famille, et s’il pouvait faire grandir sa patrie avec, il saisirait l’opportunité au vol. Si Volantis n’était pas suffisamment apte, le feu jaillirait pour évincer les obstacles. Rhaenar n’avait aucun autre frein que celui de sa famille, tant qu’ils seraient en sécurité, il pourrait agir librement.
Rhaenar s’était alors intéressé à l’avis du Tagaros. Il comprit donc qu’il partageait amplement le sien. La cité serait condamnée à rester l’ombre de ce qu’elle pourrait être … Bien pire que cela, les ennemis ancestraux viendront couper la tête du tigre et de l’éléphant une bonne fois pour tête. Il en valait de la survie des Volantains. Les dernières paroles interloquèrent le blanc. Un sourcil relevé, il clama :
- La raison de notre rencontre, hein ..? Vous croyez bien plus à la destinée que vous ne le pensez. Sous-entendez-vous par là que vous souhaitez miser sur ma famille ?
Le dragon ne refusait aucun allié à son compte, la situation était telle qu’il avait besoin de soutien, plus que jamais pour atteindre le sommeil de Volantis et pouvoir potentiellement changer les choses. Aelix lui fit alors signe de le suivre, passant une nouvelle porte qui menait à un petit banquet, garni d’alcool, de fruits et de plats en tout genre. S’approchant de la table, le blanc étancha sa curiosité en découvrant la rareté des boissons. Il n’était pas un féru d’alcool, il buvait très peu à vrai dire. Mais il savait apprécier les bonnes choses dans quelques rares occasions. Aelix lui demandait alors ce qu’il ferait pour la cité tandis qu’il s’installait. Son regard changea d’itinéraire vers son double, avant d’expliquer :
- Je promouvrais l’unité, que les factions s’unissent au lieu de se diviser. Prenons l’exemple des cités-libres de Myr, Tyrosh et Lys. Si elles ont survécu aux assauts de Volantis, c’est grâce à leur alliance, la Triarchie. Si l’une est attaquée, les autres la soutiendront. Rester seul est une mauvaise idée, autant que de saboter ses potentiels alliés. Notre choix actuel est simple : Disparaître ou se donner toutes les chances possibles. Rhaenar prit un instant pour organiser ses pensées. Dans peu de temps auront lieu les nouvelles élections. Les Dragons veulent en être. Rééquilibrons les forces au sein même du Conseil des 3. Un Éléphant, un Tigre et un Dragon. Les deux premiers sont essentiels à notre cité, mais ils ne travaillent pas en équipe. Je veux faire partie de la danse, même si cela ne sera pas simple. Je serais celui qui veut unir notre peuple. Celui qui veut développer autant les éléphants que les tigres. Celui qui veut s’ouvrir au monde extérieur. Nous sommes trop isolés, que ce soit pour le commerce ou pour la guerre, nous avons besoin d’alliés extérieurs.
Rhaenar se redressa, se saisit de la bouteille qui l’avait intrigué en premier lieu, avec une étiquette dont l’écriture semblait venir de l’Est, qui était en réalité un saké de l’île de Leng. Il servit deux coupes modérément avant de reposer la bouteille. Il récupéra les verres et en tendit un à son jumeau :
- Qu’en dites-vous mon frère, souhaitez-vous être mon allié ? Souhaitez-vous participer au renouveau de Volantis ?
Dim 10 Nov 2024 - 12:58
Aelix Tagaros
L'Architecte des courants
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The Flame Conundrum
An 130, lune 4
« The past is never dead. It's not even past. »
Le destin avait un sens de l'ironie particulier en réunissant deux êtres aussi semblables dans leurs différences. Aelix et Rhaenar partageaient bien plus que leurs traits physiques identiques - leur assurance naturelle et leur éloquence tissaient un fil invisible entre eux. Chacun maniait les mots avec une précision calculée, dansant dans cette conversation comme deux escrimeurs experts. Leur volonté d'avoir le dernier mot trahissait un orgueil similaire, même si leurs ambitions divergeaient fondamentalement. Là où Rhaenar rêvait de grandeur pour Volantis à travers le pouvoir direct, Aelix préférait tisser sa toile dans l'ombre, manipulant les fils du commerce et de l'influence. Les deux hommes se jaugeaient continuellement, chacun cherchant à déceler les véritables intentions de l'autre derrière le masque de la courtoisie et de provocations volontiers envoyées à l’autre. L’hubris de chacun était grand, mais leur forme ne semblait pas entrer en conflit ouvert en raison des aspirations finales de chacun.
