Serena Manderly
La Sirène à la Hache
Âge du Personnage : 28 ans
Messages : 386
Dragons d'Or : 1130
Un rêve de printemps
@Torrhen Manderly et Serena Manderly
An 132, lune 3
Le printemps était là. Et pour la première fois, Serena ne voyait pas matière à s’en réjouir.
Elle avait été surprise, lorsque que leur Mestre lui avait annoncé la venue d’un corbeau blanc. Soulagée aussi. Des temps meilleurs s’annonçaient, au moins pour ce qui était de la neige et du froid. Elle n’avait pas le cœur à la fête, alors que la nouvelle aurait mérité un bon verre de vin de La Treille ou quelques feux de joie dans la ville. Après les privations, une nouvelle ère plus providentielle leur parvenait. Le sourire de la Sirène restait pâle, pourtant. Lorsque les dragons se regardaient en chiens de faïence, de la paix, il ne restait plus qu’une illusion, un mirage qui se faisait de plus en plus intangible.
Serena jouait avec le petit feuillet apporté par leur Mestre. Elle ne doutait pas que la nouvelle s’était déjà répandue dans toute leur demeure. Demain, les quartiers les plus proches seraient au courant. L’ensemble de la ville le serait dans la semaine, sans doute moins, les marins ne manqueraient pas de répandre la bonne nouvelle. La joie et l’optimisme seraient de retour au même titre que les plus grandes galères. Leurs cales regorgeaient de richesses qui ne manqueraient pas de faire la fortune de leur cité. La vie reprendrait son cours, c’était peut-être la seule espérance que pouvait réellement nourrir son cœur troublé.
« … Les villageois et les notables voudront festoyer. remarqua Serena, en se détournant de la fenêtre, faisant face à son époux. J’aimerai nourrir une pareille envie. Il y a bien longtemps que nous ne nous sommes pas réjouis pour quelque chose. »
Blancport avait porté le deuil d’une partie de ses habitants et de sa famille dirigeante, puis celui des victimes de l’Hiver dans un même temps. Une année de profonde tristesse, de pleurs et de sanglots. A présent que la Mort semblait avait desserré ses griffes, aux Vivants d’en profiter. Serena s’en voulait presque de ne pas avoir d’enfant à présenter à cette occasion. Un héritier, voilà une belle preuve de renouveau, de confiance en l’avenir. Mais aucun fruit n’avait pris place au creux de ses entrailles. Elle avait encore saigné il y a peu, une profonde détresse la prenant à cette vue. Le soulagement de ne pas porter d’enfant l’avait quitté. Une fois de plus, elle avait failli à ses responsabilités.
Il fallait dire qu’ils avaient eu tant à faire, ces dernières lunes. Prendre la tête d’une cité entière, l’une des plus importantes du Nord, n’était pas une mince affaire. Cela avait occupé toutes leurs pensées, guidé tous leurs gestes. Ils devaient faire leurs preuves, et plutôt deux fois qu’une, pour faire à la fois honneur à leurs défunts et à leurs nouvelles responsabilités. Ils étaient de ces personnes qui ne voulaient point le pouvoir et qui se retrouvaient à manier cette épée sans poignée sans réellement y avoir été préparés.
Serena esquissa un pas, puis un autre. Elle finit par retrouver sa place précédente, assise devant le bureau de son époux. La Sirène joua un instant avec ses robes, songeant qu’elles seraient seraient bientôt trop lourdes pour la belle saison. Elle acheva de lisser un pli, déposant finalement le feuillet devant elle. La née-Cerwyn avait gardé un certain nombre d’amitiés au Sud. Des amis qui ne manquaient pas de l’informer de tout ce qui pouvait bien se passer. Au moins avaient-ils des nouvelles fraîches fréquemment, un luxe dont il ne fallait pas se priver dans leur situation.
« Je crains que nous n’ayons pas le choix. Nous allons devoir aborder des sujets quelques peu épineux. »
Un sourire gêné se glissa sur ses lèvres. Elle aimait son époux et leurs disputes étaient rares. Cela leur arrivait, bien sûr. Mais à chaque fois, ils s’étaient réconciliés. Car aucun d’eux ne voulait vivre sans l’autre ou le blesser trop fortement. Cela faisait à la fois leur force et leur faiblesse. Ils ne s’étaient jamais opposés. En tout cas, cela n’avait jamais duré plus de quelques jours. Pour la première fois, Serena doutait. Un doute léger, mais qui n’en restait pas moins insidieux. Que devaient-ils faire ? Pour eux-deux, pour les Manderly, pour Blancport ? Pour le Nord au sens le plus large ?
