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    Chronicles of Fire and Steel est une uchronie basée sur les ouvrages de George R. R. Martin. Actuellement, nous sommes en An 132, lune 4, 1ère moitié de la lune et notre zone de jeu s'étend de Westeros à Essos. Le forum est interdit aux moins de 16 ans. Dans le staff, vous trouverez trois administrateurs : Aelix, Rhaenyra et Baela. Pour les accompagner, une équipe de choc avec deux modérateurs : Mysaria et Daemon; ainsi qu'une animatrice : Rhaenar. [Staff]
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    Dans leurs racines, les enfants puisent leur force.
    Le Père et la Mère
    Le Père et la Mère
    Dans leurs racines, les enfants puisent leur force.
    Messages : 517
    La fureur de l’hiver éternel
    Annale 20 - An 132,  Lune 4
    Les eaux sombres ont forgé leurs épées, mais c'est le givre du Nord qui brisera leur fer.
    Contrées de l’hiver éternel
    Le vent glacial sifflait entre les pins centenaires, soulevant des tourbillons de neige qui dansaient dans l'air cristallin. Accroupi sur un promontoire rocheux, une ombre fugace chassait sa proie accompagnée de son animal. Sa course poursuite le conduisit près des falaises bordant les flots grondant d’un horizon brumeux. Alors que l’homme parvient à abattre d’un jet de lance sa cible ; son regard se perdit quelqu’un instant dans les lointaines vagues où la mer grise se confondait avec le ciel. Ses yeux perçants, habitués à percer les voiles de la tempête, distinguèrent les premières silhouettes sombres qui se découpaient dans la brume hivernale. Des navires avec des voiles sombres semblaient se dirigeaint droit vers le continent.

    Sans un bruit, le chasseur devint éclaireur et se fondit dans l'ombre des arbres. Ses pas ne laissaient presque aucune trace dans la neige fraîche – un art que son peuple avait perfectionné au fil des générations. La nouvelle devait être transmise au plus vite. Les clans devaient être prévenus. Tormund, de son nom, courut pendant des heures, ses chaussures effleurant à peine la surface immaculée. Il traversa des vallées profondes où les sapins ployaient sous le poids de la neige, gravit des crêtes balayées par des vents violents, se faufila entre les rochers couverts de givre. Son souffle formait des nuages de vapeur dans l'air glacial, mais il ne ralentit pas. Le temps pressait.

    Arrivé à un point de ralliement, le sauvageon s'activa avec des gestes rapides mais précis, sachant que chaque seconde comptait. Le froid mordant engourdissait déjà ses doigts tandis qu'il sortait de sa sacoche en peau de cerf deux silex soigneusement choisis pour leurs arêtes tranchantes. De son autre poche, il tira un morceau de pyrite, trouvé près des montagnes, et de l'amadou précieusement conservé dans un étui en os imperméable. Avec des gestes méthodiques, il creusa la neige jusqu'au sol gelé. La première étape était cruciale : construire un abri parfait contre le vent qui soufflait en rafales. Il disposa des branches de pin en tipi serré, créant un dôme protecteur. Sous cet abri, ses mains expertes assemblèrent une base minutieuse : d'abord un nid d'herbes sèches qu'il avait collectées sous les rochers en surplomb, puis des lamelles d'écorce, si fines qu'elles en étaient presque transparentes. Autour, il disposa en cercles concentriques des brindilles d'épicéa mort, ces branches orangées qui craquaient net entre ses doigts. Les mains tremblantes de froid, il prit position dos au vent. Le plus délicat restait à faire. Tenant fermement le silex dans sa main gauche et la pyrite dans sa droite, il frappa les deux pierres l'une contre l'autre selon un angle précis. Les premières étincelles manquèrent leur cible. Il persévéra, ses doigts de plus en plus raides luttant pour maintenir la précision du geste. Enfin, une étincelle atterrit sur l'amadou. Tormund se pencha immédiatement, abritant la minuscule braise de son corps, soufflant avec une infinie délicatesse pour ne pas l'éteindre. L'amadou commença à rougeoyer. Avec des gestes enclins à une certaine forme de maladresse, il transféra la braise dans son nid d'herbes sèches, continuant à souffler doucement jusqu'à ce qu'une flamme apparaisse.

    En quelques instants, le feu prit, d’abord dans l’écorce puis dans les brindilles d'épicéa. Sur ce feu naissant mais vigoureux, il jeta des branches de sapin vert débarrassé de neige, créant une épaisse fumée blanche qui s'éleva vers le ciel hivernal, premier signal d'une longue chaîne d'alertes qui traverserait bientôt la région.