Le sauvetage lors de l'attaque des Fer-nés avait créé un lien particulier entre eux, une dette que ni l'un ni l'autre ne pouvait ignorer, mais qu'ils abordaient différemment. Pour Rhaenar, c'était la preuve de sa valeur et de sa légitimité à diriger. Pour Aelix, c'était à la fois une reconnaissance nécessaire et une opportunité à exploiter avec prudence. Les deux frères partageaient cette capacité à transformer chaque situation à leur avantage, même si leurs méthodes différaient grandement sur les moyens à utiliser, du moins en apparence. La finalité demeurait d’emporter la mise. Cet échange subtile entre gratitude et calcul politique reflétait parfaitement leur nature commune - des stratèges nés, habitués à évaluer leur prochain à travers dialogues et actes pour son potentiel impact futur. « La gratitude n'exclut pas la lucidité, Rhaenar. Un héros mort ne sauve plus personne, et Volantis a suffisamment de martyrs dans son histoire. » concluait-il. Puis il y a eu un acte férocement politique derrière tout cela même si le sauvetage du Tagaros n’était qu’une opportunité.
Aelix observa son reflet vivant servir le saké de Leng avec une élégance naturelle. Le geste, tout comme leurs échanges précédents, illustrait parfaitement leur dualité - deux faces d'une même pièce, similaires dans leur forme mais opposées dans leur essence. « Une alliance ? » répondit Aelix en acceptant la coupe, un sourire énigmatique aux lèvres. « Voilà une proposition qui mérite réflexion. Les éléphants n'apprécient guère la concurrence, et les dragons ont déjà la réputation d'être... disons, inflammables. » L’homme alla poser sa dextre sur son menton. Il ne répondrait pas à la pique de son interlocuteur sur la fortuité de leur rencontre puisque c’était exactement sur ce terrain-ci qu’il souhaitait conduire son semblable.
Le patricien fit tourner le liqueur dans son verre, admirant ses reflets ambrés avant de poursuivre : « Mais il est vrai que la stagnation actuelle ne profite à personne. Les querelles entre factions paralysent Volantis depuis trop longtemps. » Aelix se leva et commença à arpenter la pièce, son verre à la main. « Ta vision d'une Volantis unie n'est pas sans mérite. Les cités-libres nous ont effectivement donné une leçon d'unité que nous aurions tort d'ignorer. Cependant... » Il s'arrêta près d'une fenêtre, observant par une fenêtre extérieure le jardin « Les éléphants ne renonceront pas facilement à leur emprise sur le commerce. Tout comme les tigres ne déposeront pas leurs armes sur une simple promesse de changement. » Se retournant vers son frère, il adopta un ton plus direct : « Tu parles d'équilibre, de réunir les factions. Mais dis-moi, comment comptes-tu convaincre ceux qui profitent du système actuel d'accepter ce changement ? Les promesses de grandeur future pèsent peu face aux privilèges immédiats. Et l’unité se fait au prix de compromis. »
Le marchand but une gorgée de saké avant de continuer : « Je ne dis pas non à une alliance, mais je dois penser aux intérêts de ma faction. Les éléphants m'ont offert protection et opportunités quand j'en avais besoin. Leur faire faux bond maintenant serait... imprudent. » Il marqua une pause calculée, laissant ses mots faire leur effet. « Cependant, si tu pouvais garantir certains... arrangements commerciaux, certaines protections pour les intérêts des éléphants, et des Tagaros, dans ta nouvelle vision de Volantis, peut-être pourrions-nous trouver un terrain d'entente. »
Aelix retourna s'asseoir, fixant son jumeau de ses yeux perçants. « Tu as sauvé ma vie, c'est vrai. Et je reconnais ta valeur, ainsi que le potentiel de changement que représentent les dragons. Mais la gratitude seule ne peut dicter la politique. Il nous faut des garanties concrètes, des compromis réalistes. » Le patricien posa sa coupe sur la table avec une précision délibérée. « Alors, mon frère, parlons de ces garanties. Que peux-tu offrir aux éléphants pour les convaincre que ton règne ne signifiera pas leur fin ? Comment comptes-tu maintenir cet équilibre dont tu parles une fois au pouvoir ? Car ce que tu souhaites au fond, finalement, n’est-ce pas une supériorité des reptiles sur les mammifères ? »
La balle était maintenant dans le camp de Rhaenar. Aelix avait habilement posé ses conditions tout en laissant la porte ouverte aux négociations. C'était un exercice délicat - montrer suffisamment d'intérêt pour maintenir le dialogue tout en établissant clairement ses limites et ses exigences. Le marchand savait qu'il marchait sur une ligne fine entre opportunité et danger. Une alliance avec les dragons pourrait effectivement changer la donne à Volantis, mais le prix d'un tel changement devait être soigneusement négocié.