« Les nouvelles ne sont pas mauvaises, sans pour autant être bonnes. reprit la Manderly, simplement. Le calme avant la tempête. Tu sais aussi bien que moi que cette sérénité peut être bien trompeuse. »
Elle avait été surprise, lorsque que leur Mestre lui avait annoncé la venue d’un corbeau blanc. Soulagée aussi. Des temps meilleurs s’annonçaient, au moins pour ce qui était de la neige et du froid. Elle n’avait pas le cœur à la fête, alors que la nouvelle aurait mérité un bon verre de vin de La Treille ou quelques feux de joie dans la ville. Après les privations, une nouvelle ère plus providentielle leur parvenait. Le sourire de la Sirène restait pâle, pourtant. Lorsque les dragons se regardaient en chiens de faïence, de la paix, il ne restait plus qu’une illusion, un mirage qui se faisait de plus en plus intangible.
Serena jouait avec le petit feuillet apporté par leur Mestre. Elle ne doutait pas que la nouvelle s’était déjà répandue dans toute leur demeure. Demain, les quartiers les plus proches seraient au courant. L’ensemble de la ville le serait dans la semaine, sans doute moins, les marins ne manqueraient pas de répandre la bonne nouvelle. La joie et l’optimisme seraient de retour au même titre que les plus grandes galères. Leurs cales regorgeaient de richesses qui ne manqueraient pas de faire la fortune de leur cité. La vie reprendrait son cours, c’était peut-être la seule espérance que pouvait réellement nourrir son cœur troublé.
« … Les villageois et les notables voudront festoyer. remarqua Serena, en se détournant de la fenêtre, faisant face à son époux. J’aimerai nourrir une pareille envie. Il y a bien longtemps que nous ne nous sommes pas réjouis pour quelque chose. »
Blancport avait porté le deuil d’une partie de ses habitants et de sa famille dirigeante, puis celui des victimes de l’Hiver dans un même temps. Une année de profonde tristesse, de pleurs et de sanglots. A présent que la Mort semblait avait desserré ses griffes, aux Vivants d’en profiter. Serena s’en voulait presque de ne pas avoir d’enfant à présenter à cette occasion. Un héritier, voilà une belle preuve de renouveau, de confiance en l’avenir. Mais aucun fruit n’avait pris place au creux de ses entrailles. Elle avait encore saigné il y a peu, une profonde détresse la prenant à cette vue. Le soulagement de ne pas porter d’enfant l’avait quitté. Une fois de plus, elle avait failli à ses responsabilités.
Il fallait dire qu’ils avaient eu tant à faire, ces dernières lunes. Prendre la tête d’une cité entière, l’une des plus importantes du Nord, n’était pas une mince affaire. Cela avait occupé toutes leurs pensées, guidé tous leurs gestes. Ils devaient faire leurs preuves, et plutôt deux fois qu’une, pour faire à la fois honneur à leurs défunts et à leurs nouvelles responsabilités. Ils étaient de ces personnes qui ne voulaient point le pouvoir et qui se retrouvaient à manier cette épée sans poignée sans réellement y avoir été préparés.
Serena esquissa un pas, puis un autre. Elle finit par retrouver sa place précédente, assise devant le bureau de son époux. La Sirène joua un instant avec ses robes, songeant qu’elles seraient seraient bientôt trop lourdes pour la belle saison. Elle acheva de lisser un pli, déposant finalement le feuillet devant elle. La née-Cerwyn avait gardé un certain nombre d’amitiés au Sud. Des amis qui ne manquaient pas de l’informer de tout ce qui pouvait bien se passer. Au moins avaient-ils des nouvelles fraîches fréquemment, un luxe dont il ne fallait pas se priver dans leur situation.