    Sur la côte, les navires des Fer-nés s'approchaient inexorablement. Leurs proues sculptées fendaient les vagues grises, leurs voiles sombres gonflées par le vent du large. À leur bord, les guerriers les plus redoutés de Westeros s'apprêtaient au combat. Depuis trois ans, les raideurs, sous le commandement de Dalton, n’avait connu la moindre défaite, semant la terreur en Westeros et Essos. Leur puissance était intacte, entière, impeccable.  

    Ce fut le clan des Aigles de Givre qui fut le premier à subir la fureur des Fer-nés. Leur village, Nidneige, s'accrochait aux falaises comme un nid de mouettes, ses huttes de bois et de tourbe à peine visibles sous la neige. Les pêcheurs rentraient à peine leurs dernières prises quand les premiers navires émergèrent de la brume matinale. Le cor d'alarme n'eut pas le temps de retentir plus de deux fois. Les navires des Fer-nés, propulsés par un vent favorable, s'échouèrent sur la plage dans un fracas de bois et d'écume. Leurs guerriers bondirent des navires avec une coordination parfaite, forgée par des années de raids. Le commandant des raideurs qui avaient fait ses armes avec le Kraken rouge était reconnaissable à son armure d'écailles noires et son heaume orné d'un kraken. Il menait personnellement l'assaut.

    Les défenseurs du clan, bien que courageux, furent submergés par la technique implacable des assaillants. Les Fer-nés avançaient en formation de coin, leurs boucliers formant un mur mouvant que ni les flèches ni les lances improvisées ne pouvaient percer. Leurs haches de guerre traçaient des arcs mortels dans l'air glacé, brisant les armes de fortune des villageois comme du bois mort. À la tête de ses hommes, Hardok Drumm était une force de la nature. Sa hache à deux mains fauchait les défenseurs avec une précision destructrice. Trois des meilleurs guerriers du clan tentèrent de l'arrêter. Le premier perdit son bras avant même d'avoir pu lever son arme, le second fut fendu du cou à la taille, et le troisième, malgré sa bravoure, fut décapité d'un seul coup puissant.

    En moins d'une heure, le village était pris. Les Fer-nés, appliquant leur tactique éprouvée, avaient simultanément attaqué les points stratégiques : le hall principal, les réserves de nourriture, et les abris des bateaux. Les survivants du clan furent rassemblés sur la place centrale, où la neige avait pris une teinte écarlate. Hardok fit ériger son étendard - une main squelettique- sur la plus haute hutte du village, marquant sa victoire. Les Fer-nés ne perdirent que sept hommes dans l'assaut, contre plus de cinquante guerriers du clan des Aigles de Givre. Cette victoire éclatante renforça encore leur réputation d'invincibilité. Le soir même, les navires repartaient déjà, leurs cales chargées de butin, laissant derrière eux un village en ruines et une leçon sanglante : nul ne pouvait résister à la fureur des Fer-nés. Du moins songeaient encore les orgueilleux.

    Désormais qu’un point d’attache était sécurisé, ne restait désormais plus qu’à lancer des expéditions. Leurs capitaines, vétérans de cent batailles, observaient la ligne sombre de la forêt avec une confiance tranquille. Cette terre serait bientôt à eux, comme tant d'autres avant elle. Toutefois, ces derniers ne virent pas les yeux qui les observaient depuis les hauteurs. Ils ne remarquèrent pas plus les ombres furtives qui se glissaient entre les arbres, ni n'entendirent le bruissement discret des messagers qui couraient prévenir leurs frères.

    La première attaque survint alors que les Fer-nés progressaient en formation serrée le long d'une vallée encaissée. Une volée de flèches jaillit des sous-bois, fauchant une dizaine d'hommes. Avant même que les survivants ne puissent identifier leurs assaillants, les Sauvageons s'étaient déjà évanouis dans la nature, ne laissant derrière eux que des traces rapidement effacées par la neige qui tombait sans discontinuer. Ce ne fut que le début d'une longue série d'embuscades meurtrières. Les pillards, habitués à avoir l’effet de surprise et aux bataillons peu rangés se trouvèrent désorientés face à cet ennemi invisible qui frappait puis disparaissait. Leurs armures légères, si efficaces dans les combats conventionnels, les laissaient sensibles aux projectiles alors que leur mobilité dans la neige profonde se trouvait réduite. Leurs bottes glissaient sur la glace cachée sous la poudreuse. Un repli obligé fut conduit, mais même de retour dans leur nouvelle base, les évènements ne s’améliorèrent guère.

