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    Chronicles of Fire and Steel est une uchronie basée sur les ouvrages de George R. R. Martin. Actuellement, nous sommes en An 132, lune 4, 1ère moitié de la lune et notre zone de jeu s'étend de Westeros à Essos. Le forum est interdit aux moins de 16 ans. Dans le staff, vous trouverez trois administrateurs : Aelix, Rhaenyra et Baela. Pour les accompagner, une équipe de choc avec deux modérateurs : Mysaria et Daemon; ainsi qu'une animatrice : Rhaenar. [Staff]
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    Borros Baratheon
    Borros Baratheon
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    Strategic | Self-serving | Uncompromising | Punishing | Power Hungry
    Âge du Personnage : 45 ans
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    I melt and am not  Of stronger earth than others.
    Coriolanus
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    D'abord, il y avait eu le choc de la beauté. La charge d'électricité que chaque fleur suspendue, chaque drap déployé renforçait d'une étrange combinaison de devoir et de douceur.  Là des ramures peintes à la feuille d'or. Ici, des guirlandes de ronces et de rosiers. Pour accomoder les invités, d'interminables tapis tissés de scènes de chasse avaient été allongés sur les sols trop lisses. On avait adorné les murs de pierre, crevant l'uniformité militaire, et les ornements des anciens temps avaient retrouvé, hésitants, leurs places d'autrefois. Dans ce décors plein de promesse, Borros dérangeait. Il perturbait l'évennement. Sous haute tension, il se tenait, insolite, incongru, à son propre mariage.

    Empoignant le bras d'un jeune page, le Mestre se penchait à l'oreille de ce dernier et lui soufflait cette suplique étranglée: "Allez la chercher. Vite."

    Les pas précipités du serviteur firent tourner la tête au jeune Lord qui, du haut de son tabouret, lui adressa un regard féroce, en colère, prêt à la poursuite. Par quel miracle avait-on réussi à le maintenir pendant les essayages, lui, l'incontrolable, sinon par la seule force de son propre dépit? Son immobilisme, s'il arrivait à point nommé pour les couturières qui travaillaient aux dernières retouches de son costume, alarmait gravement ses proches. Soulevant  son poignet, il le présentait, docile, à celle qui s'inquiétait des finitions de sa chemise. Il ne s'agaçait pas de la fraicheur de ses petites mains, et ne prit pas ombrage en les sentant, tremblantes, piquer sa peau de l'aiguille d'argent.

    Déposant son regard circonspect sur le miroir, Borros observait  la silhouette du Mestre dans son reflet. Ses yeux gris questionnaient le profil aquilin, les mains jointes devant lui dans une attitude feinte de patience raisonnée, cette manière particulière qu'il avait de se tenir près de la porte comme si, dans quelque hypothèse douteuse, il comptait, en dernier recours, se dresser lui-même en rempart contre une potentielle echapée de son Suzerain.

    Il secoua négativement sa tête, et soupira avec un air de désapprobation inscrit sur son visage:"Le septième jour de la septième Lune..."

    "Que dites-vous?"

    "Le Septième jour de la septième Lune, je viens seulement de réaliser." Le dos raidi, il accusait la réflection du Mestre dans le miroir. "Je vous savais idiot, mais superstitieux?"

    Comprenant le reproche dans la voix du jeune homme, le disciple de la Citadelle se composa une attitude pleine de résilience et de sagesse. "Vous pensez donc toujours qu'il s'agit d'une mauvaise idée?"

    "Vous pensiez que j'aurai changé d'avis?" assena le brun, vexé. Son ton vibrant et absolu épousait sa contrariété; cette dernière ne se situait plus tant dans la cérémonie à laquelle on le condamnait que dans le soupçon qu'il entretenait contre le Mestre Daniel. Notant le regard inquiet que l'érudit jetait par dessus son épaule, vers le couloir, Borros s'impatienta: "Eh quoi? Vous avez appelé des gardes pour me trainer jusqu'au gibet?" Que manigançait-il encore, cet autre, dans cet art grossier qu'il avait eu de le rabattre vers cette nécessité indésirable?

    "Le chiffre Sept est essentiel à l'Histoire d'Accalmie. " Continua le Mestre qui refusait d'entrer dans le jeu de provocation du Lord."A celle de votre famille. C'était traditionnellement la date des mariages royaux de l'Orage; Ce détail sera apprécié par vos alliés, mais aussi par la Foi."