« Je crains que nous n’ayons pas le choix. Nous allons devoir aborder des sujets quelques peu épineux. »
Un sourire gêné se glissa sur ses lèvres. Elle aimait son époux et leurs disputes étaient rares. Cela leur arrivait, bien sûr. Mais à chaque fois, ils s’étaient réconciliés. Car aucun d’eux ne voulait vivre sans l’autre ou le blesser trop fortement. Cela faisait à la fois leur force et leur faiblesse. Ils ne s’étaient jamais opposés. En tout cas, cela n’avait jamais duré plus de quelques jours. Pour la première fois, Serena doutait. Un doute léger, mais qui n’en restait pas moins insidieux. Que devaient-ils faire ? Pour eux-deux, pour les Manderly, pour Blancport ? Pour le Nord au sens le plus large ?
« Les nouvelles ne sont pas mauvaises, sans pour autant être bonnes. reprit la Manderly, simplement. Le calme avant la tempête. Tu sais aussi bien que moi que cette sérénité peut être bien trompeuse. »
(c) DΛNDELION
Sam 21 Sep 2024 - 12:24
Torrhen Manderly
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Dragons d'Or : 144
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Un rêve de printemps
@Serena Manderly & Torrhen Manderly
Torrhen resta un long moment à respirer l'air marin sur l'un des quais de Blancport, regardant les marins battant pavillon Manderly, s’affairant sur les navires pour les remettre d'aplomb avant les prochains départs sur les flots et la reprise d'un commerce bien plus intéressant et important quand la météo venait à être plus clémente que lors des longues journées d'hiver. Le Nord avait la réputation de se retrouver bien plus touché par les grands froids, et c'était peu de le dire. Alors même si le vent était encore frais, que les chutes de neige pouvaient encore tomber et qu'elles ne manqueront certainement pas de le faire, il y avait un sentiment de renouveau dans l'air qui était arrivé jusqu'à sa cité maritime. Un instant, il eut l'envie insatiable de monter sur l'un des ponts, de se retrousser ses manches et de participer aux réparations nécessaires, comme un simple compagnon d'équipage. Cependant, c'était une vie à laquelle il était à présent obligé de renoncer. Il avait pris la succession de son père, et de son frère en même temps, dans un moment de crise et de tempête qui n'avait rien à voir avec la rudesse que l'on connaissait dans le Nord. Les Anciens Dieux, les Sept, l'un comme l'autre avaient été bien durs avec la maison Manderly, venant à rappeler auprès d'eux, de nombreux enfants de cette famille, laissant les survivants dans un désespoir sans limite. Se relever n'était pas négociable, et il avait pris immédiatement la place qui lui revenait à présent, mais la douleur, elle, restait là, profondément ancrée dans son cœur, continuant à blesser son âme. Soupirant, il finit par remonter sur son cheval qui l'attendait sur la terre ferme et il ne lui fallut pas longtemps pour pouvoir rentrer au cœur de sa forteresse. A peine eut-il posé pied à terre, que ses deux chiens se précipitèrent vers lui, l'accueillant avec une joie qui venait à le réconforter. Il lui fallait prendre maintenant le chemin de son bureau, de son antre de travail, lui qui aimait vivre à l'air libre, il détestait cet endroit de toutes ses forces. Le fantôme de son père semblait encore hanter les lieux, comme s'il se cachait dans un coin de la pièce et qu'il venait à le surveiller dans ses moindres faits et gestes, lui rappelant qu'il n'avait peut-être pas été élevé dans l'idée de gérer un domaine, une famille, un peuple, mais qu'il n'avait pas le droit de faillir à sa tâche. « Endurer et perdurer. » Soupira-t-il.
