Quand elle vit la forteresse d’Harrenhal, Johanna regretta d’avoir quitté la quiétude de Castral Roc et ses cinq filles pour ce château maudit rempli d’humidité. C’était une place forte, mais surtout un taudis que tous voulaient contrôler. Elle observait son mari regardait avec fascination l’oeuvre détruite d’Harren le Noir, qui au lieu de rappeler la grandeur, était un sérieux rappel de la puissance des dragons. Ils n’étaient rien face à eux, même la pierre ne pouvait protéger des flammes ardentes du dragon. Elle frissonna en passant les portes de ce lieu où tant de personnes étaient mortes, Chenu, Qoherys, Herpivoie, trop de morts violentes pour ne pas croire que ces lieux étaient maudits. Johanna espérait que l’aura de ces lieux ne la contaminerait pas. Jason était trop enjoué pour qu’elle gâche son plaisir, ainsi, elle préféra taire ses états d’âme et sourire pour masquer ce qu’elle ressentait réellement.
La Foire du siècle promettait d’être un événement grandiose. Tous les marchands du monde connu étaient présents, mais Johanna se moquait bien des belles étoffes et produits d’ailleurs, tout ce qui l’intéressait, c’était de renforcer la position de l’Ouest et de tisser des liens. Bien entendu, elle observa les étales bien garnis, mais elle laissa à son mari le loisir de parler commerce de stratégie avec les hommes. Elle finit même par l’abandonner quand elle jugea que c’était convenable pour flâner dans les allées et trouver quelques personnalités importantes avec qui échanger. Johanna était l’atout charme de son mari, une femme intelligente en qui il avait pleinement confiance et la blonde avait vite compris qu’elle pouvait faire des merveilles en toute occasion. Les hommes manœuvraient, mais elle était bien placée pour savoir que c’était les femmes qui possédaient de l’ascendant sur leurs maris. C’était donc auprès des femmes des puissants qu’elle devait se trouver de nouvelles compagnes.

Ses dames de compagnie la suivaient avec dévotion. Johanna avait veillé à s’entourer de personnes dévouées et de certains membres de sa famille qu’elle formait aux affres du pouvoir et à leur future vie de femme mariée. La blonde choisissait ces jeunes filles avec beaucoup d’attention et elle faisait en sorte de leur apporter les armes nécessaires pour affronter l’avenir. Au fur et à mesure de sa promenade, son regard se posa sur un stand de parfum, l’odeur était attrayante et entêtante. Un bon parfum pouvait charmer n’importe quel homme, ainsi se décida-t-elle pour acheter une nouveauté exotique qui ferait succomber son époux. Johanna était en train de sentir les odeurs qu’on lui présentait quand l’une de ses dames lui signala l’arrivée d’Alicent Hightower, l’épouse du prince Viserys Targaryen. Elle remercia la demoiselle pour son œil avisé et la suzeraine de l’Ouest fit en sorte de se montrer à la princesse.

“Princesse” fit-elle d’une voix enjouée tout en faisant les gestes d’usages. “Il y a bien longtemps que nous avons eu l’occasion de nous voir.” continua la blonde dans un sourire. Elle posa son regard sur le stand du parfumeur. “ J’étais en train de choisir un parfum, ce parfumeur de Lys, mais je ne sais guère vers quelle fragrance m’orienter, sauriez-vous en mesure de me conseiller ?” demanda la suzeraine.

Les grands événements avaient pour but de montrer les forces de la famille qui les organisaient, mais pour les autres, c’était aussi le moyen de se montrer et d’étendre son réseau pour mieux satisfaire ses ambitions. Les Lannister étaient puissants au sein de leur région, ils avaient la richesse, une très bonne armée, mais Johanna avait compris que cette abondance d’or suscitait l’inimitié des autres régions. Le discours était le même depuis de nombreuses générations, il faut avoir les Lannister auprès de soi, mais ne comptez pas sur eux. Loren Lannister ne s’était pas rangé du côté du Conquérant et il avait été contraint de ployer le genou. Lyman Lannister s’était rangé du côté de Maegor le Cruel et ce ne fut que bien plus tard que les Lannister abandonnèrent l’usurpateur. Méfiez-vous des Lannister, disait-il. Johanna pouvait encore les entendre murmurer cela dans son dos. Heureusement, la reine Rhaenys avait apporté une ère de stabilité, qui convenait bien à la blonde Lannister.
Ainsi, Johanna comptait bien profiter de la Foire du Siècle, même si la forteresse d’Harrenhal lui inspirait de la crainte, pour étendre ses connaissances et créer de nouvelles amitiés. Alors qu’elle se trouvait face à un stand de parfum venu de Lys, la Lionne vit la princesse de Peyredragon, Alicent Hightower s’approcher. La blonde n’hésita pas et provoqua sa rencontre avec l’une des personnalités les plus importantes du royaume.

“Nos devoirs et ce genre d’événement sont si rares.” répondit la lady tout en souriant. Elle écouta la princesse qui lui proposait un marché, celui de l’aider à trouver un parfum, si elle lui venait en aide pour trouver un cadeau pour sa fille Heleana.
“ J’aime votre vision du parfum.” sourit la Lionne. “ Alors si je souhaite un parfum qui soit le reflet de mon âme, il faudrait quelque chose d’assez fruité, mais aussi qui rappelle la mer. Je viens de Falaise dans l’Ouest et j’ai toujours été proche de l’océan.” réfléchit la blonde tout en observant quelques flacons. Le vendeur leur présenta des échantillons de parfums. Johanna sentit plusieurs fragrances peu communes pour Westeros. Cela lui plaisait, elle n’aimait pas ressembler à toutes les autres femmes, mais le choix n’était pas évident, il y avait beaucoup trop de choix.
“ Quels sont les centres d’intérêt de la princesse Heleana ?” questionna Johanna. “J’ai moi-même des filles, elles nous ont demandé de leur ramener un cadeau et aucune n’a demandé la même chose. J'aurais aimé pouvoir les garder auprès de moi, mais le voyage aurait été long et sans intérêt pour elles.” se confia la blonde. Elle aimait ses filles plus que tout au monde, mais Johanna désirait ardemment pouvoir mettre au monde un fils et donner à Jason l’héritier qu’il attendait depuis tant d’années. Johanna ne comprenait pas pourquoi les dieux ne lui accordaient pas cette grâce, elle était une bonne épouse, un soutien sans faille pour son mari, elle éduquait et rendait heureuses ses filles. Il lui manquait uniquement un fils, elle n’en demandait même plus plusieurs, juste un. La princesse Alicent avait eu de la chance, les dieux lui avaient donnaient une fille, mais elle avait aussi des fils qui consolidaient la lignée de Viserys Targaryen.