    "Vous avez certainement le sens du Lustre,"moqua le Seigneur Baratheon, acide.

    Ses épaules crispées forçaient les artisans à de nouveaux ajustements. Les mains s'appuyaient sur son dos, pesantes et soudain inconfortables comme l'eau froide imbibant un manteau déjà lourd. A ses oreilles, le fil glissant dans les coutures était un sifflement rèche, agaçant. Les à-coups répétés du fil que l'on rompait d'un savant et maitrisé geste du poignet accumulaient entre ses côtés des inspirations indisposées. Ma foi, c'est mon linceul que l'on coût! songeait-il, amer. Par dessus tout, l'urgence vitale qu'il lui semblait jouer à cet instant l'irritait profondément. Il soupira longuement en entendant Daniel reprendre la parole.

    "C'est essentiel. " Assura le Mestre.

    "Essentiel à qui?  Vous?" Dénonça-t-il, impatient.

    "Je ne comprends pas, " répondit son interlocuteur avec une fausse docilité et un ton obtus.

    "Vraiment?"

    D'un geste excessif de sa main, Borros écarta les aiguilles que l'on tendait encore dans sa direction. Cherchant à se libérer, il déchira la manche d'une couturière, dont la dentelle rudimentaire s'était prise dans un des boutons de sa veste. La gravité du Mestre lui avait révélé ce qu'il redoutait: cette cérémonie était une façon pour les vassaux de l'Orage de mater leur jeune gouverneur. Mettre au pas le fils de Boremund, couper l'élan féroce de sa nature, le forcer à se trahir dans un mariage pour leur plaire et leur convenir. Il se tourna vers l'homme de sciences, et, descendant du tabouret, il pointa sur lui un doigt accusateur:"Il ne vous suffisait pas de lire mon courier et de prendre ma voix dans vos lettres, il fallait que vous vous immisciez dans mon lit?! Vous êtes bien fier de votre oeuvre, hein?"
    Avant même de le réaliser, il avait supprimé en de grandes enjambées déterminées la distance qui le séparait du Mestre. Ses mains de jeune chasseur, étaux qui s'étaient refermés sur tant de nuques animales, avaient trouvé le chemin du col de ce dernier, saisissant entre ses doigts le drap et la chaine, et repoussant l'homme hors de la pièce. L'homme de lettres était tombé a terre, trébuchant contre la force du garçon qu'il avait mis au monde et qui le toisait de toute sa hauteur tandis que les gardes s'arrangeaient timidement autour de la scène, ignorant quelle attitude adopter contre la fureur du futur marié. La main du Mestre se leva dans un geste d'apaisement, leur signifiant de ne pas intervenir, au risque d'attiser la colère de Borros. Qui plus est, était-il le seul à avoir aperçu du coin de l'oeil, la robe qui était apparue au détour du couloir...


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    Johanna Lannister
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    Jour Blanc



    Johanna Lannister se souvenait encore du jour de ses noces. Elle était encore bien jeune et frêle trop jeune sûrement, mais rien ne pouvait aller à l’encontre d’une union avec les Lannister, pas même l’âge de la jeune épousée. Elle avait eu de la chance, Jason était à peine plus âgé de deux ans et tout aussi expérimenté qu’elle en ce qui concernait les affaires du mariage. Johanna avait été préparée et elle se souvenait encore de la frayeur qu’elle avait ressenti quand sa mère lui avait parlé de la grande affaire. Son jeune esprit avait eu du mal à imaginer la chose, mais heureusement, Jason savait comment s’y prendre et même si les premières fois furent particulièrement désagréables, Johanna avait eu la force de prendre sur elle et de retourner plus tard la situation à son avantage pour y rechercher son plaisir. Quelques conseils et une lecture qui n’aurait jamais dû se trouver entre les mains d’une noble jeune fille, avait fini par la convertir à toutes les diversités que pouvaient offrir la sexualité. En plus, ce n’était pas pour déplaire à Jason, ce qui avait bien arrangé leur ménage.
    Ce jour avait eu lieu voilà six années plus tôt. Johanna se souvenait encore de son ravissement face aux richesses des Lannister, mais encore plus en découvrant son mari. Il était beau et à cette époque, alors qu’elle était encore bien immature, cela lui était suffisant. Heureusement, avec le temps, elle avait appris à aimer les autres qualités de Jason, mais aussi ses défauts. Ces six années avaient transformé la jeune fille. Elle était devenue femme, puis mère. Le temps avait fait son œuvre de Johanna était devenue une personne plus sage, une habile conseillère et la Lionne dont Castral Roc avait besoin. Elle pouvait même se vanter de former avec son mari un duo soudé et même si elle avait appris avec le temps que son mari ne pouvait se contenter d’être l’homme d’une seule femme, elle avait également eu la sagesse d’imposer ses propres règles et d’être l’unique Lionne pour Jason. Bien sûr, elle étranglerait bien les maîtresses de son époux, mais une suzeraine ne pouvait guère se laisser aller à ce genre de bassesse. Elle ne fermait pas pour autant les yeux, mais elle négociait. Les faiblesses de son mari étaient donc devenues sa force.