A peine eut-il plongé sa tête dans les documents qui se trouvaient sous ses yeux, que sa femme fit son apparition dans la pièce. Il la regarda amoureusement, comme à chaque fois qu'elle pénétrait dans son champ de vision et observa ses petites mimiques avant qu'elle ne lui donne le feuillet qu'elle tenait dans la main. Il se concentra sur les mots écrits, annonçant enfin le retour du printemps. L'hiver avait été terriblement aussi bien pour les corps que pour les cœurs. Les terres étaient recouvertes d'une couche de neige si épaisse que rien n'avait pu pousser depuis des mois et des mois. Déjà qu'il n'était pas évident d'obtenir quelques choses des terres nordiennes, mais les longs hivers venaient à rendre la structure toute entière encore plus fragiles. Et certains avaient été endeuillés au-delà du simple courroux du froid. Le printemps était un temps de renouveau et c'était, il espérait, un renouveau qui ne serait pas seulement au bénéfice de la nature. Torrhen redressa son visage pour observer Serena, qui était, malgré cette nouvelle appréciable, si sérieuse. Il s'installa dans le fond de son siège et la regarda dans les yeux. « Je n'aime pas quand tu dis ce genre de choses … On aurait pu prendre quelques secondes pour se réjouir avant de replonger immédiatement dans les affres du devoir et des obligations que nous confie ce titre. » Il eut un pauvre sourire, car il savait parfaitement que son épouse avait raison autant sur la forme que sur le fond. « Le retour du printemps ne peut pas cacher pour autant ce qu'il se passe, que ce soit ici ou ailleurs. L'attentat contre la maison Targaryen aura forcément des répercussions jusque dans le Nord et jusqu'à Blancport … Mais je me doute que tu ne veux pas parler seulement de cela, voir que tu veuilles parler d'autre chose. Alors je t'écoute. »
A peine eut-il plongé sa tête dans les documents qui se trouvaient sous ses yeux, que sa femme fit son apparition dans la pièce. Il la regarda amoureusement, comme à chaque fois qu'elle pénétrait dans son champ de vision et observa ses petites mimiques avant qu'elle ne lui donne le feuillet qu'elle tenait dans la main. Il se concentra sur les mots écrits, annonçant enfin le retour du printemps. L'hiver avait été terriblement aussi bien pour les corps que pour les cœurs. Les terres étaient recouvertes d'une couche de neige si épaisse que rien n'avait pu pousser depuis des mois et des mois. Déjà qu'il n'était pas évident d'obtenir quelques choses des terres nordiennes, mais les longs hivers venaient à rendre la structure toute entière encore plus fragiles. Et certains avaient été endeuillés au-delà du simple courroux du froid. Le printemps était un temps de renouveau et c'était, il espérait, un renouveau qui ne serait pas seulement au bénéfice de la nature. Torrhen redressa son visage pour observer Serena, qui était, malgré cette nouvelle appréciable, si sérieuse. Il s'installa dans le fond de son siège et la regarda dans les yeux. « Je n'aime pas quand tu dis ce genre de choses … On aurait pu prendre quelques secondes pour se réjouir avant de replonger immédiatement dans les affres du devoir et des obligations que nous confie ce titre. » Il eut un pauvre sourire, car il savait parfaitement que son épouse avait raison autant sur la forme que sur le fond. « Le retour du printemps ne peut pas cacher pour autant ce qu'il se passe, que ce soit ici ou ailleurs. L'attentat contre la maison Targaryen aura forcément des répercussions jusque dans le Nord et jusqu'à Blancport … Mais je me doute que tu ne veux pas parler seulement de cela, voir que tu veuilles parler d'autre chose. Alors je t'écoute. »
Laueee
Sam 26 Oct 2024 - 14:08
Serena Manderly
La Sirène à la Hache
Âge du Personnage : 28 ans
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Dragons d'Or : 1130
Un rêve de printemps
@Torrhen Manderly et Serena Manderly
An 132, lune 3
A plus d’un titre, Serena se sentait fort coupable d’être un oiseau de mauvais augure. Elle ne put offrir qu’un sourire gêné à son époux. Avec lui, elle ne portait jamais de masques. Rien ne l’y contraignait, tous deux savaient très bien pourquoi ils s’étaient unis aussi bien devant les Sept que devant les Anciens. Ce printemps n’était qu’une accalmie, un calme trompeur. La jeune femme, bien que connue pour son optimisme, savait faire la part des choses. Lorsque le premier sang aurait coulé, la première attaque fomentée, il faudrait prendre parti ou trouver un moyen de se préserver. Ils ne pouvaient pas laisser l’héritage des Manderly finir en cendres. Pas alors que cette lignée pouvait se targuer d’exister depuis plusieurs millénaires. Que deviendraient leurs gens si la ville venait à souffrir à nouveau de la faim ou de maladie ? Que deviendrait la petite Sigyn, s’il ne lui restait plus que des cendres pour foyer ? On ne pouvait jouer impunément face aux dragons, c’était un fait…
« Je sais, je sais. Serena leva les mains, dans un geste purement théâtral. Mais vois-tu, mon cher époux, telle est notre mission et nous ne pouvons nous y dérober. Je ne sais si les Anciens ou les Sept sont derrière cette quête qui est la nôtre mais par notre simple naissance, et nos douces épousailles, nous sommes contraints de l’accepter. »
Son sourire, jusque-là un peu amer, se fit un peu plus doux. La maladie les avait projeté sur le devant de la scène bien malgré eux. Au-delà du chagrin, ils avaient effectué un grand travail pour assurer que la fin de l’hiver soit tenable, pour que les exportations et les importations persistent même à leur plus petit niveau. Cette organisation, élevée au rang d’art à part entière, leur avait demandé bien des sacrifices. Et ils n’avaient même pas le droit de se réjouir de voir la neige fondre par endroits, se faire moins épaisse. Car le deuil des Targaryens pourrait bien devenir celui de tous dans les lunes à venir. A croire que la saison des rires pour eux avait connu son terme il y a de cela une année.