« Je suis curieux de voir comment tu envisages de naviguer dans ces eaux troubles. Ton siège tu l’auras aisément au conseil, brisant la majorité des Tigres obtenus après des décennies de règne des éléphants. », conclut Aelix avec un léger sourire. « Car entre les ambitions des félins, la prudence des pachydermes et maintenant l'ardeur des dragons, Volantis risque de devenir soit un creuset d'innovations et de puissance, soit un champ de ruines. Et je préfère nettement la première option. »
Le sauvetage lors de l'attaque des Fer-nés avait créé un lien particulier entre eux, une dette que ni l'un ni l'autre ne pouvait ignorer, mais qu'ils abordaient différemment. Pour Rhaenar, c'était la preuve de sa valeur et de sa légitimité à diriger. Pour Aelix, c'était à la fois une reconnaissance nécessaire et une opportunité à exploiter avec prudence. Les deux frères partageaient cette capacité à transformer chaque situation à leur avantage, même si leurs méthodes différaient grandement sur les moyens à utiliser, du moins en apparence. La finalité demeurait d’emporter la mise. Cet échange subtile entre gratitude et calcul politique reflétait parfaitement leur nature commune - des stratèges nés, habitués à évaluer leur prochain à travers dialogues et actes pour son potentiel impact futur. « La gratitude n'exclut pas la lucidité, Rhaenar. Un héros mort ne sauve plus personne, et Volantis a suffisamment de martyrs dans son histoire. » concluait-il. Puis il y a eu un acte férocement politique derrière tout cela même si le sauvetage du Tagaros n’était qu’une opportunité.
Aelix observa son reflet vivant servir le saké de Leng avec une élégance naturelle. Le geste, tout comme leurs échanges précédents, illustrait parfaitement leur dualité - deux faces d'une même pièce, similaires dans leur forme mais opposées dans leur essence. « Une alliance ? » répondit Aelix en acceptant la coupe, un sourire énigmatique aux lèvres. « Voilà une proposition qui mérite réflexion. Les éléphants n'apprécient guère la concurrence, et les dragons ont déjà la réputation d'être... disons, inflammables. » L’homme alla poser sa dextre sur son menton. Il ne répondrait pas à la pique de son interlocuteur sur la fortuité de leur rencontre puisque c’était exactement sur ce terrain-ci qu’il souhaitait conduire son semblable.
Le patricien fit tourner le liqueur dans son verre, admirant ses reflets ambrés avant de poursuivre : « Mais il est vrai que la stagnation actuelle ne profite à personne. Les querelles entre factions paralysent Volantis depuis trop longtemps. » Aelix se leva et commença à arpenter la pièce, son verre à la main. « Ta vision d'une Volantis unie n'est pas sans mérite. Les cités-libres nous ont effectivement donné une leçon d'unité que nous aurions tort d'ignorer. Cependant... » Il s'arrêta près d'une fenêtre, observant par une fenêtre extérieure le jardin « Les éléphants ne renonceront pas facilement à leur emprise sur le commerce. Tout comme les tigres ne déposeront pas leurs armes sur une simple promesse de changement. » Se retournant vers son frère, il adopta un ton plus direct : « Tu parles d'équilibre, de réunir les factions. Mais dis-moi, comment comptes-tu convaincre ceux qui profitent du système actuel d'accepter ce changement ? Les promesses de grandeur future pèsent peu face aux privilèges immédiats. Et l’unité se fait au prix de compromis. »
Le marchand but une gorgée de saké avant de continuer : « Je ne dis pas non à une alliance, mais je dois penser aux intérêts de ma faction. Les éléphants m'ont offert protection et opportunités quand j'en avais besoin. Leur faire faux bond maintenant serait... imprudent. » Il marqua une pause calculée, laissant ses mots faire leur effet. « Cependant, si tu pouvais garantir certains... arrangements commerciaux, certaines protections pour les intérêts des éléphants, et des Tagaros, dans ta nouvelle vision de Volantis, peut-être pourrions-nous trouver un terrain d'entente. »
Aelix retourna s'asseoir, fixant son jumeau de ses yeux perçants. « Tu as sauvé ma vie, c'est vrai. Et je reconnais ta valeur, ainsi que le potentiel de changement que représentent les dragons. Mais la gratitude seule ne peut dicter la politique. Il nous faut des garanties concrètes, des compromis réalistes. » Le patricien posa sa coupe sur la table avec une précision délibérée. « Alors, mon frère, parlons de ces garanties. Que peux-tu offrir aux éléphants pour les convaincre que ton règne ne signifiera pas leur fin ? Comment comptes-tu maintenir cet équilibre dont tu parles une fois au pouvoir ? Car ce que tu souhaites au fond, finalement, n’est-ce pas une supériorité des reptiles sur les mammifères ? »
La balle était maintenant dans le camp de Rhaenar. Aelix avait habilement posé ses conditions tout en laissant la porte ouverte aux négociations. C'était un exercice délicat - montrer suffisamment d'intérêt pour maintenir le dialogue tout en établissant clairement ses limites et ses exigences. Le marchand savait qu'il marchait sur une ligne fine entre opportunité et danger. Une alliance avec les dragons pourrait effectivement changer la donne à Volantis, mais le prix d'un tel changement devait être soigneusement négocié.
« Je suis curieux de voir comment tu envisages de naviguer dans ces eaux troubles. Ton siège tu l’auras aisément au conseil, brisant la majorité des Tigres obtenus après des décennies de règne des éléphants. », conclut Aelix avec un léger sourire. « Car entre les ambitions des félins, la prudence des pachydermes et maintenant l'ardeur des dragons, Volantis risque de devenir soit un creuset d'innovations et de puissance, soit un champ de ruines. Et je préfère nettement la première option. »
(c) DΛNDELION
Lun 11 Nov 2024 - 11:18
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