    C’était une union qui avait conduit les suzerains de l’Ouest dans l’Orage. Il était important d’entretenir des liens avec les autres régions et un mariage était un bon moyen pour créer des liens. En ce septième jour de la septième lune de l’an 107, tous les signes étaient présents pour que l’union entre Borros Baratheon et Elenda Caron soit favorable. Johanna avait laissé derrière elle sa fille Cerelle, née après cinq longues années de mariage, pour lui éviter un voyage pénible et surtout pour qu’elle n’attrape pas une quelconque maladie qui pouvait être si dangereuse pour un jeune enfant. Les doux cheveux blonds et les sourires de son enfant lui manquaient, mais les séparations faisaient parties du lot des suzeraines. Se furent des pas précipités dans le couloir qui sortirent la blonde de ses pensées. On frappa à la porte et quand elle ouvrit, se furent des paroles précipitées qui l’assaillir. La lady sourit et avec le plus grand des calmes, elle conseilla au page d’aller calmer ses nerfs au-dehors.

    Vêtue d’une robe pourpre brodée de fil d’or, elle quitta les appartements qui lui ont été accordé pour rejoindre les lieux qu’on lui avait indiqué. Quand ses pas finirent par l’y conduire, elle ne s’était pas attendue à tomber sur une telle scène. Pour dédramatiser le moment, elle préféra utiliser l’humour qui était le sien depuis toujours.

    “ Les Dothraki trouvent que pour qu’un mariage soit réussi il faut qu’il y ait quatre morts. J’ignorais que vous étiez un fervent partisan de ces coutumes.” fit remarquer la lady avec un sourire aux lèvres, tout en contemplant le chaos qui régnait. Elle observa le pauvre mestre aux prises avec le futur marié, les gardes qui semblaient hésiter entre intervenir ou laisser la situation dégénérer.
    “Allez-vous en.” ordonna la jeune femme aux gardes et au mestre. “Lord Borros vous semblait avoir oublié que vous deviez me faire visiter les extérieurs d’Accalmie. J’ose espérer que vous êtes toujours d’accord, je risque d’être fortement déçue sinon.” ajouta la blonde avec malice tout en posant ses yeux bleus dans le regard de l’homme et sans se départir de son sourire.


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    Borros Baratheon
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    Son regard fixait la figure alarmée du Mestre qui -craignant sans doute que, dans sa rage, le jeune homme ne prit au mot la plaisanterie de la Suzeraine- s'était habilement reculé contre le mur de pierre nue. "Tss," souffla-t-il entre ses dents serrées.

    La voix de Johanna avait rencontré  son oreille avant que son oeil ne rencontre le drap rougeoyant de sa robe. Relevant son regard, il croisait l'expression malicieuse de la jeune femme; il la contemplait avec distance, comme s'il eut rencontré quelque difficulté à se départir de son hostilité, même face à un visage ami. L'ombre d'un sourire frémit pourtant au coin de ses lèvres, plissant l'aile de son nez d'une grimace dépitée. "J'ai promis ça, moi?"cracha-t-il, dédaigneux. Il la confronta ainsi quelques instants avant de décider de lui céder. Puisqu'elle voulait confisquer sa colère, elle l'aurait toute entière! Sans comprendre comme l'émotion brusque infectait ses gestes, il alla à sa rencontre et, lui saisissant le coude, la força à se détourner du triste spectacle qu'il abandonnait derrière lui.
    "Allons-y," ordonna-t-il, sec, avant de jeter un regard par dessus son épaule et de parler d'une voix qui, si elle n'était pas moins basse, se faisait plus sombre dans la confidence: "Pour les extérieurs vous pouvez vous brosser. Ils ne me laisseront pas sortir. Pas aujourd'hui." Bien qu'il entendit que la Lionne n'y avait voulu qu'un prétexte, l'urgence et la lassitude l'avaient poussé à préciser la nature des remparts que l'on élevait autour de son malheur.

