Qu'importe le résultat et la finalité de son entretien avec la régente et princesse de Dorne, Aliandra de la maison Martell, Aemond avait besoin de décompresser après ce long trajet et cette entrevue et il n'était qu'un homme. Au diable les bains et la bonne nourriture, il en disposait à sa guise même à Peyredragon, la seule chose qui changeait vraiment d'une région à l'autre n'était pas ce genre de commodités, c'était bien plus profond que ça. Les femmes, les dorniennes étaient réputée pour leur beauté et, de ce qu'il en avait vu pour l'instant, bien que ce fut un échantillon bien particulier puisque pris directement dans le palais princier, il n'était pas déçu pour le moins du monde.

Pourtant, cela ne suffisait pas pour Aemond, il avait des goûts un peu particuliers, il aimait les femmes mûres, pleines d'expériences et de vécus, plus que le côté purement charnel de l'acte, il aimait avoir une présence forte à ses côtés, une présence presque maternelle, lui et son frère était d'ailleurs complètement opposés sur ce plan là et il ne savait pas comment l'expliquer réellement.

Ce n'est qu'après une quinzaine de longues minutes de marche, à déambuler dans les petites allées de Lancehelion, évitant les rayons du soleil auxquels il n'était guère habitués, que le prince Targaryen tomba finalement sur un bordel qui avait l'air assez fréquentable, du moins plus que ceux qu'il avait croisé jusque là. Il aurait pu y pénétrer sans encombres si, au moment de passer la porte, cette dernière n'avait pas été comme propulsée vers lui et son pauvre visage. Un client déçu par les services proposés? Non, simplement une mendiante vu la tenue qu'elle arborait, elle avait simplement dû être expulsée car elle faisait la manche. Le prince l'esquiva comme une pestiférée et entreprit de pénétrer le lupanar.

Étonnamment, il fut interpellé par cette catin dans une langue commune très... Particulière. Elle n'était ni dornienne ni même westerossi. Le sourcil levé, Aemond répondit à cette étrange femme tout en essayant de l'esquiver.

— Je suis exactement là où je veux être femme. Et non, je n'ai pas d'argent pour toi, vezof*."

Par habitude, le dragonnier laissa échapper un mot de Valyrien, sans doute un peu fatigué par les deux jours qu'il avait passé avec la seule compagnie de Vhagar.


*Étrangère

Tout s'était passé très rapidement, dans un excès d'arrogance, Aemond avait sous-estimé le ressentiment de la populace dornienne à l'égard de sa race et plus spécifiquement des Targaryen. La longue chevelure blonde n'avait trompé personne, l'œil en moins avait peut-être joué un rôle aussi. Pour autant qu'il sache, sa venue pourtant n'avait pas été criée sur tout les toits et Vhagar était posée trop loin de la cité pour que n'importe quel citadin s'en rende compte. Une personne mal intentionnée aurait peut-être laissé fuiter l'information.

Une main forte agrippa le bras du borgne alors en pleine discussion, prit au dépourvu. Tiré en arrière, prêt à chavirer, il se rattrapa en saisissant de sa main libre le haut de la porte et remonta le coude de son autre membre supérieur dans le nez de l'agresseur, le cassant sur le coup. Enfin défait de cette emprise, il fit un pas de côté pour éviter la première attaque, la main sur la poignée de son épée, il dégaina et trancha net cette vilaine main et l'arme en son extrémité avant de repousser le manchot d'un chassé du pied.

Ils étaient encore quatre, même pour lui ce n'était pas si simple, surtout dans cette petite ruelle qui d'une, ne laissait pas beaucoup d'amplitude pour ses manœuvres et qui de deux, était une véritable souricière, d'autres assaillants pouvaient sortir de tout les côtés. Cette femme en était d'ailleurs sans doute une, qui avait simplement tentée de lui faire baisser sa garde. Les lames semblaient voler autour de lui, il se contentait pour l'instant d'éviter les attaques, analysant les adversaires restants et les options qu'il avait à disposition.

Les hurlements de la foule mêlées aux cris de douleur du mutilé à terre allaient commencer à attirer de plus en plus de monde, il fallait faire vite. Aemond bloqua une première attaque, une deuxième et une troisième dans une danse martiale assez impressionnante, il était comme un anguille, personne n'arrivait à l'attraper, même lui s'étonnait de cette agilité. La lame du dragon vint caresser la gorge d'un adversaire, la tranchant profondément, le sang gicla sur plusieurs mètres et s'accrocha au sable. Un de ses confrères se jeta sans réfléchir sur le blond, ce fut sa dernière erreur, une frappe verticale lui éclata le crâne. Quand il se retourna les deux derniers prenaient la fuite, conscient qu'ils n'avaient pas le niveau contre un guerrier entraîné depuis sa plus tendre enfance, même éborgné.

Un vêtement se posa sur ses épaules, un châle prêté par la mendiante, son odeur était si douce qu'il l'a soupçonné de l'avoir volé à quelqu'un d'une classe sociale plus élevée. Elle commença à le tirer, prête à le plonger dans le dédale qu'était les faubourgs, mais il n'avait pas d'autres choix, il ne savait pas encore comment il allait présenter ça à la garde puis à Aliandra Martell, il venait de tuer deux, peut-être trois dorniens au bout de dix minutes livré à lui-même.

— Merci... De simples roturiers qui en veulent à ma famille, je ne les connais pas, j'aurai peut-être pu en savoir plus si tu ne m'avais pas amené ici.

Le prince soupira, visiblement agacé par la situation dans laquelle il se trouvait. Il retira le linceul sans le rendre à cette femme, il le fourra à moitié dans sa ceinture et le bloqua de sa main avant de faire glisser son épée dessus pour la nettoyer. Le métal regagna ensuite son fourreau.

— Je t'en aurai un autre femme. Le port? J'ai un moyen de transport autrement plus rapide qu'un navire en tête. Le palais est déjà une meilleure idée, je ne peux pas risquer l'incident diplomatique avec Dorne maintenant. Quoique que sans mon dragon les maisons dorniennes me feraient sans doute assassiner et feront passer ça pour un accident auprès de mon frère.

Aemond préférait encore s'expliquer par lettre avec Aliandra ou au mieux en dehors de la ville, avec Vhagar, pour éviter un quelconque dérapage. Pour l'instant il n'avait été aperçu que par des roturiers et l'événement pouvait encore être oublié s'il quittait la région.

— Tu connais les rues de la ville, amène moi à l'extérieur en évitant un maximum les gardes, tu seras grassement récompensée.

D'un geste précis, le vert retira son cache-œil et ferma la paupière, il fallait éviter les signes ostentatoires pour éviter que la situation se reproduise. Il tendit la main vers le loin, et enjoint son interlocutrice à le guider à travers Lancehelion.