« Il y a de cela et d’autres choses, en effet. Serena s’appuya davantage contre le dossier de son siège, les jambes désormais croisées dans un simulacre de quiétude. Commençons par le plus visible, si tu le veux bien. Ainsi, nous pourrons tâter l’épaisseur de la glace avant de chausser nos patins et de nous y élancer, si j’ose dire. Les Targaryens sont un problème épineux et même si un roi siège sur le trône de fer, tu sais aussi bien que moi que cela n’empêchera pas les convoitises. Même un grand roi comme Jaehaerys Ier a du faire face à plus d’un intriguant souhaitant voir quelqu’un ceindre sa couronne. Mais pour le moment, ce n’est pas ce qui m’inquiète le plus. »
Ils auraient tout le temps de se rendre compte de l’état des relations entre Dragons sous peu, la Sirène en était persuadée. Jaegar ne tarderait pas à convoquer ses vassaux, que cela soit pour rendre hommage à sa famille ou pour son couronnement. Il était aussi fort probable que leur volière soit bientôt prise d’assaut par des corbeaux venus de ce sud lointain afin de voir s’il n’y avait pas quelques graines à picorer au creux de leur main. Il fallait dire que Blancport était un lieu de choix pour quiconque voudrait prendre pied dans le Nord. La cité portuaire en était la bouche, le principal port et le plus praticable même en mauvaise saison. Il fallait se préparer en conséquence.
« Nous devons parler de Blancport, en premier lieu. Je sais que tu comprendras ce à quoi je fais allusion. Bien sûr, nous risquons de nous retrouver au centre de machinations plus ou moins acceptables, surtout avec notre suzerain qui a voulu voir le Nord se refermer sur lui-même. Plus d’une personne voudra avoir notre oreille, en espérant que cela suffise à voir une nouvelle porte s’ouvrir pour atteindre Winterfell. Pour autant, nous ne devons pas perdre de vue que nos gens ont souffert d’un hiver décidément bien trop long. »
Le printemps ne ferait pas sentir ses effets avant encore un certain temps. Bien sûr, toute amélioration était bon à prendre et Serena était fort heureuse de pouvoir se rendre au bois sacré sans pour autant devoir chausser ses plus épaisses bottes. Pour autant, il faudrait encore plusieurs lunes avant que des semis ne puissent être envisagés. En attendant, leurs efforts n’en seraient pas moins nombreux.
« Nous devons mettre à profil cette trêve inespérée pour faire le point sur nos réserves, sur les dégâts que l’hiver a occasionné sur notre flotte et notre port également. Un recensement dans la ville pourrait également être de bon aloi, si tu veux le fond de ma pensée. Ou au moins nous renseigner auprès des Septons à ce sujet. Personne n’a été épargné par la maladie et une bonne ville est une ville avec des bras forts et des têtes saines. Ainsi, nous pourrons reformer des équipages, relancer nos ateliers car force est de constater que nous ne pourrons pas nous en sortir sans un peu d’aide extérieure. »
Cregan avait l’honneur du Nord dans les veines et pour cela, Serena le respectait grandement. Pour autant, elle ne pouvait imaginer un seul instant que le Nord puisse subsister par lui-même. Pas après un tel hiver. Les premiers accords avec le Val avaient été une bonne chose mais ils restaient toujours bien trop modestes. Cette nouvelle année qui débutait bien funestement devait trouver une suite et une fin plus heureuse. Il le fallait, tel était leur fardeau en tant que protecteurs de Blancport.