    Forçant le rythme de la marche, il la guidait plutôt vers les escaliers. Monumentaux et obscurs, aux marches si longues que la pente disparaissait, imperceptible sous les corps, ces derniers les meneraient aux étages. La lumière rase du matin frappait par la fente horizontale qui courrait le long du mur; elle tranchait l'espace jusqu'au sol où elle venait s'écraser sans s'épanouir. Si l'ouverture était si fine -pas beaucoup plus large qu'une main- c'était pour contrer la force des vents qui se soumettaient, réduits par l'architecture millénaire à un souffle d'enfant qui glissait sur leurs visages. Ce fut à la nature de cette lumière que Borros aperçut, dans le coin de son regard, le profil distingué de la Lady. Le soleil jouait dans l'or blanc de ses cils d'une telle manière qu'il ne put se retenir de remarquer:

    "Vous vous êtes apprétée," Son ton obtus pouvait laisser penser qu'il s'en étonnait agréablement; comme s'il s'était attendu à la voir assister à ses noces en haillons. Il poursuivait plus avant, sardonique: "Vous ne seriez-pas la mariée, par hasard?" Une remarque absurde, mais qu'il ne prononçait pas sans une certaine complainte. Si la belle s'était toujours habilement tenue à l'écart de la séduction, elle lui apparaissait parée d'une grâce renouvelée à ses yeux inquiets, brisés par le serment qu'on lui arracherait bientôt.
    Réalisant finalement qu'il lui tenait toujours le bras comme on amène un prisonnier à sa geole, il laissa glisser sa main le long de sa manche, lui proposant son bras d'une façon dont il convient d'accompagner une Dame. Mais il n'était pas dans sa nature de laisser le choix. Il compléta alors l'entrelacement de son autre main dont il entoura l'avant-bras de la jeune femme, le pressant brièvement entre ses doigts. Pour la maintenir près de lui. Pour goûter ce contact féminin qu'on ne lui imposait pas. Pour la remercier, aussi, d'être venue à lui.

    "Des jours qu'ils me préparent comme un étalon qui va à la saillie." se désolait-il après avoir jeté un regard hostile aux gardes qui les suivaient. "Nous n'avons plus aucune servante -l'avez-vous remarqué?- Parties à la campagne pour visiter leur famille, ah! Comme si elles n'étaient pas toutes nées entre ses murs!" Il prit une profonde inspiration: "Ordre des Caron, voyez-vous," Un pli mauvais infléchissait sa bouche,"Ils ne veulent pas que je contamine leur fille d'une de mes couches. Ces drôles qui la protègent comme si elle était la première vierge de l'histoire du Monde!" gronda-t-il.

    Cette fille, plus agée, lui avait pourtant plu lorsqu'on les avait présentés. Mais désormais que la fatalité s'apprétait à l'enchainer à cette dernière, elle lui apparaissait vieille, pâle et molle comme une vieille fille qui aura trop attendu de céder sa vertue. Envolé l'espoir impossible qui avait soulevé son coeur, et qui avait trouvé en elle un camarade adorable et drôle! Terrassé, aussi, le désir qui lui avait fait se promettre d'éblouir la jeune femme au point qu'elle écouterait avec condescendance les récits de ses amies décrivant ces premières nuits inconfortables dans les bras de leurs époux. Plus que sa réticence physique, il découvrait dans l'idée de faire d'elle sa Suzeraine une terreur sourde et qui le contrariait désagréablement: Elenda était une érudite, en l'épousant, il pressentait la diminution de son pouvoir au coeur de son propre domaine, redoutait l'étiolement de son influence et de n'être plus qu'une arme à jeter sur le champs de bataille au grès des stratégies. Eut-il été en capacité de n'en faire qu'à sa tête que le jeune chevalier aurait vécu sans jamais prononcer les voeux du mariage, se contentant de réclamer à la Reine de légitimer un de ses bâtards. Des fils, j'en ai déjà à leur présenter s'ils le veulent, songeait-il, provocateur, à l'intention de ces vassaux qui entendaient le mater.

    "Johanna, je ne veux pas épouser cette femme." déclara-t-il d'un ton absolu, mais à l'accent étranglé par la réalité de sa situation.