    La terreur s'installa progressivement dans leurs rangs. Chaque ombre semblait dissimuler un ennemi, chaque bruissement de branche pouvait annoncer une nouvelle attaque. La nuit, les hurlements lointains des loups se mêlaient aux cris des sentinelles égorgées silencieusement. Le froid mordant s'infiltrait sous leurs vêtements, engourdissait leurs membres, sapait leur volonté. Un matin particulièrement glacial, alors qu’une colonne principale s'engageait contre des ennemis, les Sauvageons lancèrent leur plus grande offensive. Des guerriers surgirent de toutes parts, dévalant les pentes enneigées avec une agilité stupéfiante. Leurs cris de guerre résonnèrent contre les parois rocheuses, amplifiant leur nombre déjà considérable.

    Les Fer-nés se retrouvèrent pris au piège. Les Sauvageons, vêtus de fourrures blanches qui les rendaient presque invisibles dans la neige, frappaient avec une précision mortelle. Leurs haches de pierre brisaient les boucliers, leurs lances trouvaient les défauts des armures. Le chaos qui s'ensuivit fut total. Les hommes glissaient dans la neige rougie, leurs armes alourdies par le givre. Les ordres des capitaines se perdaient dans la cacophonie de la bataille.

    Un groupe de Fer-nés tenta une charge désespérée pour briser l'encerclement. Pendant un bref instant, leur férocité légendaire sembla reprendre le dessus. Leurs épées traçaient des arcs mortels dans l'air glacé, leurs cris de guerre couvraient le tumulte du combat. Mais les Sauvageons se contentèrent de s'écarter, laissant leurs ennemis s'épuiser dans la neige profonde avant de contre-attaquer avec une violence renouvelée.

    La bataille dura jusqu'au crépuscule. Quand les derniers rayons du soleil disparurent derrière les montagnes, la vallée était jonchée de corps. Les survivants Fer-nés, traumatisés par cette défaite impensable, battirent en retraite dans le plus grand désordre. Leurs pas pressés les trahissaient dans la neige fraîche, permettant aux Sauvageons de continuer leur harcèlement tout au long de leur retraite vers la côte.

    Les navires qui reprirent la mer quelques jours plus tard ne transportaient qu’à peine plus que la moitié des guerriers qui avaient débarqué si fièrement. Le nombre d’esclaves récupérés était un risible et les ressources gaspillées.

    Sur les rivages du Nord, les Sauvageons célébrèrent leur victoire autour de grands feux, leurs chants de triomphe portés par le vent glacial. Tormund, debout sur le même promontoire d'où il avait aperçu les premiers navires, observa les dernières voiles disparaître à l'horizon. Un sourire satisfait éclaira son visage buriné par le froid. Les terres du Nord resteraient libres, protégées par leurs gardiens séculaires : la neige, le froid, et le courage indomptable de son peuple.

    Ainsi s'acheva la première défaite des Fer-nés depuis l'ascension de Dalton au pouvoir. Sur les mille cinq-cent guerriers qui avaient embarqué pour cette expédition, à peine huit cents regagnèrent les Îles de Fer. Les navires qui rentrèrent au port arboraient des voiles déchirées par les vents du Nord, leurs coques portant les cicatrices des récifs traîtres et de l'assaut des glaces. Les visages des survivants étaient marqués par une expérience qu'ils peinaient à mettre en mots.

    Pourtant, cette défaite ne ferait jamais l'objet de chants autre que dans les territoires désolés du grand Nord. Aucun bardes ne conteraient l'histoire de ces fiers guerriers de la mer, vaincus par des ombres dans la neige. Dans les tavernes des Îles de Fer, les langues des survivants restèrent nouées par la honte et peut-être par la peur - car comment décrire un ennemi qu'on n'avait jamais vraiment vu, des adversaires qui semblaient se fondre dans les bourrasques de neige comme des spectres ?

    Seuls les clans du Nord garderaient vivace le souvenir de cette victoire.

    Dans leur précipitation à effacer cette honte, les Fer-nés passèrent à côté d'un détail troublant que leur orgueil les empêcha de voir. Un détail qui aurait dû alarmer tout observateur averti de la politique des terres au-delà du Mur.  Mais cet avertissement se perdit dans le vent septentrional, comme tant d'autres signes que le Sud, dans son arrogance, préférait ignorer.
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