« Je sais, je sais. Serena leva les mains, dans un geste purement théâtral. Mais vois-tu, mon cher époux, telle est notre mission et nous ne pouvons nous y dérober. Je ne sais si les Anciens ou les Sept sont derrière cette quête qui est la nôtre mais par notre simple naissance, et nos douces épousailles, nous sommes contraints de l’accepter. »
Son sourire, jusque-là un peu amer, se fit un peu plus doux. La maladie les avait projeté sur le devant de la scène bien malgré eux. Au-delà du chagrin, ils avaient effectué un grand travail pour assurer que la fin de l’hiver soit tenable, pour que les exportations et les importations persistent même à leur plus petit niveau. Cette organisation, élevée au rang d’art à part entière, leur avait demandé bien des sacrifices. Et ils n’avaient même pas le droit de se réjouir de voir la neige fondre par endroits, se faire moins épaisse. Car le deuil des Targaryens pourrait bien devenir celui de tous dans les lunes à venir. A croire que la saison des rires pour eux avait connu son terme il y a de cela une année.
« Il y a de cela et d’autres choses, en effet. Serena s’appuya davantage contre le dossier de son siège, les jambes désormais croisées dans un simulacre de quiétude. Commençons par le plus visible, si tu le veux bien. Ainsi, nous pourrons tâter l’épaisseur de la glace avant de chausser nos patins et de nous y élancer, si j’ose dire. Les Targaryens sont un problème épineux et même si un roi siège sur le trône de fer, tu sais aussi bien que moi que cela n’empêchera pas les convoitises. Même un grand roi comme Jaehaerys Ier a du faire face à plus d’un intriguant souhaitant voir quelqu’un ceindre sa couronne. Mais pour le moment, ce n’est pas ce qui m’inquiète le plus. »
Ils auraient tout le temps de se rendre compte de l’état des relations entre Dragons sous peu, la Sirène en était persuadée. Jaegar ne tarderait pas à convoquer ses vassaux, que cela soit pour rendre hommage à sa famille ou pour son couronnement. Il était aussi fort probable que leur volière soit bientôt prise d’assaut par des corbeaux venus de ce sud lointain afin de voir s’il n’y avait pas quelques graines à picorer au creux de leur main. Il fallait dire que Blancport était un lieu de choix pour quiconque voudrait prendre pied dans le Nord. La cité portuaire en était la bouche, le principal port et le plus praticable même en mauvaise saison. Il fallait se préparer en conséquence.
« Nous devons parler de Blancport, en premier lieu. Je sais que tu comprendras ce à quoi je fais allusion. Bien sûr, nous risquons de nous retrouver au centre de machinations plus ou moins acceptables, surtout avec notre suzerain qui a voulu voir le Nord se refermer sur lui-même. Plus d’une personne voudra avoir notre oreille, en espérant que cela suffise à voir une nouvelle porte s’ouvrir pour atteindre Winterfell. Pour autant, nous ne devons pas perdre de vue que nos gens ont souffert d’un hiver décidément bien trop long. »
Le printemps ne ferait pas sentir ses effets avant encore un certain temps. Bien sûr, toute amélioration était bon à prendre et Serena était fort heureuse de pouvoir se rendre au bois sacré sans pour autant devoir chausser ses plus épaisses bottes. Pour autant, il faudrait encore plusieurs lunes avant que des semis ne puissent être envisagés. En attendant, leurs efforts n’en seraient pas moins nombreux.
« Nous devons mettre à profil cette trêve inespérée pour faire le point sur nos réserves, sur les dégâts que l’hiver a occasionné sur notre flotte et notre port également. Un recensement dans la ville pourrait également être de bon aloi, si tu veux le fond de ma pensée. Ou au moins nous renseigner auprès des Septons à ce sujet. Personne n’a été épargné par la maladie et une bonne ville est une ville avec des bras forts et des têtes saines. Ainsi, nous pourrons reformer des équipages, relancer nos ateliers car force est de constater que nous ne pourrons pas nous en sortir sans un peu d’aide extérieure. »
Cregan avait l’honneur du Nord dans les veines et pour cela, Serena le respectait grandement. Pour autant, elle ne pouvait imaginer un seul instant que le Nord puisse subsister par lui-même. Pas après un tel hiver. Les premiers accords avec le Val avaient été une bonne chose mais ils restaient toujours bien trop modestes. Cette nouvelle année qui débutait bien funestement devait trouver une suite et une fin plus heureuse. Il le fallait, tel était leur fardeau en tant que protecteurs de Blancport.
(c) DΛNDELION
Sam 2 Nov 2024 - 18:44
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