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    Johanna Lannister
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    Malgré l’oeil noir et le ton bourru de Borros Baratheon, Johanna ne perdit pas de sa jovialité. La situation était chaotique et de ce qu’elle comprenait, le futur marié n’était pas du tout enclin à se rendre jusqu’à l’autel pour prendre épouse. La blonde vit que ses paroles avaient fait mouche, même si Borros ne lui accorda que son dédain. L’hospitalité orageoise n’avait jamais été aussi chaleureuse et la Lionne ne s’en formalisa pas. Un sourire amusé répondit simplement à la question de l’homme. Le Mestre pourra la remercier plus tard de l’avoir secouru de cette mauvaise passe. La rage du Cerf était grande et personne n’avait envie de se retrouver entre ses bois.
    “ Nous ferons à votre convenance.” sourit la jeune femme qui se voulait accomodante. Elle trouvait cela extrême que l’on empêche le jeune lord de quitter l’intérieur, mais au vu de la scène qu’elle avait pu observer précédemment, peut-être était-ce justifié. “ Vous me ferez visiter vos extérieurs à un autre moment. Notez le bien cette fois-ci.” fit la blonde tout en conservant un certain amusement dans la voix.  
    Etait-ce l’inquiétude de ses prochaines noces qui avaient mis lord Borros dans cet état ? Probablement. Pourtant, elle avait entendu dire que lady Elenda Caron était une jeune femme exquise et pleine de qualité. De son avis, le jeune homme aurait pu tomber sur bien pire. Johanna préféra ne pas questionner le Cerf, elle ne voulait pas renforcer sa fureur, même si elle doutait qu’il saurait se tenir devant elle. L’homme saurait venir à elle et elle apprendrait bien assez tôt la raison de cette violente rage à l’encontre du Mestre.

    Le rythme était soutenu, mais Johanna ne s’en formalisa pas, elle se laissa entraîner vers les escaliers obscurs d’Accalmie. La poigne de Borros était certaine, mais la blonde ne fit aucune remarque. Le lieu était très différent de Castral Roc. Johanna n’avait guère le temps d’observer les lieux, mais elle se laissa conduire tout en pensant que cette demeure appartenait autrefois à un souverain qui n’avait pas le nom de Baratheon. La Conquête avait rabattu de nombreuses pièces sur l’échiquier de Westeros et si le Cerf pouvait s'enorgueillir d’un tel prestige, c’était uniquement grâce aux Targaryen. Le silence qui s’était imposé entre eux fut coupé par le lord qui commenta sa tenue, tout en lui demandant si elle n’était pas la mariée. Johanna pouffa de rire et se tourna vers le Baratheon.
    “Pourquoi seriez-vous intéressé ? Je suis certaine qu’en utilisant le rite valyrien vous pourriez m’épouser.” répondit la jeune femme. Quel prestige cela serait d’avoir deux époux, un Lannister et un Baratheon, aucune valyrienne n’avait osé jusqu’à maintenant. Toutefois, elle n’était pas valyrienne et la loi des Sept l’avait liée depuis quelques années à Jason. Johanna était pleinement satisfaite de son union.
    Borros sembla remarquer qu’il lui tenait toujours le bras. Un regard extérieur aurait pu penser qu’il était en train d’en faire sa captive. Il glissa sa main et lui proposa le bras. C’était une façon bien plus convenable de conduire une dame à travers les couloirs d’une ancestrale forteresse. En quelques instants, Johanna avait compris la personnalité de lord Borros. Il n’était pas homme qui aimait qu’on lui impose les choses, il aimait le contrôle. Il était un homme sûr de lui et c’était une qualité que la jeune femme appréciait beaucoup, plus tard, le Cerf ferait un excellent suzerain pour l’Orage.

    “ Si vous m’aviez vu les jours précédents mes noces. J’étais à peine femme. Je paraissais si frêle et on m’engonçait dans des parures d’or pour que je paraisse plus vieille que je ne l’étais. Vous avez le sentiment d’être un étalon, j’étais une jument trop jeune qu’on offrait pour conclure la plus grande alliance de l’Ouest.” s’exclama la jeune femme qui s’exprimait pour la première fois sur cette expérience qu’elle avait vécu. Elle ne s’était pas dérobée et jamais elle ne le ferait, ses détracteurs ne l’auraient jamais, même ceux qui lui reprochaient de ne pas encore avoir donné l’héritier tant désiré.
    “ Comme si les Caron n’avaient pas leurs propres bâtards. Qu’est-ce que cela peut bien leur faire que vous détroussiez toutes les servantes d’Accalmie ? Il est heureux que j’ai emporté avec moi mon propre entourage, sinon comment aurais-je pu revêtir cette parure qui fera pâlir la future mariée ?” Il était bien étrange de laisser un homme vivre tel un moine, alors qu’il vaudrait mieux que lord Borros soit en forme pour donner un héritier à sa future épouse.

    L’homme finissait par lâcher les mots qu’il conservait au bout de ses lèvres. Il ne voulait pas épouser Elenda Caron.
    “ J’aimerai vous dire que vous avez encore la possibilité de fuir Borros, mais vous n’avez pas le choix. Dans votre malheur, vous avez la chance d’être un homme. Votre devoir est avant tout envers ces terres que vous allez un jour gouverner. Vous devez avoir un héritier légitime. Visitez votre épouse dans cet objectif. Vous n’êtes pas obligé de l'aimer, ni de vous forcer avec elle. Vous pouvez très bien prendre toutes les maîtresses que vous voulez. Mon époux ne se gêne pas pour le faire.” commenta la jeune femme tout en montrant un certain dédain pour ce dernier point. “C’est votre droit. Le mariage n’est pas la fin de tout, il vous suffira de faire votre propre chemin tout en prenant en compte cette nouvelle condition.” La jeune femme s’était arrêtée et observa l’homme avec un regard rempli de sollicitude. Elle comprenait, même si elle ne pouvait se mettre pleinement à sa place. Il était un homme, elle était une femme et pourtant, en ce qui concernait la question du mariage, les deux sexes étaient égaux en tout point.
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    Borros Baratheon
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    L'Orage avait nettoyé le ciel juste avant le point du jour. Même au sein des entrailles de pierre, l'air chargé des parfums de la terre après la pluie se mélait à l'odeur des cierges qui se consummaient en fumant. A tout cela s'était ajouté les senteurs d'encens comme il en flotte dans toutes les demeures religieuses. Il trainait la même odeur dans les couloirs après les funérailles de son père, se souvenait le jeune Suzerain...
    C'était un jour triste. Son visage était pensif, morose, ennuyé. Même lorsqu'il tenta de réconforter la dame à son bras, il y avait de l'abattement dans sa voix:
    "Je vous ai vue à vos noces. Vous étiez une enfant dans une robe de mariée," commença-t-il, avant de rajouter, quelque peu décontenancé: "Mais vous étiez si belle..." Son ton s'étranglait, étonné d'apprendre les désagréments endurés par la jeune femme, protestant presque par cette dernière remarque comme si la beauté d'une femme était témoin, à ses yeux, de son épanouissement consenti. "Vous avez eu un mariage d'Or, Jason et vous. J'étais si jaloux que j'en ai presque vomi en arrivant à Castral Roc," avoua-t-il sans complexe. Aujourd'hui plus que jamais, les serres de l'envie labouraient ses entrailles, ravageaient ses convictions et son courage. Contre les honneurs presque royaux du mariage Lannister, ses vassaux impressionnés et dociles, il lui semblait opposer un bien triste tableau. Son seul réconfort résidait égoistement dans l'absence de fils pour le couple du Suzerain lion et de sa belle amie- une pensée terrible, mais qu'il soutenait malgré tout, convaincu qu'il était d'avoir pour destin d'engendrer une grappe de fils pour lui succéder à la tête de l'Orage.

    Il aquiesçait avec hauteur lorsque Johanna accusa l'hypocrisie de Serena. On avait fustigé comme une partie des garçons de la noblesse avaient été saisi d'un entrainement, plutot qu'un amour, à imiter les plaisirs du fils d'Accalmie, si généreux en affection d'habitude, et qui, le jour de son mariage, en avait oublié la saveur.
    S'il avait eu le coeur plus joyeux, sans doute aurait-il plaisanté sur le risque que prenait la Lannister en lui désignant ainsi ses dames d'atour; Mais il n'en avait pas le goût, ni même l'envie.  La surveillance constante de son lit l'en avait lassé. De plus, il refusait d'heurter la jeune femme, ou de lui manquer de respect alors qu'elle était sa seule consolation. Borros préféra donc s'attaquer à la cible du jour et cracha: "La future mariée si tant est que je l'épouse!" Sa mine, sombre, s'appliquait ensuite à écouter les mots de la jeune femme comme un noyé cherche une main pour le tirer hors de l'eau. Elle lui envoya plutôt ce qui paraissait être une corde lourde et rèche, qui, claquant la surface, frappe le secouru et déchire les paumes qui s'y aggripent. Il renifla, visiblement ennuyé de ce conseil. Il s'arrêtait docilement à ses côtés -quoique de mauvaise grâce- et refusait de la regarder comme pour mieux lui signifier sa déception et la nature son humeur.

    "Mais je l'ai visitée!" protesta-t-il, véhément, avec une grimace de dédain. Avouer sa faute lui était venu avec naturel, après avoir entendu que le digne Suzerain de Castral Roc n'était, en fin de compte, pas si parfait. Il poursuivit plus avant, bousculé dans sa propre confidence:"J'ai voulu aller la voir, hier soir," Et il se gardait bien de préciser que c'était, en réalité, au beau milieu de la nuit, "Elle n'avait pas l'air si pressée de me rencontrer, pas plus que les gardes qui m'ont rabroué. Ils étaient plus sûrs de pouvoir faire la loi entre mes murs que de me laisser voir ma fiancée, ces ordures de Serena!" Son ton, électrique, tremblait de fébrilité. D'omission en euphémisme, il n'avait pas le coeur à s'humilier en racontant, qu'à la verité, il avait, dans un coup de sang nocturne, décidé de poser les termes de son mariage en allant à la mariée avant qu'on ne lui en donna l'autorisation, ou qu'on ne lui en intima l'ordre. Arh, à quoi bon? Songeait-il, défait. Elle comprendra sans que je lui dise, acceptait-il, conscient que Johanna, en témoin souriante et tolérante de ses écarts, le connaissait mieux que ces paroles qu'il tentait de couvrir d'un peu de dignité.
    Il tourna finalement son regard vers elle, avec un air désolé et obtus. Il détestait entendre de sa bouche la finalité de son malheur.
    "Je n'ai pas besoin d'une épouse pour gouverner," Assura-t-il, déterminé. "Je suis jeune, et j'ai fait preuve de ma capacité à engendrer des fils... Parfois je me demande si cette hystérie collective à mon égard ne camoufle pas plutôt la volonté des Caron de s'assurer la meilleure place à la table d'Accalmie!" Serena avait en effet été le porte voix de cet élan puritain qui, en bourrasque soudaine, s'était mis à dénoncer les aventures du jeune Lord Baratheon. Hypocrites, mille fois hypocrites! grondait Borros qui se souvenait bien de ces familles plus humbles, ou plus nobles encore que les Caron, qui, averties de sa nature, avaient donné quelque latitude à leurs filles pour approcher le jeune cerf dans l'espoir curieux qu'un accident -peut-etre- pourrait celler l'avenir de leur maison à l'ombre d'Accalmie.

    Or Borros préférait son intimité au pouvoir. Que l'on entendit lui retirer ne serait-ce qu'une once de liberté dans ce domaine de sa vie le soulevait d'un profond sentiment de révolte. "Je ne suis pas Jason, Johanna," expliqua-t-il presque avec patience. "La résignation est une affaire de femme, ou celle des hommes blasés. Je ne suis ni l'un ni l'autre." Il la regardait, commençait à sentir le poids et la sincérité de sa solicitude. Il devinait dans ses conseils la trace de son propre parcours, celle de son histoire depuis Jason. Elle avait en effet su prendre de l'envergure depuis ses noces, et son influence grandissante se discutait avec enthousiasme et sérieux. Il soupira: "Vous affirmez que je ne suis pas obligé de l'aimer, comme si vous abandonniez à mes soins un chien trouvé sur la route que j'abandonnerai aux cuisines, m'en étant aussitôt lassé. Je ne sais pas faire ça. Regarder. Tolérer. Supporter. Ignorer. Je n'ai pas ce genre de femme dans ma vie, et je ne compte pas les connaitre." Il avait un ton définitif, mais sensible, qui traduisait le ressenti de celui qui a eu le luxe de vivre ses amours sans entraves, avec courage et dévouement, loin du terne compromis qu'on lui proposait d'accepter. Désirant se faire comprendre, il retournait la conversation vers sa jeune amie, l'accusant presque:"Souffrez-vous, de le savoir avec d'autres femmes?" L'aimez-vous? Demandait plutôt son regard appuyé.


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